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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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D’ailleurs, il n’a pas reparu et c’est plutôt inquiétant !
    — C’est bien mon avis, mais cette disparition n’a pas l’air de les inquiéter beaucoup. C’est pourquoi il faut que je parle à cette Marie Raspoutine. Elle peut-être quelque chose à m’apprendre. Mais que faites-vous ?
    En effet, Karloff venait de tourner carrément dans le boulevard sans plus s’occuper de la voiture qui s’en allait, elle, dans une autre direction. Et même, après quelques dizaines de mètres, il se rangea et s’arrêta. Puis il se retourna :
    — Je vous économise de l’argent. Inutile de risquer de se faire repérer : il n’y a qu’à les attendre.
    Puis désignant l’immeuble à porte étroite qui se situait après la cordonnerie devant laquelle on s’était arrêtés :
    — La Raspoutine… ou plutôt la femme Solovieff puisque c’est son nom d’épouse, habite là !
    Adalbert n’insista pas : ce bonhomme paraissait sûr de son affaire. Tirant alors un étui à cigares de sa poche, il en offrit un qui fut accepté avec un plaisir visible :
    — Ah, des « Londrès » ! Il y a longtemps que je n’en ai vu !
    Laissant la glace de séparation ouverte, on se mit à fumer chacun dans son coin, l’un avec béatitude l’autre avec une nervosité croissante. On attendit ainsi un bon quart d’heure et Adalbert commençait à s’inquiéter quand la voiture reparut, s’arrêta devant la maison indiquée. L’un des deux hommes en descendit, fit sortir la jeune femme et l’entraîna dans l’immeuble dont la porte se referma sur eux.
    — Il habite avec elle ? demanda Adalbert.
    — Oui. Je ne sais pas si c’est son amant ou un simple garde du corps, mais il va rester la nuit entière. Et vous avez vu les dimensions du gars ?
    — Ce n’est pas ça qui me tourmente : simplement il est difficile de parler calmement en s’administrant des coups de poing. Il doit bien y avoir un moyen de la voir seule ?
    — Dans la journée, elle vit comme tout le monde, je crois. C’est seulement la nuit qu’on la garde pour éviter sans doute qu’elle ne tombe dans des mains… dangereuses. Que faisons-nous ?
    La voiture, en effet, redémarrait :
    — On va suivre cette charrette ! Le conducteur doit faire partie de la bande. Autant savoir où il va… 
    — C’est comme si c’était fait !
    Et on repartit à travers les rues du Paris nocturne. Chemin faisant, on causa.
    — Comment se fait-il que je vous aie trouvé devant les Folies-Rochechouart et que vous en sachiez si long sur Marie Raspoutine ?
    — Oh, je n’y suis pas tous les soirs. Ça dépend des courses que je fais avec mes clients, mais, quand je le peux, je viens avec l’idée qu’une nuit peut-être il se passera quelque chose qui me mettra sur la voie de l’assassin de Piotr. J’ai essayé une fois de parler avec elle, mais c’est une drôle de femme ! En même temps craintive, méfiante et têtue. Je me suis même demandé si, sous la torture, elle laisserait échapper un mot sur l’homme pour qui elle travaillait la nuit de Saint-Ouen…
    — Et cette voiture ? Vous n’avez jamais tenté de la suivre ?
    — Si, bien sûr, mais je commence à me faire vieux. J’ai des rhumatismes et je ne suis plus aussi solide qu’autrefois. Alors je vous avoue que risquer ma vie – et je ne suis pas seul, il y en a qui ont besoin de moi – pour tomber peut-être dans une embuscade ne me dit vraiment rien.
    Il hésita un instant, puis reprit :
    — Je dois vous dire qu’un soir j’ai pris la piste Jusqu’à la porte Maillot seulement. Quand je l’ai vue plonger dans le plus épais du bois de Boulogne j’ai fait demi-tour…
    — Eh bien, ce soir on ne fera pas demi-tour. Vous êtes armé ?
    — Toujours ! La nuit on ne sait jamais sur qui on tombe et ça, c’est très dissuasif, ajouta Karloff en tirant de dessous son siège un ancien pistolet d’ordonnance.
    — Comme j’ai moi aussi ce qu’il faut, nous voila parés ! s’écria joyeusement Adalbert. En avant toute !
    Suivre une automobile dans des rues désertes sans se faire repérer n’est pas un exercice facile. Le colonel Karloff semblait y exceller, laissant à l’adversaire une distance suffisante pour ne pas attirer son attention. On alla ainsi jusqu’à la porte Maillot encore éclairée par les lumières de Luna-Park et quand la grosse Renault s’engagea dans l’allée menant à Longchamp, le taxi de Karloff s’y glissa à son

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