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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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col.
    — Hola ! un autre à moi
aussi, et que ça saute ! cria-t-il.
    Croisant la jambe droite sur le
genou gauche, il examina Matahachi des pieds à la tête. Quand il arriva au
visage, il sourit en disant :
    — ... Salut.
    — Salut, répondit Matahachi.
Prenez-en donc une goutte du mien pendant qu’on fait chauffer le vôtre.
    — Merci, dit l’homme en
tendant sa coupe. C’est humiliant de boire, hein ? Je vous ai vu assis ici
avec votre saké, et puis ce doux arôme qui flottait dans l’air m’a tiré jusqu’ici...
par la manche, comme qui dirait.
    D’un trait, il vida sa coupe. Son
genre plaisait à Matahachi. Il paraissait gentil, et il y avait en lui quelque
chose de fougueux. Il était capable de boire, par-dessus le marché ; au
cours des quelques minutes qui suivirent, il vida cinq jarres pendant que
Matahachi prenait son temps avec une seule. Pourtant, il n’était pas ivre.
    — Vous avez l’habitude d’en
boire combien ? demanda Matahachi.
    — Oh ! je ne sais pas,
répondit l’homme avec désinvolture. Dix ou douze jarres, quand je me sens en
forme.
    Ils en vinrent à parler de la
situation politique ; au bout d’un moment, le rōnin haussa les
épaules en disant :
    — ... Qui est ce Ieyasu, de
toute façon ? Quelle absurdité de sa part, que d’ignorer les
revendications de Hideyori, et de s’intituler le « Grand Suzerain » !
Sans Honda Masazumi et quelques autres de ses vieux partisans, qu’est-ce qui
reste ? De la cruauté, de la ruse et une certaine aptitude politique... je
veux dire, tout ce qu’il a c’est un certain flair politique que l’on trouve
rarement chez les militaires... Pour ma part, j’aurais voulu voir gagner Ishida
Mitsunari à Sekigahara, mais il avait trop de noblesse d’âme pour organiser les
daimyōs. Et il n’était pas d’un rang assez élevé.
    Ayant exprimé cette opinion, il
demanda soudain :
    — ... Si Osaka devait se
battre à nouveau contre Edo, vous seriez dans quel camp ?
    Non sans hésitation, Matahachi
répondit :
    — Osaka.
    — Bravo ! s’écria l’homme
en se levant, sa jarre de saké à la main. Vous êtes l’un des nôtres. Ça s’arrose !
Quel fief est-ce que vous ?... Oh ! je suppose que je ne devrais pas
vous poser cette question avant de vous avoir dit qui je suis. Je m’appelle Akakabe
Yasoma. Je suis de Gamō. Peut-être avez-vous entendu parler de Ban Dan’emon.
Je suis l’un de ses bons amis. Nous nous retrouverons un de ces jours. Je suis
également un ami de Susukida Hayato Kanesuke, le distingué général du château d’Osaka.
Nous voyagions ensemble alors qu’il était encore un rōnin. J’ai aussi
rencontré trois ou quatre fois Ono Shurinosuke, mais il est trop lugubre pour
mon goût, même s’il a plus d’influence politique que Kanesuke.
    Il recula, s’arrêta un instant, l’air
de craindre d’en avoir trop dit, puis demanda :
    — ... Qui êtes-vous ?
    Matahachi, sans croire tout ce qu’avait
dit l’homme, eut la vague impression d’être éclipsé temporairement.
    — Avez-vous entendu parler de
Toda Seigen ? demanda-t-il. L’homme qui a créé le style Tomita.
    — Ce nom me dit quelque
chose.
    — Eh bien, j’avais pour
maître le grand et désintéressé ermite Kanemaki Jisai, qui reçut de Seigen le
véritable style Tomita, puis élabora le style Chūjō.
    — Dans ce cas, vous devez
être un authentique escrimeur.
    — Exact, répondit Matahachi
qui commençait à s’amuser.
    — Savez-vous que je m’en
doutais ? dit Yasoma. Votre corps paraît discipliné, et vous avez l’air
capable. Comment vous nommait-on durant votre entraînement auprès de Jisai ?
Je veux dire : si ma question n’est pas trop indiscrète.
    — Je m’appelle Sasaki Kojirō,
répondit Matahachi sans sourciller. Itō Yagorō, le créateur du style
Ittō, est un disciple éminent de la même école.
    — Pas possible ! fit
Yasoma stupéfait.
    Dans un instant de crainte,
Matahachi pensa tout rétracter mais il était trop tard. Déjà Yasoma, agenouillé
par terre, s’inclinait profondément. Impossible de revenir en arrière.
    — ... Pardonnez-moi, répéta-t-il
plusieurs fois. J’ai souvent entendu dire que Sasaki Kojirō était un
magnifique escrimeur, et je dois vous prier de m’excuser de ne pas vous avoir
parlé plus poliment. Mais comment aurais-je pu savoir qui vous étiez ?
    Matahachi fut grandement soulagé.
Si Yasoma avait été un ami ou une relation de

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