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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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journaux se baignaient avec délectation dans le sang de Tania et dans la chasse au « prince assassin », dont une mauvaise photo s’efforçait de reproduire les traits…

CHAPITRE VIII
LE CAUCHEMAR
    — C’est à n’y pas croire ! L’histoire la plus insensée, la plus démente, la plus abracadabrante, la plus invraisemblable, la plus incohérente, la plus délirante, la plus… la plus… Donnez-moi un verre d’eau, Plan-Crépin !
    À bout de souffle et d’adjectifs, bien mièvres pour traduire la fureur qui l’habitait, la marquise de Sommières cessa d’arpenter son jardin d’hiver en brandissant un journal froissé et se laissa tomber dans le fauteuil vers lequel on s’efforçait de la guider depuis un moment. Là elle parut reprendre un peu de calme, surtout après avoir bu le verre que lui tendait Marie-Angéline du Plan-Crépin, sa demoiselle de compagnie, cousine éloignée et esclave quotidienne. Elle reprit en même temps du souffle :
    — Aldo ! « Mon » Aldo ! Le prince Morosini descendant d’une des dix familles fondatrices de Venise sur laquelle deux doges de son nom ont régné ! Mon neveu enfin – petit-neveu eût été plus exact ! – soupçonné d’avoir égorgé sa maîtresse avant de prendre la fuite comme un vulgaire marlou qui a fait la peau de sa gonzesse ? Mais où allons-nous ?
    Les dernières paroles furent noyées dans le hoquet horrifié de Marie-Angéline :
    — Oh !… Mais où sommes-nous allée chercher des mots pareils ? s’écria-t-elle employant comme d’habitude la première personne du pluriel quand elle s’adressait à la vieille dame.
    — Chez Francis Carco ! Vous qui êtes en principe ma lectrice, vous n’avez jamais lu Francis Carco ? Vous avez tort c’est un génie ! Voilà un homme qui a une langue vivifiante ! Lisez donc  Jésus la Caille  ! Ça vous dépoussiérera !
    En dépit des heures tragiques vécues par lui depuis le meurtre, Adalbert ne put retenir un éclat de rire qui lui fit grand bien. Ce n’est jamais bon de plonger toujours plus profond dans les ténèbres du désespoir. Il y avait cinq jours à présent qu’Aldo s’était volatilisé – ainsi d’ailleurs que Martin Walker ! – et, en recevant, la veille au soir un télégramme de Nice lui enjoignant de venir chercher « Tante Amélie » à l’arrivée du Train Bleu en gare de Lyon, il avait commencé à éprouver un peu de soulagement. Nul n’était plus dynamique, plus combatif que la vieille dame née sous le Second Empire et dont, souventes fois, il avait pu apprécier l’énergie, le courage et l’humour. Une très grande dame en vérité, cette marquise-là, et le langage des barrières dans sa bouche distinguée n’en était que plus savoureux.
    Elle braqua sur lui un face-à-main serti de petites émeraudes et un regard indigné :
    — Vous trouvez ça drôle ?
    — Oh oui ! Pardonnez-moi ! Mais c’est la première fois qu’il m’arrive de rire depuis…
    — Mon pauvre ami ! C’est à vous de me pardonner ! Venez-vous asseoir près de moi ! ajouta-t-elle en désignant un petit fauteuil en osier garni de coussins de cretonne fleurie qui se trouvait à côté du sien.
    Là elle le regarda mieux :
    — Vous avez une mine à faire peur, mais maintenant que nous voilà tranquilles ici, racontez-moi tout ! Plan-Crépin, allez dire à la cuisine qu’on nous prépare un petit déjeuner convenable. Le café des wagons-lits est imbuvable !
    Marie-Angéline n’avait pas attendu la fin de la phrase. Elle était déjà partie, en courant même tant elle craignait de perdre une miette de ce qu’allait raconter l’archéologue. Ce qui arracha un mince sourire à M me  de Sommières :
    — Attendons qu’elle revienne ! décida-t-elle. Cela m’évitera de répéter. Depuis qu’hier matin elle m’a mis sous le nez cet abominable torchon, elle a entendu sonner en elle toutes les trompettes de la croisade. Elle s’est jetée sur les valises sans attendre que je lui en donne l’ordre et, quand j’ai décidé de rentrer à Paris, elle avait déjà retenu les billets. Elle brûle de se lancer à la recherche d’Aldo, dont elle est persuadée qu’il est captif quelque part. Ou alors elle fait semblant de le croire pour me ménager…
    — J’aurais plutôt confiance dans son jugement et aussi dans son flair. Elle nous a bien souvent donné un fichu coup de main dans l’affaire du Pectoral comme dans celle des Sorts

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