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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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de plus en plus indigné
jusqu’à ce que finalement il étouffât d’une fureur à peine contenue :
    — Le duper ?
    Tōji tenta avec les yeux de
le faire taire, mais impossible :
    — ... Je ne peux rien
accepter de pareil ! C’est lâche. Et si la nouvelle se répandait au-dehors
que l’Ecole Yoshioka avait tellement peur d’un guerrier inconnu qu’elle l’avait
attiré dans un piège ?...
    — Calmez-vous, supplia Tōji,
mais Seijūrō continuait de protester.
    Couvrant sa voix, Tōji dit
très fort :
    — ... Remettez-vous-en à
nous. Nous prenons l’affaire en main.
    Mais Seijūrō  ne voulait
rien entendre :
    — Crois-tu donc que moi,
Yoshioka Seijūrō, je serais vaincu par ce... Musashi, si c’est bien
ainsi qu’il s’appelle ?
    — Oh ! non, là n’est pas
du tout la question, mentit Tōji. Seulement, nous ne voyons pas quel
honneur il y aurait pour vous à le vaincre. Vous êtes d’un rang bien trop élevé
pour accepter le défi d’un vagabond effronté de cette sorte. De toute manière,
il n’y a pas de raison pour que personne, en dehors de cette maison, apprenne
quoi que ce soit de l’affaire. Une seule chose importe : ne pas le laisser
repartir vivant.
    Alors même qu’ils discutaient, le
nombre des hommes qui se trouvaient dans la salle diminuait de plus de moitié.
Silencieux comme des chats, ils disparaissaient dans le jardin, vers la porte
de derrière et dans les pièces intérieures, se fondant presque
imperceptiblement dans les ténèbres.
    — ... Jeune Maître, nous ne
pouvons tarder plus longtemps, dit Tōji avec fermeté, et il souffla la
lampe.
    Il tira à demi son sabre du
fourreau, et releva ses manches de kimono.
    Seijūrō demeurait assis.
Bien que soulagé dans une certaine mesure de n’avoir pas à combattre l’inconnu,
il n’était nullement satisfait. Il devinait que ses disciples avaient une
piètre opinion de ses talents. Il songeait combien il avait négligé de s’exercer
depuis la mort de son père, et cette idée le plongeait dans l’abattement.
    La maison devint aussi froide et
silencieuse que le fond d’un puits. Incapable de rester en place, Seijūrō
se leva et se mit à la fenêtre. A travers les portes tendues de papier de la
chambre que l’on avait donnée à Musashi, il pouvait distinguer la douce lueur
tremblante de la lampe. C’était l’unique lumière de toute la maison.
    Un bon nombre d’autres yeux
guettaient dans la même direction. Les assaillants, leurs sabres devant eux,
par terre, retenaient leur souffle pour percevoir tout bruit capable de leur indiquer
ce que Musashi avait l’intention de faire.
    Tōji, malgré ses défauts,
avait reçu la formation d’un samouraï. Il essayait désespérément de deviner ce
qu’allait faire Musashi. « Il a beau être complètement inconnu dans la
capitale, c’est un grand guerrier. Se peut-il qu’il soit tout simplement assis
en silence dans cette chambre ? Notre approche a été assez discrète, mais
avec tous ces gens qui se pressent dans sa direction, il doit avoir la puce à l’oreille.
N’importe quel apprenti guerrier l’aurait ; sinon, il serait mort à l’heure
qu’il est... Hum, peut-être qu’il s’est assoupi. Je le croirais assez. Après
tout, il attend depuis longtemps... En revanche, il a déjà prouvé qu’il était
malin. Il est probablement debout là-dedans, tout prêt au combat, et il laisse
la lampe allumée pour nous prendre au dépourvu, en attendant le premier homme
qui l’attaquera... Ce doit être ça. Mais oui, c’est ça ! »
    Les hommes étaient nerveux et
circonspects, car leur victime désignée serait tout aussi désireuse de les
tuer. Ils échangeaient des coups d’œil, se demandant à part eux qui serait le
premier à s’élancer pour risquer sa vie.
    Enfin, le rusé Tōji, qui se
trouvait tout près de la chambre de Musashi, cria :
    — Musashi ! Pardon de
vous avoir fait attendre ! Pourrais-je vous voir un instant ?
    Ne recevant pas de réponse, Tōji
conclut que Musashi se trouvait effectivement prêt, dans l’attente de l’attaque.
Tōji se jura de ne pas le laisser échapper ; il fit un signe à droite
et à gauche, puis donna un coup de pied dans le shoji. Délogé par le choc de sa
rainure, le bas de la porte glissa d’environ soixante-dix centimètres à l’intérieur
de la chambre. Au bruit, les hommes qui étaient censés prendre d’assaut la
pièce reculèrent d’un pas sans le vouloir. Mais

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