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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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méchans, que les psaumes qu’ils entendaient aujourd’hui allaient dans deux jours être remplacés pour eux par d’éternels alléluia ou d’éternelles lamentations, et que cette terrible alternative dépendrait de l’état de leur âme au moment de paraître devant Dieu ; ils ne devaient pas se désespérer d’être appelés si soudainement, mais plutôt trouver dans leur malheur cette consolation, que tous ceux qui maintenant élevaient la voix ou fléchissaient le genou avec eux, étaient frappés de la même sentence d’une mort certaine, et qu’eux seuls avaient l’avantage d’en connaître le moment précis. « Ainsi donc, mes infortunés frères, ajouta le bon prédicateur d’une voix tremblante d’émotion, rachetez le temps qui vous est laissé, et souvenez-vous qu’avec la grâce de celui pour qui le temps et l’espace ne sont rien, le salut peut encore être assuré, même dans le court délai que vous accordent les lois de votre pays. »
    On observa que Robertson versa quelques larmes ; mais Wilson semblait n’avoir pas complètement compris le sens de ces paroles, ou être distrait par une tout autre pensée. – Cette expression était si naturelle dans sa situation, que personne n’en conçut de soupçon, et personne n’en fut surpris.
    Dès que le ministre eut prononcé la bénédiction d’usage, chacun se disposa à sortir de l’église, en jetant un regard de compassion sur les deux criminels, sans doute à cause des circonstances atténuantes de l’affaire. Ceux-ci se levèrent ainsi que les quatre soldats qui les gardaient. Mais tout-à-coup Wilson, qui, comme je l’ai déjà dit, était un homme vigoureux, saisit au collet deux des soldats, en s’écriant : – Cours vite, Geordy, cours ! et se jetant en même temps sur un troisième, il le retint par l’habit avec les dents. Robertson fut un instant immobile de surprise ; mais plusieurs autres voix ayant crié : – Courez ! courez ! il terrassa le quatrième soldat, s’élança hors du banc et se confondit dans la foule, où il ne se trouva personne qui voulût, en arrêtant un malheureux, le priver de la dernière chance qui lui restât pour échapper à la mort. Il sortit promptement de l’église, et toutes les perquisitions qu’on fit ensuite furent inutiles.
    L’intrépidité généreuse que Wilson avait déployée en cette circonstance augmenta la compassion qu’il avait déjà inspirée. L’esprit public, quand il est sans préventions, se déclare ordinairement pour le parti du désintéressement et de l’humanité : on admira donc la conduite de Wilson, et l’on se réjouit de l’évasion de Robertson. Ce sentiment était si général, qu’un bruit vague se répandit dans la ville qu’on tenterait de sauver Wilson de vive force au moment de l’exécution. Les magistrats crurent de leur devoir de prendre des mesures pour assurer le respect dû aux lois, et ils firent mettre sous les armes une compagnie de la garde de la ville, commandée par le capitaine Porteous, homme dont le nom ne devint que trop fameux par les malheureux évènemens du jour et ceux qui en furent la suite. Il est peut-être nécessaire de dire un mot de sa personne et du corps qu’il commandait ; mais le sujet est assez important pour mériter un autre chapitre.

CHAPITRE III.
 
    « Ô toi, grand Dieu de l’eau-de-vie,
    » Qui gouvernes cette cité
    » Où l’on a vu parfois notre peuple agité,
    » Protège-nous, je t’en supplie,
    » Contre ces noirs bandits qu’on appelle le gué. »
    FERGUSSON. Les Jours de folie.
    Le capitaine John Porteous, nom mémorable dans les traditions d’Édimbourg comme dans les registres du tribunal criminel de cette ville, était fils d’un artisan qui n’avait d’autres vues sur son fils que de lui faire apprendre son métier ; mais ce jeune homme avait autant de goût pour la dissipation que d’aversion pour l’ouvrage ; il s’enfuit de la maison paternelle, et s’engagea dans le corps écossais qui fut long-temps au service de la Hollande, et appelé le corps Scoto-Hollandais. Il y apprit la discipline militaire, et étant revenu dans sa patrie en 1715, après une vie errante et oisive, il fut chargé, par les magistrats d’Édimbourg, dans cette année de troubles, d’organiser la garde de la Cité, dont il fut ensuite nommé capitaine. Il ne méritait cette promotion que par ses connaissances militaires, par un caractère intrépide et déterminé, car il

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