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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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d’Écosse. Encouragé par la bonté qu’on lui témoignait, M. Dunover commença à contribuer aux amusemens de la soirée : une prison, comme tout autre lieu, a ses anciennes traditions qui ne sont connues que de ses habitans, et qui se transmettent successivement de détenus en détenus. Une de celles que Dunover raconta était intéressante, et servit d’éclaircissemens à quelques jugemens remarquables que Hardie savait sur le bout du doigt, et que son compagnon connaissait aussi parfaitement. Ce genre d’entretien remplit toute la soirée, jusqu’à ce que M. Dunover se retira pour aller se reposer ; et moi, de mon côté, je fis retraite pour aller mettre en note ce que j’avais appris, dans le dessein d’ajouter un nouveau conte à ceux dont je m’amusais à composer un recueil ; les deux jeunes gens firent venir des rôties, du negus au vin de Madère, avec un jeu de cartes, et commencèrent un piquet.
    Le lendemain les voyageurs quittèrent Gander-Cleugh ; j’appris depuis par les papiers publics qu’ils avaient figuré l’un et l’autre dans le grand procès politique qui s’éleva entre Bubbleburgh et Bitem. Cette cause aurait pu être expédiée promptement ; cependant on croit qu’elle peut durer plus long-temps que la session du parlement à laquelle elle se rapporte. M. Halkit figura en qualité d’agent ou solliciteur, et M. Hardie débuta dans la cause de sir Peter Plyem avec un rare talent, de telle sorte que depuis il eut dans sa poche moins de billets de spectacle que de brefs {14} . Ces deux jeunes gens méritèrent leur bonne fortune ; car Dunover, que je revis quelque temps après, me raconta, les larmes aux yeux, qu’à leur recommandation il avait obtenu une petite place qui donnait à sa famille une honnête aisance. C’est ainsi qu’après une suite non interrompue de malheurs, il dut ses nouvelles espérances à l’heureux accident qui l’avait fait tomber du haut d’une malle-poste dans le Gander, de compagnie avec un avocat et un écrivain du sceau ; le lecteur ne croira peut-être pas avoir tant d’obligation à un accident qui lui procure le récit qui va suivre, et qui est fondé sur la conversation de la soirée.

CHAPITRE II.
 
    « Quiconque a vu Paris doit connaître la Grève,
    » Ce fatal rendez-vous des braves malheureux,
    » Où maint héros souvent à la potence achève
    » De ses nobles exploits le cours aventureux.
    » Ici le trépas brise une chaîne importune ;
    » Du juge le bourreau complète les travaux ;
    » L’écuyer du poète et celui des poteaux
    » Viennent pour y fixer l’inconstante fortune. »
    PRIOR.
    Au temps jadis, l’Angleterre avait son Tyburn ; c’était au lieu qu’on appelle aujourd’hui Oxford-Road, que l’on conduisait en procession solennelle les victimes que la justice avait condamnées. À Édimbourg, une grande rue, ou, pour mieux dire, une place en forme de carré long, entourée de maisons fort élevées, et appelée Grassmarket, était consacrée au même usage lugubre. Le local étant d’une grande étendue, et pouvant contenir le nombre considérable de spectateurs qui ne manquent jamais de s’assembler en une telle occasion, n’était pas mal choisi. D’ailleurs, les maisons qui l’entouraient n’étaient, pour la plupart, habitées depuis bien long-temps que par le peuple, de manière que les gens du bon ton, à qui ce spectacle n’inspirait que du dégoût, ou qui en étaient trop vivement affectés, ne se trouvaient pas obligés d’y assister. L’architecture de ces maisons n’offre rien de remarquable ; cependant cette place a bien aussi son caractère de grandeur, étant dominée du côté du sud par le rocher escarpé sur lequel s’élève le château, et par les remparts et les tours couvertes de mousse de cette antique citadelle.
    C’était sur cette esplanade que se faisaient encore les exécutions il y a environ vingt-cinq ans. Un gibet peint en noir, élevé à l’extrémité orientale de la place, annonçait au public le jour fatal. Cet instrument de sinistre augure était d’une grande hauteur, et entouré d’un échafaud sur lequel étaient appuyées deux échelles destinées au malheureux criminel et à l’exécuteur. Tout l’appareil était disposé avant l’aurore ; on eût dit que l’enfer l’avait fait sortir du sein de la terre pendant la nuit, et je me rappelle encore l’effroi avec lequel mes camarades et moi nous voyions ces funestes

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