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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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vient.
    — Voulez-vous me dire de quel droit vous vous l’êtes appropriée ? Cela a un nom, « mon cher prince », outre qu’il s’agit aussi d’une dissimulation de pièce à conviction.
    Le ton devenait menaçant mais Aldo n’en avait cure. Maîtrisant de son mieux la colère qui montait, il se fit glacial :
    — Personne n’a jamais osé encore m’appliquer le qualificatif que vous avez dans l’esprit, « mon cher commissaire ». Et je ne me suis pas approprié la Régente. Je suis allé la porter à son légitime propriétaire le prince Félix Youssoupoff qui n’en a pas voulu, m’a demandé de la garder et de la mettre en vente…
    — Et bien entendu le prince n’est pas là pour confirmer vos dires ?
    — Il est en Corse. Ce n’est tout de même pas le bout du monde ? Demandez-le-lui !
    — Je n’y manquerai pas mais ça ne me dit pas pourquoi vous avez décidé une démarche contraire à la loi : la perle devait m’être remise !
    — Et qu’en auriez-vous fait ? Vous l’auriez enfermée dans un coffre d’où elle ne serait sortie qu’aux calendes grecques. Or le désir de Youssoupoff est que le produit de la vente serve à améliorer le sort des malheureux…
    — Elle vient de servir à tuer un homme. Vous trouvez que c’est mieux ?
    Ce fut Lair-Dubreuil qui se chargea de la réponse en tendant le message :
    — Et si j’en crois ceci, elle en tuera d’autres. Alors j’en reviens à ma première question : qu’est-ce que j’en fais ? ajouta-t-il en tirant le joyau de sa poche pour l’offrir sur sa paume étendue.
    Le policier prit le papier, lui jeta un coup d’œil puis l’empocha avant de cueillir la « Régente » qu’il mira un instant sous la lumière crue de la salle :
    — Il manquait à cette histoire un mégalomane ! Et je n’arriverai jamais à comprendre pourquoi, depuis des siècles, on s’est entre-tué pour des objets comme celui-là…
    — Admettez au moins que c’est une merveille ! protesta Maître Lair-Dubreuil atteint dans ses amours secrètes.
    — Oh, je vous le concède !…
    Il prolongea sa contemplation pendant un instant :
    — Les coffres de cette maison sont solides, j’imagine ?
    — Nous possédons ce qui se fait de mieux. Même la Banque de France n’est pas mieux équipée…
    — Alors enfermez-la, cette belle meurtrière, et cela jusqu’à ce que nous réussissions à mettre la main au collet du candidat empereur ! Ensuite nous verrons ce qu’il convient d’en faire car, naturellement, la vente à M. Van Kippert est caduque.
    — L’adjudication a eu lieu. Son héritière peut décider de verser la somme convenue et la prendre.
    — Elle doit avoir d’autres chats à fouetter mais si le fait se produisait, montrez-lui donc le message de Sa Majesté et dites que, quoi qu’il en soit, la France a droit de préemption puisque la perle fait partie des Joyaux de la Couronne.
    — Parfait ! conclut Morosini. Et que faites-vous de moi ? Vous m’arrêtez ou je peux rentrer chez moi ?
    — Ni l’un ni l’autre, « mon cher prince », fit Langlois avec l’ombre d’un sourire. Vous êtes un témoin d’importance et j’ai encore besoin de vous. Alors prenez votre mal en patience et profitez un peu du printemps parisien !
    — Mais j’ai une maison de commerce, une épouse… sans parler de deux enfants !
    — Je suis désolé… mais pourquoi donc la princesse ne vous rejoindrait-elle pas ? Les collections d’été sont paraît-il très réussies. À présent, si vous voulez bien m’excuser, l’enquête commence et je dois voir la famille.
    En le regardant s’éloigner vers le groupe, dans lequel se distinguait Martin Walker, qui entourait le cadavre caché sous une couverture, Aldo espéra, pour le bien de la jeune Muriel, que la famille se compose d’autres membres que du « fiancé ». En se penchant sur la jeune fille qui sanglotait assise un peu plus loin, il se donnait déjà des airs de propriétaire fort déplaisants…
    — Si on rentrait ? proposa Adalbert. Je ne sais pas ce qui m’arrive mais j’ai faim.
    — On peut toujours aller grignoter quelque chose mais, si tu es d’accord, je t’emmène souper ce soir au Schéhérazade.
    — Caviar, vodka, blinis, chachliks et tout ce qui s’ensuit ? Te sentirais-tu saisi par la débauche comme ce pauvre Vauxbrun ?
    — Non. Je voudrais bavarder un peu avec Masha. Elle et ses frères sont partis dans les

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