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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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un mur haut de trois mètres,
formé de rondins taillés en pointe au sommet. Ayant rencontré ce mur, il le
longea à tâtons mais sans pouvoir trouver de fissure, encore moins de porte.
Comme il faisait demi-tour afin d’éviter l’une des allées, il aperçut une jeune
fille. Leurs yeux se rencontrèrent ; elle l’appela doucement et lui fit
signe de sa délicate main blanche.
    — Vous m’avez appelé ?
demanda-t-il, sur ses gardes.
    Ne déchiffrant pas de mauvaises
intentions sur son visage enduit d’une épaisse couche de poudre, il se
rapprocha un peu.
    — ... Qu’est-ce qu’il y a ?
    — Es-tu le petit garçon qui
est venu à l’Ōgiya demander Miyamoto Musashi ? dit-elle doucement.
    — Oui.
    — Tu t’appelles bien Jōtarō ?
    — Oui.
    — Viens avec moi. Je vais te
conduire à Musashi.
    — Où est-il ? demanda Jōtarō,
redevenu soupçonneux.
    La fille s’arrêta pour expliquer
que Yoshino Dayū, très inquiète au sujet de ce qui s’était passé avec le
serviteur, l’avait envoyée à la recherche de Jōtarō pour le conduire
à l’endroit où se cachait Musashi.
    — Etes-vous la servante de
Yoshino Dayū ? demanda-t-il avec un regard de gratitude.
    — Oui. Et maintenant, tu peux
être tranquille. Si elle prend ton parti, personne au quartier ne te touchera.
    — Mon maître est-il vraiment
là ?
    — S’il n’y était pas,
pourquoi te montrerais-je le chemin ?
    — Qu’est-ce qu’il fait dans
un endroit pareil ?
    — Si tu ouvres la porte de
cette petite ferme, juste en face, tu le verras par toi-même. Et maintenant, il
faut que je retourne à mon ouvrage.
    Elle disparut en silence, au-delà
du bosquet, dans le jardin voisin.
    La ferme semblait trop modeste
pour être le but de sa quête, mais il ne pouvait partir sans s’en assurer. Pour
atteindre une fenêtre latérale, il roula une pierre du jardin en surplomb jusqu’au
mur, se percha dessus et s’écrasa le nez contre la grille en bambou.
    — Il est là ! dit-il en
faisant des efforts pour ne pas révéler par un cri sa présence.
    Il brûlait d’envie de tendre la
main pour toucher son maître. Cela faisait si longtemps !... Musashi
dormait auprès du feu, la tête sur le bras. Jōtarō ne l’avait jamais
vu dans de pareils vêtements : un kimono de soie à grands motifs imprimés,
du genre qu’affectionnaient les jeunes gens élégants de la ville. Une étoffe de
laine rouge était déployée par terre ; dessus, il y avait un pinceau, un
encrier et plusieurs feuilles de papier. Sur une feuille, Musashi avait
esquissé une aubergine ; sur une autre, une tête de poule.
    Jōtarō en fut
impressionné. « Comment peut-il perdre son temps à dessiner ? se
dit-il avec irritation. Il ne sait donc pas qu’Otsū est malade ? »
    Un lourd manteau brodé couvrait à
demi les épaules du jeune homme. C’était sans doute possible un vêtement de
femme ; et ce kimono criard... dégoûtant. Jōtarō percevait une
aura de volupté où se cachait le mal. Comme il était arrivé au Jour de l’An,
une vague d’amère indignation devant les façons corrompues des adultes le
submergea. « Quelque chose ne va pas, se dit-il. Il n’est pas lui-même. »
La contrariété se changea peu à peu en malice : « Je vais lui faire
une de ces peurs !... » songea-t-il. Très doucement, il entreprit de
descendre de la pierre.
    — Jōtarō !
appela Musashi. Qui donc t’a amené ici ?
    L’enfant regarda de nouveau par la
fenêtre. Musashi était toujours couché par terre, mais il avait les yeux
mi-ouverts, et souriait de toutes ses dents. Jōtarō s’élança vers la
façade, entra en trombe par la porte du devant, et sauta au cou de Musashi.
    —  Sensei  !
bredouilla-t-il avec bonheur.
    — Ainsi, te voilà !
    Couché sur le dos, Musashi tendit
les bras et serra contre sa poitrine la tête sale du petit garçon.
    — ... Comment as-tu su que j’étais
ici ? C’est Takuan qui te l’a dit ? Il s’en est passé du temps, hein ?...
    Sans desserrer son étreinte,
Musashi s’assit, Jōtarō, blotti contre le torse chaud qu’il avait
presque oublié, secouait la tête comme un pékinois.
    L’enfant posa la tête sur le genou
du jeune homme, et s’immobilisa.
    — Otsū est malade, au lit.
Vous n’imaginez pas à quel point elle veut vous voir. Elle n’arrête pas de dire
qu’elle irait bien si seulement vous veniez. Une seule fois, c’est tout ce qu’elle
veut.
    — Pauvre

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