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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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épaisse lèvre supérieure retroussée, sabre
pesant, cotte de mailles, peau de bête qui l’enveloppait.
    — Akemi ! rugit-il en s’approchant
d’elle.
    Il avait beau faire un large
sourire qui découvrait une rangée de dents jaunes et gâtées, le visage d’Akemi
n’exprimait toujours que de l’horreur.
    — Est-ce que ta merveilleuse
maman est chez elle ? demanda-t-il avec une ironie pesante.
    — Oui, répondit-elle d’une
petite voix.
    — Eh bien, en rentrant, je
veux que tu lui fasses une commission. Veux-tu me rendre ce service ?
    Il parlait avec une politesse
feinte.
    — Oui.
    Le ton de sa voix se fit rude :
    — Dis-lui qu’elle n’essaie
pas de toucher de l’argent derrière mon dos. Dis-lui que je passerai bientôt
pour avoir ma part. Compris ?
    Akemi se taisait.
    — ... Elle croit sans doute
que je n’y vois que du feu, mais l’homme à qui elle a vendu la marchandise est
venu tout droit me trouver. Je parie que tu allais toi aussi à Sekigahara,
hein, petite ?
    — Non, bien sûr que non !
protesta-t-elle faiblement.
    — Bon, ça va. Répète-lui
seulement ce que je t’ai dit. Si elle fait encore des siennes, je la chasse de
la région à coups de pied dans le derrière.
    Il considéra un moment la fille
avec des yeux furibonds, puis s’éloigna pesamment vers le marais.
    Takezō détourna les yeux de l’inconnu
qui s’éloignait, et regarda Akemi d’un air inquiet :
    — Qui diable était ce
bonhomme ?
    Akemi, dont les lèvres tremblaient
encore, répondit avec lassitude :
    — Il s’appelle Tsujikazé. Il
est du village de Fuwa.
    Sa voix n’était guère plus qu’un
chuchotement.
    — C’est un pillard, hein ?
    — Oui.
    — Qu’est-ce qui le tracasse
comme ça ?
    Elle se tenait là sans répondre.
    — ... Je ne le répéterai à
personne, lui assura-t-il. Vous est-il même impossible de me le dire ?
    Akemi, visiblement très
malheureuse, avait l’air de chercher ses mots. Soudain, elle se pencha contre
la poitrine de Takezō en le suppliant :
    — Promettez-moi de ne le dire
à personne !
    — A qui le dirais-je ?
Aux samouraïs de Tokugawa ?
    — Vous vous rappelez la nuit
où vous m’avez vue pour la première fois ? A Sekigahara ?
    — Bien sûr, que je me
rappelle.
    — Alors, vous n’avez pas
encore compris ce que je faisais ?
    — Non. Je n’y ai jamais
songé, dit-il sans vergogne.
    — Eh bien, j’étais en train
de voler !
    Elle le scrutait pour juger de sa
réaction.
    — De voler ?
    — Après une bataille, je vais
au champ de bataille prendre des affaires aux soldats morts, sabres, ornements
de fourreaux, sacs d’encens – tout ce que l’on peut vendre.
    A nouveau, elle le regarda en
quête d’un signe de désapprobation, mais son visage n’en trahissait aucun.
    — ... Ça me fait peur,
soupira-t-elle, puis, pratique : Mais nous avons besoin de cet argent pour
vivre, et si je dis que je ne veux pas y aller, Mère se met en fureur.
    Le soleil était encore assez haut
dans le ciel. A la suggestion d’Akemi, Takezō s’assit dans l’herbe. A
travers les pins, ils pouvaient apercevoir la maison, en bas, dans le marais.
    Takezō se fit à lui-même un
signe de tête affirmatif, comme s’il était en train de comprendre quelque
chose. Un peu plus tard, il dit :
    — Alors, cette histoire de
cueillir des herbes dans les montagnes, d’en faire du moxa, tout ça n’était qu’un
mensonge ?
    — Oh ! non. Nous faisons
ça aussi. Mais Mère a de tels goûts de luxe ! Le moxa ne suffirait jamais
à nous faire vivre. Quand mon père était de ce monde, nous habitions la plus
grande maison du village... de tous les sept villages d’Ibuki, même. Nous
avions des tas de domestiques, et Mère portait toujours des affaires
magnifiques.
    — Votre père était marchand ?
    — Oh ! non. Il était le
chef des pillards de l’endroit.
    Les yeux d’Akemi brillaient d’orgueil.
Il était clair qu’ayant cessé de craindre la réaction de Takezō, elle
donnait libre cours à ses véritables sentiments, sa mâchoire et ses petits
poings serrés.
    — ... C’est ce Tsujikazé
Temma – l’homme que nous venons de rencontrer – qui l’a
tué. Du moins, à ce que tout le monde prétend.
    — Vous voulez dire que votre
père a été assassiné ?
    En silence elle fit signe que oui,
et se mit à pleurer malgré elle ; Takezō, tout au fond de lui,
commença de s’attendrir. Au début, il n’avait

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