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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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mais, comme il semblait déterminé à garder le silence, il fut obligé de parler le premier.
    – Mon nom est Middleburgh, James Middleburgh, l’un des magistrats actuels de la ville d’Édimbourg.
    – Cela peut être, répondit Deans laconiquement en continuant son ouvrage.
    – Vous devez savoir que les devoirs d’un magistrat ne sont pas toujours très agréables à remplir.
    – Cela est possible, répliqua David sans lever les yeux de son harnais ; je n’ai rien à dire à cela ; et il garda de nouveau un silence bourru.
    – Vous savez aussi que nos fonctions nous obligent souvent à faire des questions aussi pénibles pour ceux qui les font que pour ceux qui ont à y répondre.
    – Cela peut être, reprit encore Deans ; je n’ai rien à dire là-dessus, ni d’une manière ni d’une autre ; mais je sais qu’il fut un temps où il y avait dans votre ville d’Édimbourg une magistrature juste et craignant Dieu, qui ne portait pas le glaive en vain, mais qui était la terreur des malfaisans et l’orgueil de ceux qui suivaient le droit sentier. On a vu, au temps glorieux du fidèle prévôt Dick, une véritable assemblée générale marcher d’accord avec des barons, vrais Écossais et vraiment nobles, et avec les magistrats des diverses villes ; gentilshommes, bourgeois et peuple, ne voyaient que du même œil, n’entendaient que d’une même oreille, et soutenaient l’arche en réunissant leurs forces ; – alors on voyait les hommes livrer leurs pièces d’argent pour les besoins de l’État, comme si c’étaient de viles ardoises. Mon père vit descendre des sacs de dollars de la fenêtre du prévôt Dick, pour être déposés dans les voitures qui devaient les porter à l’armée campée à Dunselaw ; et, si vous ne croyez pas le témoignage de mon père, il y a la fenêtre elle-même qui existe encore dans le quartier de Luckenbooth ; – je crois que c’est aujourd’hui celle d’un marchand de draps, – là où il y a des barreaux de fer, cinq portes au-dessus de la cour de Gossfort. – Mais maintenant il n’y a plus un semblable esprit parmi nous ; nous nous occupons plus du dernier veau de notre étable que de la bénédiction donnée par l’ange du Govenant à Pemel et à Manahaïna, ou de l’obligation de nos vœux nationaux ; et nous achèterions plus volontiers, au prix d’une livre d’Écosse, l’onguent pour délivrer nos vieilles poutres et nos lits des punaises anglaises, comme on les appelle, que nous ne donnerions un plack pour délivrer le pays de l’essaim des chenilles Arminiennes, des fourmis Sociniennes et des miss Katies déistes, qui sont sorties de l’abîme sans fond pour être le fléau de cette génération perverse, insidieuse et tiède.
    Il arriva à David Deans, en cette occasion, comme il est arrivé à maint autre orateur. Quand une fois il s’était embarqué dans son sujet favori, le cours de son enthousiasme l’entraînait en dépit de ses peines morales, et sa mémoire lui fournissait amplement tous les tropes de rhétorique particuliers à sa secte et à sa cause.
    M. Middleburgh se contenta de lui répondre :
    – Tout cela peut être, comme vous le disiez tout à l’heure, M. Deans. Mais il faut que je vous informe du sujet de ma visite. Vous avez deux filles, je crois ?
    Le vieillard parut souffrir les tourmens d’un homme dont on sonde la blessure. Mais il recueillit bientôt toutes ses forces, et répondit d’un air calme, quoique sombre : – Je n’ai qu’une fille, monsieur, qu’une seule fille !
    – Je vous comprends : vous n’avez qu’une fille avec vous ; mais cette jeune infortunée qui est en prison… n’est-elle pas aussi votre fille ?
    – Ma fille ! oui, selon la chair, selon le monde ; mais, quand elle est devenue celle de Bélial, qu’elle s’est écartée des voies de la grâce pour entrer dans celles de la perdition, elle a cessé d’être ma fille.
    – Hélas, M. Deans, dit Middleburgh en s’asseyant près de lui et en tâchant de prendre sa main que le vieillard retira avec fierté, – nous sommes tous pécheurs, et les fautes de nos enfans ne doivent pas être une cause pour les bannir de notre cœur, puisqu’elles sont une suite de la corruption de notre nature.
    – Monsieur ! s’écria Deans avec impatience, je sais aussi bien que… je veux dire, reprit-il en contraignant la colère qu’il éprouvait en se voyant donner une leçon que reçoivent toujours mal

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