Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
Vom Netzwerk:
que ça va être la
fin des fleurs de prunier.
    Depuis la vingtaine de jours que
Musashi se trouvait là, il en était venu à se sentir chez lui dans l’auberge.
Il regardait l’arbre, à côté du portail de devant, dont les fleurs roses
avaient réjoui sa vue chaque matin depuis son arrivée. Les pétales jonchaient
la boue.
    En entrant dans la cuisine, il eut
la surprise d’apercevoir le garçon du marchand de saké en tête à tête avec l’aubergiste.
Curieux de ce qu’ils pouvaient bien faire, il se glissa derrière le vieux et
jeta un coup d’œil par-dessus son épaule.
    Jōtarō leva les yeux
vers Musashi, puis se hâta de cacher pinceau et papier derrière son dos.
    — On n’espionne pas les gens
comme ça ! protesta-t-il.
    — Laisse-moi voir, dit
Musashi, taquin.
    — Non, fit Jōtarō
en secouant la tête d’un air intraitable.
    — Allons, montre-moi, dit
Musashi.
    — Seulement si vous m’achetez
du saké.
    — Ah ! c’est donc ça ?
Très bien, je t’en achète.
    — Six décilitres ?
    — Je n’en ai pas besoin de
tant que ça.
    — Trois décilitres ?
    — Encore trop.
    — Alors, combien ? Ne
soyez pas aussi radin !
    — Radin ? Allons, tu
sais bien que je ne suis qu’un pauvre homme d’épée. Crois-tu donc que j’aie de
l’argent à jeter par les fenêtres ?
    — Bon. Je le mesurerai
moi-même ; je vous en donnerai pour votre argent. Mais alors, vous devez
promettre de me raconter des histoires.
    Le marché conclu, Jōtarō
repartit joyeusement sous le déluge. Musashi ramassa la lettre, et la lut. Au
bout de quelques instants, il se tourna vers l’aubergiste et lui demanda :
    — C’est vraiment lui qui a
écrit ça ?
    — Oui. Stupéfiant, non ?
Il a l’air très doué.
    Tandis que Musashi se rendait au
puits, s’aspergeait d’eau froide et passait des vêtements secs, le vieux
suspendait une marmite au-dessus du feu, et sortait des légumes confits au vinaigre
et un bol de riz. Musashi revint et s’assit près du feu.
    — ... Qu’est-ce que fabrique
ce chenapan ? marmonna l’aubergiste. Il n’en finit pas, avec son saké.
    — Quel âge a-t-il ?
    — Onze ans, je crois qu’il a
dit.
    — Avancé pour son âge, vous
ne trouvez pas ?
    — Hum, je suppose que c’est
parce qu’il travaille chez le marchand de saké depuis l’âge de sept ans. Il y
rencontre toutes sortes de gens : des charretiers, le papetier d’en bas,
des voyageurs, est-ce que je sais encore ?
    — Je me demande comment il a
appris à écrire aussi bien.
    — C’est vraiment si bien que
ça ?
    — Mon Dieu, son écriture est
un peu enfantine, mais elle a une... comment dire ? une franchise bien
séduisante. Si je voulais parler d’un homme d’épée, je dirais qu’elle montre de
la largeur d’esprit. Ce garçon deviendra peut-être quelqu’un.
    — Qu’est-ce que vous voulez
dire par là ?
    — Je veux dire qu’il
deviendra peut-être un véritable être humain.
    — Ah ?
    Le vieux fronça le sourcil,
souleva le couvercle de la marmite, et se remit à bougonner :
    — ... Toujours pas revenu. Je
parie qu’il est encore à traîner quelque part.
    Il était sur le point de mettre
ses sandales pour aller chercher lui-même le saké lorsque Jōtarō
revint.
    — ... Qu’est-ce que tu
fabriquais ? demanda-t-il au garçon. Tu as fait attendre mon hôte.
    — Je n’ai pas pu faire
autrement. Il y avait un client à la boutique, très ivre ; il m’a retenu
pour me poser des tas de questions.
    — Quel genre de questions ?
    — Il posait des questions sur
Miyamoto Musashi.
    — Et je suppose que tu n’as
pas su tenir ta langue.
    — Même si je l’avais fait, ça
n’aurait pas eu d’importance. Tout le monde, par ici, sait ce qui s’est passé l’autre
jour à Kiyomizudera. La voisine, la fille du marchand de laque... toutes les
deux étaient au temple, ce jour-là. Elles ont vu ce qui est arrivé.
    — Cesse de parler de ça,
veux-tu ? dit Musashi d’un ton presque suppliant.
    L’œil aigu du garçon jaugea l’état
d’âme de Musashi, et il demanda :
    — Est-ce que je peux rester
ici un moment pour causer avec vous ?
    Il commença à se décrotter les
pieds pour entrer dans la salle où était le feu.
    — Je veux bien si ton maître
est d’accord.
    — Oh ! il n’a pas besoin
de moi pour le moment.
    — Très bien.
    — Je vais chauffer votre
saké. Je sais bien le faire.
    Il disposa une jarre à saké dans
la

Weitere Kostenlose Bücher