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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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Jōtarō en trépignant.
    Otsū, appuyée contre un gros
marronnier, donna libre cours à ses larmes. Même son grand amour pour Musashi – un
amour pour lequel elle eût tout sacrifié – était incapable de le
retenir. Elle se sentait perplexe, frustrée, irritée. Elle connaissait le but
de la vie du jeune homme, et savait pourquoi il l’évitait. Elle le savait
depuis la scène du pont de Hanada. Pourtant, elle n’arrivait pas à saisir
pourquoi il la considérait comme un obstacle entre lui-même et son but.
Pourquoi la présence d’Otsū devait-elle affaiblir la résolution de Musashi ?
    Ou bien n’était-ce qu’une excuse ?
La raison véritable était-elle qu’il ne l’aimait pas assez ? Peut-être
était-ce plus plausible. Et pourtant... et pourtant... Otsū en était venue
à comprendre Musashi lorsqu’elle l’avait vu ligoté dans l’arbre au Shippōji.
Elle ne pouvait le croire homme à mentir à une femme. Si elle lui était
indifférente, il le dirait ; mais en réalité, il lui avait déclaré au pont
de Hanada qu’il l’aimait beaucoup. Elle se rappelait ses paroles avec
tristesse.
    En sa qualité d’orpheline, une
certaine froideur l’empêchait de faire confiance à beaucoup de personnes, mais
une fois qu’elle accordait sa confiance à quelqu’un, elle la lui donnait sans
réserve. En cet instant, elle eut le sentiment qu’il n’y avait que Musashi qui
méritât qu’elle vécût pour lui. La trahison de Matahachi lui avait enseigné,
avec rudesse, combien une jeune fille doit être prudente pour juger les hommes.
Mais Musashi n’était pas Matahachi. Non seulement elle avait décidé qu’elle
vivrait pour lui quoi qu’il arrivât, mais elle avait déjà résolu de ne jamais
le regretter.
    Cependant, pourquoi ne lui
avait-il pas dit un seul mot ? C’était plus qu’elle n’en pouvait
supporter. Les feuilles du marronnier frémissaient comme si l’arbre même avait
compris et compati.
    Plus sa colère augmentait, plus
elle aimait Musashi. Que ce fût ou non le destin, elle ne pouvait le dire, mais
son esprit déchiré lui assurait qu’il n’y avait point de véritable vie pour
elle en dehors de cet homme.
    Jōtarō jeta un coup d’œil
sur la route et marmonna :
    — Voilà un prêtre.
    Otsū n’écoutait pas.
    A l’approche de midi, le ciel
était devenu d’un bleu profond, transparent. Le moine qui descendait la pente
au loin paraissait descendre des nuages, et n’avoir pas le moindre lien avec la
terre. En s’approchant du marronnier, il vit Otsū.
    — En voilà, une surprise !
s’exclama-t-il.
    Au son de sa voix, Otsū leva
des yeux gonflés. Stupéfaite, elle cria :
    — Takuan !
    Dans l’état où elle se trouvait,
elle voyait en Takuan Sōhō un sauveur. Elle croyait rêver.
    Si la vue de Takuan surprit Otsū,
celle d’Otsū ne fit pour Takuan que confirmer quelque chose qu’il avait
soupçonné. En réalité, son arrivée n’était ni un hasard, ni un miracle. Takuan
se trouvait de longue date en termes amicaux avec la famille Yagyū ;
ces relations remontaient à l’époque où, jeune moine au Sangen’in du Daitokuji,
ses attributions comprenaient le nettoyage de la cuisine et la préparation du
beurre de haricot.
    A cette époque, le Sangen’in,
alors appelé « Secteur nord » du Daitokuji, était célèbre en tant que
lieu de réunion pour les samouraïs « inhabituels », c’est-à-dire
enclins à la réflexion philosophique sur le sens de la vie et de la mort ;
des hommes qui éprouvaient le besoin d’étudier les questions spirituelles aussi
bien que la technique des arts martiaux. Les samouraïs affluaient là en plus
grand nombre que les moines Zen, ce qui eut pour conséquence de faire passer le
temple pour un foyer de révolte.
    Au nombre de ceux qui venaient
souvent se trouvaient Suzuki Ihaku, le frère du seigneur Kōizumi d’Ise ;
Yagyū Gorōzaemon, l’héritier de la Maison de Yagyū ; et le
frère de Gorōzaemon, Munenori. Munenori s’était vite pris de sympathie
pour Takuan, et depuis lors, les deux hommes étaient demeurés amis. Au cours d’un
certain nombre de visites au château de Koyagyū, Takuan avait rencontré Sekishūsai,
et conçu un grand respect pour le vieillard. Sekishūsai avait également
pris en affection le jeune moine, qu’il jugeait fort prometteur.
    Récemment, Takuan avait fait un
séjour au Nansōji, dans la province d’Izumi, d’où il avait envoyé une
lettre pour demander

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