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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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l’Ouest avaient attaqué ce château dont
deux éléments, ainsi qu’une partie du fossé, avaient subi des dégâts
considérables. Maintenant, non seulement on restaurait le bastion mais encore
on le renforçait pour qu’il surclassât la forteresse de Hideyori à Osaka.
    Vite, mais avec un grand luxe de
détails, l’apprenti guerrier esquissa une vue à vol d’oiseau de tout le
château, et, sur une deuxième page, entreprit de faire un schéma des abords
arrière.
    — Psssttt ! fit
doucement Matahachi.
    Soudain, l’inspecteur des travaux
fut debout derrière le dessinateur. En demi-armure, chaussé de sandales de
paille, il gardait le silence, attendant que l’on s’aperçût de sa présence. Matahachi
éprouva du remords de ne pas l’avoir vu à temps pour donner l’alerte.
Maintenant, il était trop tard.
    Bientôt, l’apprenti guerrier leva
une main pour chasser une mouche de son col trempé de sueur ; ce faisant,
il aperçut l’intrus. Il leva des yeux effrayés ; l’inspecteur, irrité, lui
rendit son regard avant de tendre la main vers le dessin. L’apprenti guerrier
lui saisit le poignet, et se leva d’un bond.
    — Qu’est-ce que vous faites ?
cria-t-il.
    L’inspecteur s’empara du carnet qu’il
brandit.
    — Je voudrais jeter un coup d’œil
là-dessus ! aboya-t-il.
    — Vous n’en avez pas le
droit.
    — Je ne fais que mon service !
    — Vous mêler des affaires des
autres, c’est donc là votre service ?
    — Et pourquoi non ? Y
aurait-il quelque chose que je ne devrais pas voir ?
    — Un balourd comme vous ne
comprendrait pas.
    — Je crois que je ferais
mieux de garder ce carnet.
    — Pas question ! cria l’apprenti
guerrier en saisissant le carnet.
    L’un et l’autre tirèrent dessus,
et le déchirèrent en deux.
    — Attention à ce que vous
faites ! brailla l’inspecteur. Autant vous expliquer une bonne fois, sinon
je vous coffre.
    — De quel droit ? Vous
êtes officier ?
    — Tout juste.
    — De quel groupe ? Aux
ordres de qui ?
    — Ce ne sont pas vos
affaires. Mais autant vous apprendre que j’ai ordre d’interroger par ici tous les
suspects. Qui vous a donné l’autorisation de prendre des croquis ?
    — J’étudie les châteaux et la
géographie. Qu’est-ce qu’il y a de mal à ça ?
    — L’endroit fourmille d’espions
ennemis. Ils ont tous les mêmes excuses. Peu m’importe qui vous êtes. Il va vous
falloir répondre à quelques questions. Suivez-moi !
    — Est-ce que vous m’accuseriez
d’être un criminel ?
    — Contentez-vous de tenir
votre langue et de me suivre.
    — Quelle engeance, que ces
fonctionnaires ! Trop habitués à ce que les gens rampent chaque fois qu’ils
ouvrent leur grande gueule !
    — Ferme la tienne... en route !
    — Essayez donc un peu !
    L’apprenti guerrier ne voulait
rien entendre. La colère gonflait les veines du front de l’inspecteur qui
laissa tomber sa moitié du carnet, la piétina et sortit sa matraque. L’autre
sauta d’un pas en arrière pour améliorer sa position.
    — Si vous refusez de venir,
il va me falloir vous ligoter et vous traîner, dit l’inspecteur.
    Ces mots n’étaient pas sortis de
sa bouche que son adversaire passait à l’action. En hurlant, il empoigna l’inspecteur
d’une main par la nuque, de l’autre par le bas de son armure, puis le traîna
jusqu’à une grosse pierre.
    — Espèce de bon à rien !
cria-t-il, mais trop tard pour être entendu de l’inspecteur, dont le crâne
éclata sur la pierre à la façon d’une pastèque.
    Avec un cri d’horreur, Matahachi
se couvrit la face de ses mains pour la protéger des morceaux qui volaient vers
lui tandis que l’apprenti guerrier retrouvait rapidement son calme.
    Matahachi était épouvanté. Se
pouvait-il que l’homme eût l’habitude d’assassiner avec cette brutalité ?
Ou son sang-froid n’était-il que la détente qui succède à une explosion de
fureur ? Traumatisé jusqu’à la mœlle, il suait à grosses gouttes. Pour
autant qu’il en pouvait juger, l’homme avait à peine atteint la trentaine. Son
visage osseux, brûlé par le soleil, était grêlé ; on eût dit qu’il n’avait
pas de menton, mais cela provenait peut-être de la cicatrice curieusement
creusée d’une profonde entaille de sabre.
    L’apprenti guerrier ne se hâtait
pas de fuir. Il ramassa les fragments déchirés de son carnet. Puis il chercha
tranquillement son chapeau qui s’était envolé

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