Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
Vom Netzwerk:
moitié de l’après-midi appuyé, inconsolable, contre une
colonne de l’entrée.
    A chaque fois, les hommes s’enfonçaient
davantage dans leur marasme. Les langues claquaient de consternation ; les
yeux brillaient de larmes pitoyables.
    Le médecin, sortant d’une pièce du
fond, dit à l’homme de l’entrée :
    — Si je comprends bien, Seijūrō
 n’est pas là. Vous ne savez donc pas où il se trouve ?
    — Non. On le cherche. Il ne
tardera sans doute pas à rentrer.
    Sortie du médecin.
    Devant l’école, sur l’autel
consacré à Hachiman, la bougie luisait sinistrement.
    Nul n’aurait songé à nier que le
fondateur et premier maître, Yoshioka Kempō, était un bien plus grand
homme que Seijūrō ou son frère cadet. Kempō avait débuté dans la
vie comme simple commerçant-teinturier ; mais en répétant sans fin les
mouvements rythmiques de la teinture, il avait inventé un moyen nouveau de
manier le sabre court. Après avoir appris de l’un des plus habiles
prêtres-guerriers de Kurama l’usage de la hallebarde, puis étudié le style d’escrime
de Kyoto, il avait créé un style totalement personnel. Sa technique du sabre court
avait plus tard été adoptée par les Shōguns Ashikaga qui firent de lui
leur maître officiel. Kempō avait été un grand maître, un homme dont la
sagesse égalait le talent.
    Bien que ses fils, Seijūrō
et Denshichirō, eussent reçu une formation aussi rigoureuse que celle de
leur père, ils avaient hérité sa fortune et sa renommée considérables, ce qui,
selon certains, était la cause de leur faiblesse. Seijūrō avait beau
être appelé « Jeune Maître », il n’avait pas atteint véritablement le
niveau d’habileté capable d’attirer un grand nombre de disciples. Les élèves
fréquentaient l’école parce que sous Kempō le style de combat Yoshioka
était devenu si fameux que le simple fait d’entrer dans cette école vous
faisait reconnaître par la société pour un guerrier émérite.
    Après la chute du Shōgunat
Ashikaga, trois décennies auparavant, la Maison de Yoshioka avait cessé de
recevoir une subvention officielle, mais, durant la vie de l’économe Kempō,
elle avait progressivement amoncelé une grosse fortune. En outre, elle
possédait ce vaste établissement sur l’avenue Shijō, avec plus d’élèves qu’aucune
autre école de Kyoto, de loin la plus grande cité du pays. Mais en vérité, la
situation de l’école au niveau le plus élevé du monde de l’escrime n’était qu’apparente.
    Hors de ces grands murs blancs, le
monde avait changé plus que ne le croyait la majorité de ceux qui se trouvaient
à l’intérieur. Depuis des années qu’ils se vantaient, fainéantaient et s’amusaient,
l’époque, ainsi qu’il advient, les avait dépassés. Ce jour-là, leurs yeux
avaient été ouverts par leur honteuse défaite devant un escrimeur inconnu,
débarqué de la campagne.
    Un peu avant midi, l’un des
serviteurs vint au dōjō annoncer qu’un homme appelé Musashi se
trouvait à la porte, et demandait à être reçu. L’on demanda au serviteur quel
genre d’individu c’était ; il répondit qu’il s’agissait d’un rōnin
originaire de Miyamoto dans le Mimasaka, qu’il paraissait vingt et un ou
vingt-deux ans, mesurait environ un mètre quatre-vingts, et avait l’air plutôt
bête. Ses cheveux, qui n’avaient pas connu le peigne depuis un an pour le
moins, étaient liés en arrière, n’importe comment, en touffe roussâtre, et il
portait des vêtements trop sales pour que l’on pût dire s’ils étaient noirs ou
bruns, unis ou non. Le serviteur, tout en admettant qu’il pouvait se tromper,
pensait que l’homme sentait mauvais. Il portait sur le dos l’un de ces sacs en
cuir tressé que l’on surnommait « serviettes du guerrier », ce qui
devait signifier qu’il s’agissait d’un shugyōsha , l’un de ces
samouraïs, si nombreux à l’époque, qui erraient en consacrant toutes leurs
heures de veille à l’étude de l’escrime. Pourtant, l’impression d’ensemble du
serviteur était que ledit Musashi ne se trouvait nullement à sa place dans l’Ecole
Yoshioka.
    Si l’homme n’avait fait que
demander un repas, cela n’aurait posé aucun problème. Mais quand le groupe
apprit que le rustre se présentait au grand portail pour défier au combat le
célèbre Yoshioka Seijūrō, les rires explosèrent. Certains étaient d’avis
de reconduire sans autre forme de procès,

Weitere Kostenlose Bücher