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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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ne rien comprendre : cette voix est un poème à elle seule…
    — Oh ! Je suis désolé ! Toujours cette manie de faire étalage de mes petits talents…
    — Ne faites pas attention ! Mon humeur tend à la morosité ces temps-ci…
    — Je peux comprendre et je ferai de mon mieux pour vous aider !
    Leurs regards se croisèrent. Ce qu’y lut Aldo lui plut. Il sourit :
    — J’espère ne pas vous donner trop de travail…
     
    En quittant le Schéhérazade aux environs de trois heures du matin, il se sentait réconforté. Vers la fin de la soirée, il avait échangé quelques mots avec Masha. Celle-ci l’avait reçu avec des larmes dans les yeux en lui appliquant pour la première fois le tutoiement qui noue les liens :
    — Il faut que tu me pardonnes ! J’ai peur de t’avoir entraîné dans une affaire non seulement grave mais dangereuse. Le meurtre d’aujourd’hui montre que nous avons devant nous des gens qui ne reculent devant rien…
    — Ne culpabilise pas, Masha Vassilievich ! répondit-il en prenant dans les siennes une main singulièrement froide. Dans mon métier, ces dangers sont fréquents parce que tous les joyaux historiques sont plus ou moins dangereux. J’espère que ma chance tiendra bon !
    — Dieu t’entende ! Mais moi je veux encore te dire ceci : le jour, la nuit, quelle que soit l’heure où tu auras besoin de nous, les Vassilievich ne te feront pas défaut. Mes frères parlent par ma voix. On se battra avec toi !
    Elle l’attira contre sa vaste poitrine et l’embrassa, l’enveloppant d’une odeur d’ambre et d’encens qui sacralisait curieusement cette étreinte. Puis traça sur son front un signe de croix.
    — Merci, murmura Aldo ému. Je ne l’oublierai pas !

Deuxième partie
DU SANG À LA UNE…

CHAPITRE VI
LES INVITÉS DU MAHARADJAH
    Le bureau du commissaire Langlois, quai des Orfèvres, ne lui ressemblait pas en dépit des violettes de Parme, ornement de sa table, qui trempaient dans une attendrissante opaline azurée. Pour le reste, classeurs de carton vert bouteille, meubles d’ébène et moleskine fatigués par les âges, rien ne cadrait avec l’élégant maître des lieux. Si pourtant : un assez joli tapis persan, rouge et bleu, étendu sous le simple bureau occupé surtout par un épais dossier, réchauffait un parquet que l’on ne cirait certainement pas plus d’une fois l’an. Et encore ! L’atmosphère ambiante sentait bien un peu la poussière mais une subtile odeur de tabac anglais la rendait respirable. Aux murs tapissés d’un papier vert foncé à palmettes, une grande carte de Paris et trois ou quatre photos jaunissantes dans des cadres de bois sombre.
    — Les bureaux de la Préfecture ne ressemblent sans doute pas aux vôtres, fit Langlois qui, adossé à un classeur, fumait une courte pipe en examinant son visiteur. Mais, que voulez-vous, la République n’est pas riche. J’ajoute que le tapis est à moi.
    Il portait ce matin-là un costume de serge bleu marine avec une cravate d’un grenat discret. Pour la première fois Morosini remarqua à son revers une petite rosette de la Légion d’honneur.
    — Les fleurs aussi je suppose ? Elles s’épanouissent rarement dans les locaux de la police…
    — Pourtant dans cette pièce il y en a toujours eu et je ne fais que suivre les habitudes de mon prédécesseur qui fut aussi mon maître : le commissaire principal Langevin dont vous voyez ici un portrait. Un grand policier maintenant à la retraite.
    — Oh, je connais M. Langevin !
    Et comme les sourcils de Langlois se relevaient, il expliqua :
    — C’est un vieil ami de ma grand-tante, la marquise de Sommières. Je lui dois même quelques bons conseils dans une affaire difficile. Si vous le voyez, voulez-vous le saluer pour moi ?
    — Je n’y manquerai pas, soyez-en certain. À présent me direz-vous ce qui me vaut votre visite ?
    — Ceci !
    Aldo venait de tirer de sa poche l’écrin de cuir vert dans lequel, chez le commissaire-priseur, on avait logé la « Régente ». Il l’ouvrit et le posa sur le bureau.
    — Je vous l’apporte, soupira-t-il. Faites-en ce que vous voulez !
    Posant sa pipe, Langlois prit l’écrin pour l’approcher de la lumière froide dispensée par la lampe qui éclairait sa table de travail. Puis il saisit doucement la perle par son chapeau de diamants :
    — Quelques grammes de splendeur et tant de sang versé ! C’est à peine croyable.
    — Dans la profession

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