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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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punition…
    — Elle ne vous a pas trahi. Nous sommes amis… et encore !
    — Ce n’est pas beau de renier ainsi ses amours. Elle ne m’a rien laissé ignorer de vos… ébats ! J’avoue que vous avez des excuses. Elle est vraiment belle, n’est-ce pas, et moi je suis un artiste. De cette beauté je peux tirer quelque chose. Une œuvre toute différente. Il faut vous dire que j’ai fait jadis quelques études de chirurgie et que je manie le scalpel comme un maître. Elle le sait d’ailleurs. Écoutez !
    Il dut déplacer l’appareil pour qu’Aldo ne perde rien du long gémissement que la menace arrachait à la malheureuse, mais elle n’articula aucune parole :
    — Je l’ai bâillonnée, expliqua le marquis. Ses cris auraient pu alerter toute la maison. Aldo écoutez, mon cher ! Je vous donne… hum !… trois quarts d’heure pour arriver ici. Au-delà de ce délai je me mettrai au travail. Et, bien entendu, pas question de prévenir la police. Je ne suis pas un homme seul et si l’on s’aperçoit que vous êtes suivi je pourrais précipiter les choses. De toute façon on ne pourrait pas me prendre. Alors dépêchez-vous mon petit bonhomme, si vous voulez que votre belle amie soit encore… appétissante !… Ah, j’allais oublier ! Rapportez-moi donc les bracelets de rubis et l’émeraude d’Ivan le Terrible ! Il n’y aucune raison que je vous en fasse cadeau…
    — Pourquoi les avoir mis chez moi alors ?
    — Pour que vous sachiez qu’il n’y a pas un lieu où je ne puisse entrer et que, d’une manière où d’une autre, vous êtes dans ma main. Alors que décidez-vous ?
    — Je viens !
    Et il raccrocha le téléphone tandis qu’Adalbert reposait l’écouteur dont il s’était emparé.
    — C’est un fou ! fit-il d’une voix blanche.
    — J’ai surtout peur que ce soit un piège, dit Adalbert. Je ne te demande pas si tu vas y aller ?
    — Je n’ai pas le choix. Tu hésiterais, toi ?
    — Non. Va te préparer, je vais chercher cette damnée perle. Mais j’y pense : qu’allons-nous faire de l’ange gardien qui se trempe les pieds de l’autre côté de la rue ?
    — Il y a une solution. Nous sommes à peu près la même taille. Tu vas mettre mes vêtements et sortir pour me débarrasser du policier.
    — Et je l’emmène où ? Au quai des Orfèvres ?
    — Non, fit Aldo traversé par une idée soudaine. Tu vas aller au  Matin . Tu demanderas Martin Walker… et tu lui raconteras l’histoire. Je ne dois pas prévenir la police, mais un journaliste ça peut être aussi efficace qu’un policier et celui-là rêve de rencontrer le fameux Napoléon VI…
    — Entendu ! Je vais chercher ta perle !
    En matière de protection de ses trésors personnels, ceux qui ne demandaient guère de place comme les bijoux, Vidal-Pellicorne avait, depuis longtemps, fait preuve d’imagination. Dans son cabinet de travail, il avait fait installer un coffre-fort plutôt décevant pour un éventuel cambrioleur car il n’y aurait trouvé que des rouleaux de papyrus, des poteries et de menus objets mais aucun qui soit de matière précieuse. En revanche, le principal ornement de son fumoir était une statue d’Osiris sous l’aspect d’un pharaon du Moyen-Empire. Le dieu, en grès épais peint de couleurs ocrées, était représenté assis sur un socle de basalte, vêtu d’une tunique blanche sur laquelle se croisaient ses bras qui, comme le visage et les jambes, étaient noirs, avec d’énormes yeux bicolores. La couronne rouge de Basse-Égypte coiffait sa tête ornée de la barbe osirienne. C’était une œuvre assez impressionnante mais d’une authenticité douteuse. Elle pouvait donner le change à un regard insuffisamment exercé. Adalbert l’avait trouvée dans l’une de ces boutiques du Caire où s’entassent des copies cachant parfois un objet d’époque. Elle l’avait séduite par l’ingénieux mécanisme, à peu près invisible, qui permettait de l’ouvrir. Ainsi le dessus de la couronne, qui ressemblait à une toque de juge surmontée d’une sorte de gouvernail, pouvait se soulever, révélant à l’intérieur de la tête entière un espace appréciable où reposaient de menues statuettes d’or, des boucles d’oreilles, deux pectoraux d’or émaillé orné de turquoises, de cornalines et de lapis-lazuli. La « Régente » les avait rejoints ainsi que l’émeraude.
    Après avoir remis à Aldo le sachet de peau qui les renfermait et les

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