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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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Tandis qu’il contemplait les résidences de daimyōs qui
entouraient le grand château, son ambition encore juvénile lui soufflait :
« J’habiterai moi aussi un endroit comme celui-ci... un de ces jours. »
    — ... Allons, dit Yasoma, je
vais voir Kanesuke pour le convaincre de vous engager. Mais d’abord, si nous
parlions un peu argent ?
    — Oh ! bien sûr, dit
Matahachi, comprenant qu’un pot-de-vin était nécessaire.
    Il tira la bourse de son sein, et
s’aperçut qu’elle avait fondu jusqu’au tiers environ de son volume primitif. En
versant tout le contenu dans sa main, il dit :
    — ... Voilà tout ce que j’ai.
C’est suffisant ?
    — Bien sûr, tout à fait
suffisant.
    — Il vous faut quelque chose
pour l’envelopper, hein ?
    — Mais non, mais non.
Kanesuke n’est pas le seul, par ici, à prendre une commission pour trouver un poste
à quelqu’un. Ils le font tous, et sans se cacher le moins du monde. Il n’y a là
rien de gênant.
    Matahachi garda un peu de l’argent ;
mais une fois qu’il eut tendu le reste, il se sentit mal à l’aise. Quand Yasoma
s’éloigna, il le suivit de quelques pas.
    — Faites tout ce que vous
pourrez ! implora-t-il.
    — Ne vous inquiétez pas. S’il
a l’air de vouloir faire des difficultés, je n’ai qu’à garder l’argent et à
vous le rendre. Ce n’est pas le seul homme influent d’Osaka. Il me serait tout
aussi facile de demander l’aide d’Ono ou de Gotō. J’ai des tas de
relations.
    — Quand aurai-je une réponse ?
    — Voyons... Vous pourriez m’attendre,
mais vous ne voudriez tout de même pas faire le pied de grue ici dans ce vent,
n’est-ce pas ? De toute façon, vous risqueriez de paraître suspect.
Revoyons-nous demain.
    — Où ça ?
    — Venez dans ce terrain vague
où l’on donne des spectacles forains.
    — Très bien.
    — Le plus sûr serait de m’attendre
chez le marchand de saké où nous nous sommes rencontrés.
    Une fois qu’ils eurent convenu de
l’heure, Yasoma fit au revoir de la main et franchit fièrement le portail de la
demeure, en roulant des épaules et sans montrer la plus légère hésitation.
Matahachi, dûment impressionné, eut le sentiment que Yasoma devait en effet
connaître Kanesuke depuis l’époque la moins prospère de sa vie. La confiance
lui revint et, cette nuit-là, il fit d’agréables rêves d’avenir.
    A l’heure fixée, Matahachi se
trouvait dans le terrain vague où il dégelait. Comme la veille, le vent était
froid et il y avait beaucoup de monde. Il attendit jusqu’au coucher du soleil,
mais ne vit nulle trace d’Akakabe Yasoma.
    Le jour suivant, Matahachi y
retourna. « Il doit avoir eu un empêchement, songeait-il charitablement,
assis à dévisager la foule des passants. Il viendra aujourd’hui. » Mais de
nouveau le soleil se coucha sans que Yasoma parût.
    Le troisième jour, Matahachi dit
au marchand de saké, un peu timidement :
    — Me revoilà.
    — Vous attendez quelqu’un ?
    — Oui, j’ai rendez-vous avec
un homme appelé Akakabe Yasoma. Je l’ai rencontré ici l’autre jour.
    Matahachi exposa l’affaire en
détail.
    — Cette canaille ?
hoqueta le marchand de saké. Vous voulez dire qu’il vous a promis de vous
trouver un bon poste, et qu’ensuite il vous a volé votre argent ?
    — Il ne l’a pas volé. Je lui
ai donné de l’argent pour qu’il le remette à un homme appelé Susukida Kanesuke.
J’attends ici pour connaître le résultat de l’affaire.
    — Mon pauvre ! Vous
aurez beau l’attendre cent ans, je crois bien que vous ne le reverrez pas.
    — Hein ? Quoi ? Qu’est-ce
qui vous fait dire ça ?
    — Mais voyons, c’est un filou
notoire ! Ce quartier fourmille de parasites comme lui. S’ils aperçoivent
quelqu’un qui ait l’air un peu innocent, ils se jettent dessus. J’ai bien pensé
à vous mettre en garde, mais je ne voulais pas être indiscret. Je croyais que
son aspect et sa façon d’agir vous indiqueraient le genre de personnage qu’il
était. Et voilà que vous avez perdu votre argent. Quel malheur !
    L’homme débordait de sympathie. Il
tenta d’assurer à Matahachi qu’il n’y avait aucune honte à se laisser duper par
les voleurs qui opéraient dans les parages. Mais ce n’était pas la honte qui
troublait Matahachi ; ce qui lui faisait bouillir le sang, c’était de
constater la disparition de son argent, et avec lui de ses grandes espérances.
Réduit à

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