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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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lui
demande ?
    — Je t’en prie, répondit-elle
en souriant pour la première fois. Mais ne le lui demande pas devant moi.
    — Pourquoi non ?
    — Takuan est terrible. Il n’arrête
pas de dire que je souffre de « la maladie de Musashi ».
    — Si Musashi venait, vous
seriez sur pied en un rien de temps, non ?
    — Même toi, il faut que tu
dises des choses pareilles !
    Pourtant, elle semblait
sincèrement heureuse.
    — Jōtarō est là ?
cria l’un des samouraïs de Mitsuhiro.
    — Présent.
    — Takuan veut te voir. Viens
avec moi.
    — Va donc voir ce qu’il veut,
insista Otsū. Et n’oublie pas ce dont nous parlions. Pose-lui la question,
veux-tu ?
    Ses joues pâles rosirent
légèrement cependant qu’elle tirait la couverture à mi-hauteur de son visage.
    Takuan, au salon, causait avec le
seigneur Mitsuhiro. Jōtarō ouvrit avec fracas la porte coulissante,
et dit :
    — Vous vouliez me voir ?
    — Oui. Entre.
    Mitsuhiro considérait l’enfant
avec un sourire indulgent, sans tenir compte de son manque de manières. En s’asseyant,
Jōtarō dit à Takuan :
    — Un prêtre tout pareil à
vous est venu ici, il y un moment. Il disait qu’il était du Nansōji. Je
vais le chercher !
    — Inutile. Je suis au
courant. Il s’est plaint que tu étais un vilain petit garçon.
    — Moi ?
    — Crois-tu qu’il soit
convenable de mettre un hôte dans la grange et de l’y laisser ?
    — Il a dit qu’il voulait
attendre quelque part où il ne serait dans les jambes de personne.
    Mitsuhiro éclata de rire au point
que ses genoux en tremblaient. Reprenant presque aussitôt son sérieux, il
demanda à Takuan :
    — Allez-vous directement à
Tajima sans repasser par Izumi ?
    Le prêtre acquiesça.
    — La lettre est assez
alarmante ; je crois donc que je ferais mieux. Je suis tout prêt. Je
partirai aujourd’hui.
    — Vous vous en allez ?
demanda Jōtarō.
    — Oui ; je dois rentrer
chez moi le plus tôt possible.
    — Pourquoi ?
    — Je viens d’apprendre que ma
mère est très mal.
    — Vous avez une mère, vous ?
    L’enfant n’en croyait pas ses oreilles.
    — Bien sûr.
    — Quand revenez-vous ?
    — Ça dépend de la santé de ma
mère.
    — Qu’est-ce... qu’est-ce que
je vais faire ici sans vous ? bougonna Jōtarō. Est-ce que ça
veut dire que nous ne nous reverrons plus ?
    — Bien sûr que non. Nous nous
reverrons bientôt. J’ai pris des mesures pour que vous deux restiez ici, et je
compte sur toi pour t’occuper d’Otsū. Tâche de la faire cesser de broyer
du noir, et de la guérir. Plus que de médicaments, elle a besoin d’une plus
grande force d’âme.
    — Je ne suis pas assez fort
pour lui donner ça. Elle ne guérira pas tant qu’elle n’aura pas vu Musashi.
    — C’est une malade difficile,
je te l’accorde. Je ne t’envie pas une pareille compagne de voyage.
    — Takuan, où est-ce que vous
avez rencontré Musashi ?
    — Mon Dieu...
    Takuan regarda le seigneur
Mitsuhiro en riant d’un air penaud.
    — Quand est-ce qu’il vient
ici ? Vous avez dit que vous l’amèneriez, et depuis, Otsū ne pense
plus qu’à ça.
    — Musashi ? dit
Mitsuhiro avec désinvolture. N’est-ce pas le rōnin qui se trouvait avec
nous à l’Ōgiya ?
    — Je n’ai pas oublié ce que j’ai
dit à Otsū, répondit Takuan à Jōtarō. En revenant du Daitokuji,
je suis passé chez Kōetsu pour voir si Musashi s’y trouvait. Kōetsu
ne l’a pas revu, et croit qu’il doit encore être à l’Ōgiya. Kōetsu m’a
dit que sa mère était si inquiète qu’elle avait écrit à Yoshino Dayū pour
la prier de lui renvoyer sur-le-champ Musashi.
    — Vraiment ? s’exclama le
seigneur Mitsuhiro en haussant des sourcils mi-surpris mi-envieux. Comme ça, il
est encore avec Yoshino ?
    — Il semblerait que Musashi
ne soit qu’un homme comme tous les autres. Même s’ils paraissent différents
lorsqu’ils sont jeunes, ils se révèlent toujours les mêmes.
    — Yoshino est une curieuse
femme. Que trouve-t-elle donc à ce bretteur mal dégrossi ?
    — Je ne prétends pas la
comprendre. Non plus que je ne comprends Otsū. Moralité : je ne
comprends pas les femmes en général. A mes yeux, elles ont toutes l’air un peu
malades. Quant à Musashi, je suppose qu’il est à peu près temps qu’il en arrive
au printemps de la vie. Sa véritable formation commence maintenant ; espérons
qu’il se mettra bien dans la tête que les femmes

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