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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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deux enveloppes contenant les bracelets, il y ajouta, sans dire un mot, un revolver peu encombrant, puis endossa le manteau d’alpaga noir, le chapeau et l’écharpe de son ami :
    — J’aurais pourtant bien voulu aller avec toi ! fit-il en lui serrant la main. Fais attention, je t’en prie ! Ce type m’a l’air aussi dangereux qu’un serpent à sonnette !
    — Tu peux être sûr que je ferai de mon mieux.
    Caché à son tour derrière le rideau, Morosini épia la sortie d’Adalbert qui se dirigea vers le boulevard Malesherbes en s’efforçant de copier l’allure nonchalante du prince antiquaire. Il n’avait pas parcouru dix mètres que l’ombre se détachait de la porte cochère et se lançait silencieusement sur trace. Pensant que le chemin était libre à présent Aldo s’enveloppa de son vieux Burberry’s, coiffa une casquette de tweed et quitta l’appartement.
    La rue Jouffroy était bien déserte maintenant. Enfonçant les mains dans ses poches, il partit dans la direction opposée à celle prise par Adalbert, c’est-à-dire vers la place des Ternes. Il lui restait environ une demi-heure pour arriver chez Tania. L’exigence formulée par Agalar de le voir arriver à pied le contrariait. Cela ne lui laissait pas le temps de faire quoi que ce soit : par exemple essayer d’appeler Karloff à son bistrot favori. En traversant l’Étoile il pensa un instant arrêter un taxi pour au moins se faire rapprocher, mais à cette heure avancée il n’en trouva pas et poursuivit son chemin à longues enjambées rapides. Paris, cette nuit, lui offrait un visage hostile, voire inquiétant…
    Quand il entra dans la rue Greuze, sa montre bracelet consultée sous un réverbère lui apprit qu’il lui restait quatre minutes.
    Plus lentement, alors, regardant autour de lui, il avança vers la maison de Tania en s’efforçant de ne pas penser à ceux qu’il aimait, car son sixième sens lui soufflait qu’il allait vers un danger réel, mais, au fond, livrer la grosse perle qui lui causait tant de soucis ne l’attristait pas. Bien au contraire, car même si ce n’était pas la manière qu’il eût choisie, il en serait malgré tout débarrassé et peut-être que le sort funeste qui semblait s’y attacher jouerait contre celui qui allait s’en emparer.
    Il y avait de la lumière aux fenêtres et une grosse limousine était arrêtée à quelques mètres en avant de la porte. Un chauffeur se tenait sur le siège et Aldo pensa qu’il devait faire partie de la bande. Il n’en continua pas moins son chemin, passa près de la voiture. Une portière s’ouvrit devant lui si brusquement qu’elle le frappa de plein fouet. En même temps une main invisible lui assenait sur la nuque un coup violent qui le précipita à terre sans connaissance.
    Un instant plus tard, deux hommes le jetaient sur le tapis de l’arrière, puis ils montèrent. La voiture démarra sans bruit et disparut sous les arbres de l’avenue Henri-Martin…
    Les fenêtres de l’appartement de Tania étaient toujours éclairées…
     
    Pour sa part, Adalbert avait eu plus de chance que son ami. En sortant de la rue Jouffroy, il avait trouvé un taxi en maraude et, sans se soucier du coup de sifflet à roulette qui avait fait surgir comme par magie deux « hirondelles (12)  » pourvues de mollets bien musclés, il s’y était engouffré. Ils n’eurent d’ailleurs pas à forcer l’allure car, sûr de son bon droit, Adalbert n’essaya pas de les semer en se montrant pressé. Mais les rues étant vides on ne mit pas longtemps à atteindre le boulevard Poissonnière où, au coin de la rue du Faubourg du même nom s’élevait l’immeuble du  Matin  enduit d’une belle couleur rouge.
    Comme il l’espérait, l’archéologue trouva Martin au travail : installé devant une machine à écrire haute comme un lutrin, environné des nuages de fumée que sa pipe crachait sans discontinuer, le journaliste concoctait l’un de ces articles à sensation dont il avait le secret. De temps en temps il s’arrêtait pour s’octroyer, au goulot, une rasade d’une canette de bière posée à côté de lui au milieu d’un fatras de papiers. Répartis dans la vaste salle de la rédaction comme des îlots éloignés, deux confrères étaient censés lui tenir compagnie, sauf que l’un dormait les pieds sur son bureau et que l’autre, l’œil extatique, faisait des vers…
    L’arrivée tumultueuse d’Adalbert – car à peine débarqué il

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