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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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dehors du dōjō !
    — Et alors ? Le Jeune
Maître avait besoin de se changer un peu les idées ; aussi, nous sommes
allés au Kabuki. En voilà des manières, de parler comme ça devant lui !
Pour qui te prends-tu ?
    — A-t-il besoin de découcher
pour voir le Kabuki ? Maître Kempō doit se retourner dans sa tombe.
    — En voilà assez ! cria Tōji
en se jetant sur l’homme.
    Tandis que l’on tentait de séparer
et de calmer les deux adversaires, une voix douloureuse domina légèrement le
bruit de la bagarre :
    — Si le Jeune Maître est de
retour, l’heure n’est plus aux chamailleries. A lui de sauver l’honneur de l’école.
Ce rōnin ne peut repartir vivant d’ici.
    Plusieurs blessés crièrent et
frappèrent du poing par terre. Leur agitation représentait un blâme éloquent
envers ceux qui n’avaient pas affronté le sabre de Musashi.
    Pour les samouraïs de cette
époque, la chose la plus importante au monde était l’honneur. En tant que
classe, ils rivalisaient pratiquement entre eux pour voir qui serait le premier
à mourir pour lui. Jusqu’à une date récente, le gouvernement avait eu trop à
faire avec ses guerres pour mettre au point un système administratif adéquat à
l’intention d’un pays en paix, et même Kyoto ne se trouvait gouverné que par un
ensemble sans consistance de règlements de fortune. Pourtant, l’accent mis sur
l’honneur personnel par la classe des guerriers était respecté aussi bien par
les paysans que par les citadins, et jouait un rôle dans le maintien de la
paix. Un consensus général, concernant l’honorabilité ou non du comportement,
permettait aux gens de se conduire en dépit de lois inadaptées.
    Les hommes de l’Ecole Yoshioka
avaient beau être incultes, ce n’étaient nullement des dégénérés cyniques.
Quand, après le choc initial de la défaite, ils revinrent à eux, la première
chose à laquelle ils pensèrent fut l’honneur. L’honneur de leur école, l’honneur
du maître, leur honneur personnel.
    Mettant de côté les animosités
individuelles, un groupe nombreux se rassembla autour de Seijūrō pour
discuter de ce qu’il convenait de faire. Hélas ! en ce jour précis, Seijūrō
ne se sentait pas d’humeur combative. Au moment où il aurait dû être en pleine
forme, il avait la tête lourde, il était faible, épuisé.
    — Où donc est l’homme ?
demanda-t-il en retroussant les manches de son kimono avec une lanière de cuir.
    — Dans la petite pièce à côté
de la salle de réception, dit un élève en désignant l’autre côté du jardin.
    — Qu’il vienne ! ordonna
Seijūrō.
    Il avait la bouche sèche. Il s’assit
à la place du maître, une petite estrade, et s’apprêta à recevoir le salut de
Musashi. Ayant choisi l’un des sabres de bois que lui présentaient ses
disciples, il le tint verticalement à son côté.
    Trois ou quatre hommes se
disposaient à obéir, quand Tōji et Ryōhei leur dirent d’attendre.
    Il s’ensuivit d’assez longs
chuchotements, hors de portée d’oreille de Seijūrō. Ces conciliabules
se concentraient autour de Tōji et d’autres aînés parmi les élèves de l’école.
Bientôt s’y joignirent des membres de la famille et quelques serviteurs ;
si nombreuse était l’assemblée qu’elle se scinda en groupes. La controverse,
bien qu’animée, fut réglée en un temps assez bref.
    La majorité, non seulement
soucieuse du sort de l’école, mais consciente des lacunes de Seijūrō en
tant que duelliste, conclut qu’il serait peu sage de le laisser affronter
Musashi seul à seul. Avec deux morts et plusieurs blessés, si Seijūrō
 devait perdre, la crise qui menaçait l’école deviendrait d’une extraordinaire
gravité. Le risque était trop grand.
    L’opinion tacite de la plupart des
hommes était que si Denshichirō avait été là, il n’y aurait guère eu de
motif d’inquiétude. De façon générale on estimait qu’il eût été mieux qualifié
que Seijūrō  pour continuer l’œuvre de son père ; mais étant le
second fils et n’exerçant pas de responsabilités importantes, il était d’une
insouciance excessive. Ce matin-là, il avait quitté la maison avec des amis
pour se rendre à Ise, sans même prendre la peine de dire quand il reviendrait.
    Tōji s’approcha de Seijūrō
 en déclarant :
    — Nous sommes arrivés à une
conclusion.
    Tandis que Seijūrō  prêtait
l’oreille au rapport chuchoté, son visage devenait

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