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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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maison d’autant plus suspecte, que Madge ne jouissait pas d’une bonne réputation.
    – Là ! dit la sorcière, vous voyez que c’est quelque chose que d’avoir une réputation, bonne ou mauvaise ! Eh bien, si vous le voulez ? je vous dirai, à propos de Porteous, quelque chose qu’à vous tous vous ne trouveriez jamais, vous autres corps du conseil municipal, malgré tout le mouvement que vous vous donnez.
    Tous les yeux se tournèrent vers elle, toutes les oreilles furent attentives : – Allons, parlez ! lui dit le magistrat.
    – Vous vous en trouverez bien, ajouta le clerc d’un ton insinuant.
    – Ne faites pas attendre le bailli ! s’écria un des officiers de police.
    Elle garda le silence deux ou trois minutes, jetant sur les spectateurs des regards qui peignaient le malin plaisir dont elle jouissait en les tenant dans l’incertitude de ce qu’elle avait à leur dire.
    – Eh bien, reprit-elle enfin, ce que j’ai à vous apprendre, c’est que c’était un fripon et un vaurien comme la plupart de vous. Il aurait servi long-temps cette bonne ville, avant que le prévôt ou le bailli eussent trouvé cela, mon brave ! Qu’est-ce que vous me donnerez pour cette nouvelle ?
    Pendant cette discussion, Madge Wildfire survint, et sa première exclamation fut : – Eh ! ne voilà-t-il pas ma vieille diablesse de mère ! Eh, messieurs ! vous en prenez deux d’un coup de filet ! Nous sommes une belle famille, j’espère ! Mais nous avons vu des temps plus heureux, n’est-ce pas, ma mère ?
    Les yeux de la vieille Meg avaient brillé d’une sorte de plaisir en voyant sa fille en liberté, mais soit que son affection naturelle, comme celle de la tigresse, ne pût se montrer sans quelque mélange de férocité, soit que les paroles de Madge eussent éveillé en elle des idées qui avaient irrité de nouveau son caractère farouche, elle la poussa rudement en la regardant de travers. – Qu’importe ce que nous étions, coureuse ? s’écria-t-elle ; je vous dirai ce que vous êtes, une enragée vagabonde, une échappée de Bedlam que je mettrai pour quinze jours au pain et à l’eau pour récompense de tout l’embarras que vous me donnez, coureuse !
    Madge échappa pourtant à sa mère, et accourant vers le juge, elle lui fit une révérence tronquée, et lui dit avec un grand éclat de rire : – Notre mère a de l’humeur suivant son usage, monsieur ; elle a sans doute eu querelle avec son bon ami… avec Satan… vous savez ? – Elle prononça ces mots à voix basse, et d’un ton confidentiel qui fit frémir les auditeurs de cette génération crédule et superstitieuse. – Le bon ami et elle, ajouta-t-elle, ne dansent pas toujours d’accord, et alors c’est moi qui paie les violons ; mais j’ai bon dos après tout… Ici elle répéta sa révérence.
    – Magde ! cria la mère d’une voix aigre, s’il faut que j’aille vous chercher !
    – Vous l’entendez ! Mais cela ne m’empêchera pas de m’enfuir cette nuit pour aller danser au clair de la lune sur les montagnes, quand elle sera partie par la fenêtre sur un manche à balai pour aller voir Jeanne Jap qu’on a enfermée dans la prison de Kirkaldy. Oh ! il y aura un joli vaisseau par-dessus Inch-Keith {71} et par-dessus les vagues qui se brisent contre les rochers, où la lune laisse tomber ses rayons d’argent. – Je viens, ma mère, je viens. – Et voyant sa mère se disputer avec les officiers de police qui l’empêchaient de s’avancer, Magde leva la main vers le plafond, et se mit à chanter aussi haut qu’elle put :
    Là-haut dans les airs,
    Sur ma bonne jument grise
    Je la vois ; je la vois, je la vois dans les airs.
    Puis, avec trois sauts, elle s’échappa de la salle, comme les sorcières de Macbeth, dans des temps moins avancés pour les représentations dramatiques, faisaient semblant de s’envoler du théâtre.
    Quelques semaines se passèrent avant que M. Middleburgh pût exécuter son projet inspiré par la bienveillance d’aller à Saint-Léonard pour voir s’il pourrait obtenir le témoignage indiqué dans la lettre anonyme au sujet d’Effie Deans.
    Les recherches dont on s’occupait toujours pour découvrir les meurtriers de Porteous absorbaient tout le temps et toute l’attention de ceux que concernait l’administration de la justice.
    Il arriva pendant ce temps deux évènemens qui sont essentiels pour notre histoire. Butler, après un nouvel examen de sa

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