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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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donné une commission pour M. Butler, dit Jeanie d’un air embarrassé. Mais se reprochant aussitôt ce léger écart de la vérité que jamais Quaker ne respecta plus qu’elle, – c’est-à-dire, ajouta-t-elle, j’ai besoin de parler à M. Butler, relativement aux affaires de mon père et de la pauvre Effie.
    – Est-ce une affaire du ressort des tribunaux ? demanda Saddletree : en ce cas, vous feriez mieux de prendre mon opinion que la sienne.
    – Non, répondit Jeanie, qui trouvait de grands inconvéniens à mettre le bavard Saddletree dans la confidence de ses projets, c’est une lettre que je veux prier M. Butler d’écrire pour moi.
    – Eh bien ! dites-moi de quoi il s’agit, et je la dicterai à M. Butler comme M. Crossmyloof à son clerc Allons, M. Butler, prenez plume et encre.
    Jeanie regarda Butler, et se tordit les mains d’un air d’impatience.
    – Mais, M. Saddletree, dit Butler, M. Whackbairn sait que vous êtes ici. Il sera mortifié si vous n’assistez pas à la leçon de vos enfans, et l’heure en est plus qu’arrivée.
    – Vous avez raison, M. Butler. D’ailleurs, j’ai promis aux enfans de demander un demi-congé pour toute l’école, le jour de l’exécution, afin qu’ils puissent y assister ; cela ne peut produire qu’un bon effet sur leur esprit, car qui sait ce qui peut leur arriver à eux-mêmes ? Ah ! mon Dieu ! je ne pensais pas que vous étiez ici, Jeanie ; mais n’importe, il faut vous habituer à en entendre parler. M. Butler, retenez Jeanie jusqu’à mon retour. Je ne serai pas absent plus d’un quart d’heure.
    Après leur avoir donné cette assurance d’un retour prochain, qu’aucun d’eux ne désirait, il les délivra de l’embarras que leur causait sa présence.
    – Reuben, dit Jeanie qui vit la nécessité d’en venir sur-le-champ au sujet qui l’amenait, je commence un bien long voyage : je vais à Londres demander la grâce d’Effie au roi et à la reine.
    – Y pensez-vous bien, Jeanie ? s’écria Butler dans la plus grande surprise : vous, aller à Londres ; vous, parler au roi et à la reine !
    – Et pourquoi non, Reuben ? dit Jeanie du ton de simplicité qui lui était naturel ; ce n’est parler qu’à un homme et à une femme, après tout. Ils doivent être de chair et de sang comme nous, et, quand leur cœur serait de pierre, ils auront pitié du malheur d’Effie. D’ailleurs, j’ai entendu dire qu’ils ne sont pas si méchans que le disent les Jacobites.
    – Cela est vrai, Jeanie ; mais leur magnificence…, leur suite…, la difficulté de parvenir jusqu’à eux.
    – J’ai pensé à tout cela, Reuben ; mais je ne veux pas me laisser décourager. Sans doute ils auront de bien beaux habits, des couronnes sur la tête, des sceptres dans leurs mains, ainsi que le grand roi Assuérus quand il était sur son trône devant la porte de son palais, comme dit l’Écriture. Mais je sens dans mon cœur quelque chose qui me soutient, et je suis presque sûre que j’aurai la force et le courage de leur dire ce que j’ai à leur demander.
    – Hélas ! Jeanie, les rois aujourd’hui ne s’asseyent plus à la porte de leurs palais pour rendre la justice, comme du temps des patriarches. Je ne connais pas les cours par expérience plus que vous ; mais, d’après tout ce que j’ai lu et tout ce que j’ai entendu dire, je sais que le roi d’Angleterre ne fait rien que par le moyen de ses ministres.
    – Si ce sont des ministres justes et craignant Dieu, je n’en ai que plus d’espoir de réussir.
    – Vous n’entendez pas même les mots en usage à la cour, Jeanie : les ministres dont je parle sont les serviteurs du roi, ceux qui ont sa confiance, qui sont chargés de toutes les affaires.
    – Sans doute, et je pense bien qu’il en a un plus grand nombre que la duchesse {83} à Dalkeith, quoiqu’elle n’en manque point. Je sais aussi que les domestiques des grands seigneurs sont toujours plus impertinens que leurs maîtres ; mais je m’habillerai proprement, et je leur offrirai une demi-couronne pour qu’ils me laissent entrer dans le palais. S’ils me refusent, je leur dirai que je viens pour parler au roi et à la reine d’une affaire dans laquelle il y va de la vie et de la mort, et bien certainement ils me permettront alors de leur parler.
    – C’est un rêve, Jeanie, dit Butler en remuant là tête, un projet impraticable. Jamais vous ne pourrez parvenir jusqu’à eux sans

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