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La Poussière Des Corons

La Poussière Des Corons

Titel: La Poussière Des Corons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Paul Armand
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après un long moment, il soupira et péniblement
ouvrit les yeux. Son regard, vague, erra un instant avant de se poser sur moi. Il
porta la main sur le côté droit de sa tête :
    — Oh maman, j’ai mal… Que s’est-il passé ?
    Je le serrai contre moi :
    — Ce n’est rien, tu t’es assommé en tombant. Viens,
rentrons à la maison.
    Me relevant, je le pris dans mes bras. Les femmes et les
enfants se dispersèrent. L’un d’eux vint vers moi :
    — C’est moi qui l’ai fait tomber. Je vous demande
pardon… Je ne l’ai pas fait exprès. Je suis content qu’il soit revenu à lui, j’ai
eu si peur…
    Moi aussi, j’avais eu peur. J’étais tellement soulagée que
je n’eus pas le courage de le gronder. Je dis simplement :
    — Que cela te serve de leçon ! À l’avenir, ne
recommence plus.
    — Oh non, je ne recommencerai pas !
    Je rentrai chez moi, mon fils dans mes bras. Je le
déshabillai, le couchai. Il était très pâle, tremblait et claquait des dents. J’eus
peur pour lui et envoyai Anna chercher le médecin.
    Quand il arriva, Jean était très rouge et semblait avoir de
la fièvre. Sur le côté droit de sa tête, au-dessus de la tempe, une bosse
gonflait, impressionnante, toute bleue.
    Le médecin l’ausculta, prit sa température. Je ne pus me
retenir de demander, la voix rendue blanche par l’angoisse :
    — Est-ce grave ? Pourquoi est-il dans cet
état ?
    Il fit la moue :
    — C’est un état consécutif au choc. Mais je ne
pense pas que ce soit grave. Je vais donner un calmant et je reviendrai demain.
D’ici là il devrait aller mieux. S’il y avait quoi que ce soit, envoyez-moi
chercher.
    Dans la nuit qui suivit, je sentis que je m’enrhumais. Je ne
m’en étonnai pas. Je me dis que j’avais certainement pris froid lorsque j’étais
sortie dans la neige sans me couvrir. Je pensai que ce serait un simple rhume
et n’y fis plus attention.
    Mais, après quelques jours, je toussais sans discontinuer, et
j’éprouvais dans la poitrine une brûlure qui allait en empirant. À la fin, j’écoutai
Charles qui me disait de faire venir le médecin. Il revint donc pour moi, m’ausculta,
et diagnostiqua une bronchite. Il me donna une potion et des cataplasmes à
appliquer sur la poitrine.
    — Et faites attention à ne pas prendre froid
là-dessus, me recommanda-t-il.
    La brûlure dans la poitrine était si intolérable que je
suivis ses prescriptions à la lettre. La nuit, surtout, j’avais des quintes de
toux qui finissaient par m’étouffer, et j’avais l’impression qu’un foyer
incandescent avait envahi mes bronches. Je pris régulièrement la potion, et mis,
matin et soir, le cataplasme, bien qu’il me piquât horriblement.
    Au bout de quelques jours, j’allais mieux. Je toussais, encore,
j’avais encore des quintes irrépressibles, mais la brûlure avait disparu. Le
médecin m’avait dit :
    — C’est en voie de guérison. Continuez le
traitement jusqu’à complète disparition de la toux.
    Comme je me sentais mieux, je décidai d’arrêter les
cataplasmes. C’était fastidieux, désagréable et douloureux, et cela me faisait
perdre du temps. Je pris la potion encore une ou deux fois, et puis je l’oubliai.
Je continuais de tousser mais n’y faisais pas attention, me disant que la toux
finirait bien par disparaître elle aussi.
    Un matin, je sortis dans l’air humide, et sentis que je
frissonnais. Je fus mal à l’aise toute la matinée. Des tremblements me
parcouraient le dos, et il me semblait qu’un poing me comprimait la poitrine. J’essayai
de me dire que la bronchite m’avait affaiblie et de ne pas y attacher d’importance.
    Toute la journée, je me sentis de plus en plus mal. Vers le
soir, j’avais une horrible migraine, en même temps ma tête me paraissait
étrangement légère. Je voyais Charles et Jean à travers un brouillard déformant,
et parfois j’avais l’impression qu’ils s’éloignaient. Charles me dit :
    — Ça ne va pas, Madeleine ? Tu es malade ?
    Avec effort, je portai la main à mon front, que je sentis
brûlant :
    — J’ai mal à la tête. Je vais aller me coucher.
    Pendant la nuit, j’eus l’impression que la fièvre me
dévorait. J’étais de plus en plus malade, et j’éprouvais une difficulté
croissante à respirer. Par moments, je crois bien que je perdis conscience.
    Au matin, je fus incapable de me lever. J’entendis vaguement
la voix de Charles qui m’appelait, et qui parlait de

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