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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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sacrés et sous son air de vieille fille timorée, elle est loin d’être idiote…
    — Et comme Aldo et vous êtes devenus ses héros préférés, elle va me faire une vie impossible, mais peut-être efficace. J’ajoute qu’elle aime aussi beaucoup Lisa et les petits…
    Puis le timbre de sa voix baissa presque au murmure :
    — Avez-vous de ses nouvelles ? L’information a bien dû arriver à Venise ?…
    — Je n’en sais rien. Elle n’est pas chez elle en ce moment, mais à Ischl auprès de sa grand-mère…
    — Eh bien, il faut espérer que les montagnes du Salzkammergut ont formé un barrage contre cette abominable nouvelle. Il y a de quoi la rendre folle…
    — Ravagée d’inquiétude, oui, mais folle je ne crois pas. Lisa, en bonne Suissesse, est un caractère solide et elle connaît bien son Aldo. Souvenez-vous du temps où pour devenir sa secrétaire, elle s’était transformée en une sorte de quakeresse hollandaise…
    — C’est bien ça qui me fait peur. Elle a su à peu près tout de sa vie sentimentale de célibataire et, surtout, l’espèce de passion funeste dont il s’était pris pour cette Polonaise qu’il avait été contraint d’épouser.
    — Et vous craignez qu’il ait pris feu une fois de plus ? J’ai peine à y croire…
    — Moi je n’y crois pas ! claironna Marie-Angéline qui revenait, précédant Cyprien, le vieux maître d’hôtel attelé à une table roulante nappée de blanc et chargée d’argenterie, dont il releva les deux côtés pour disposer le couvert.
    — Laissez, Cyprien ! Je vais le faire moi-même. Monsieur Vidal-Pellicorne, vous pouvez parler.
    Ce qu’il fit.
    Tout en parlant il regardait tour à tour ces deux femmes si différentes en dépit du fait qu’elles appartenaient au même monde, désuet en cette ère des années folles, mais qui ne s’y dessinaient qu’avec plus de force. À plus de soixante-quinze ans, Amélie de Sommières était encore une belle vieille femme de haute taille – pas si vieille que ça après tout ! –, qui ressemblait toujours à Sarah Bernhardt, portant comme elle ses cheveux blancs marqués de roux en une sorte de coussin mousseux ombrageant des yeux verts comme de jeunes pousses d’arbre et tout aussi vifs. Elle restait obstinément fidèle à la mode des robes « princesse » chère à la reine Alexandra d’Angleterre, qui mettait en valeur une taille restée mince en dépit du champagne que la marquise s’octroyait chaque soir aux lieu et place du « five o’clock tea ».
    Quant à Marie-Angéline, elle était, la quarantaine dépassée, le prototype de la vieille fille à l’anglaise portant souliers de tennis et casque colonial agrémenté d’un voile dès que l’on atteignait le midi de la France. Silhouette longiligne et nez pointu, elle chaussait de lunettes un regard gris-bleu singulièrement brillant qu’abritait une toison frisée qui l’apparentait à un mouton jaune. Au demeurant intelligente et cultivée, habile dessinatrice, parlant plusieurs langues et versée dans les antiquités presque autant qu’Aldo. Enfin, elle pratiquait avec une belle régularité la gymnastique suédoise et la messe de six heures à l’église Saint-Augustin, qui était pour elle une précieuse mine de renseignements.
    Quand Adalbert eut fini son récit, elle ne posa qu’une seule question :
    — Mais enfin, ce journaliste qui était avec vous l’autre soir, il n’y a vraiment pas moyen de savoir où il est passé ? Son rédacteur en chef devrait en avoir une petite idée.
    — Pas la moindre, mais il paraît que c’est courant chez lui : quand il lui arrive une information qu’il juge intéressante, il prend sa casquette et disparaît pendant des jours sans dire où il va et ramène en général un reportage sensationnel. Il faut attendre.
    — Attendre, attendre ! coupa la marquise. C’est très joli, mais moi je ne suis pas patiente et je voudrais bien revoir mon neveu avant de mourir !
    — Grâce à Dieu, nous ne sommes pas en train de mourir ! s’écria Marie-Angéline en se signant précipitamment. Mais pourquoi ne ferions-nous pas appel à notre vieil ami le commissaire principal Langevin ?
    — Il est à la retraite depuis belle lurette !
    — Ce qui ne l’a jamais empêché de se tenir au courant des affaires les plus importantes. C’est le cas de la nôtre et M. Langevin sait les liens qui nous attachent au prince Morosini…
    M me  de Sommières se leva

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