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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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être protégée par quelque grand seigneur, et cela est-il possible ?
    – Peut-être y réussirai-je, Reuben, surtout avec un peu d’aide de votre part.
    – Un peu d’aide de ma part ! Jeanie, mais c’est encore un rêve, et le plus étrange de tous !
    – Pas du tout, Reuben. Ne vous ai-je pas ouï dire que votre grand-père, dont mon père n’aime pas à entendre parler, a sauvé la vie au père ou grand-père de Mac-Callummore quand il était seigneur de Lorn ?
    – Il est vrai ! s’écria vivement Butler, et je puis le prouver. J’écrirai au duc d’Argyle ; on dit qu’il a de l’humanité, il est connu pour un brave militaire, pour un loyal Écossais, je lui écrirai pour le prier de solliciter la grâce de votre sœur. C’est une bien faible espérance de succès ! mais enfin il ne faut rien négliger.
    – Cela est vrai, Reuben ; il ne faut rien négliger. Ce n’est pas assez d’une lettre. Une lettre ne peut prier, supplier, conjurer. Elle ne peut parler au cœur aussi bien que la voix et les regards. Une lettre est comme une feuille de musique sur un instrument. C’est du noir sur du blanc, mais quand on entend chanter l’air qu’elle contient, c’est bien différent : il faut que je parle moi-même, Reuben.
    – Vous avez raison, dit Reuben en rappelant sa fermeté ; j’espère que le ciel vous a inspiré cette résolution courageuse comme le seul moyen de sauver la vie de votre malheureuse sœur. Mais, Jeanie, vous ne pouvez faire seule un voyage si périlleux. Je ne puis souffrir que vous vous exposiez à tous les risques qu’il peut offrir. Donnez-moi le droit de vous suivre ; consentez que je devienne aujourd’hui votre époux, et dès demain je pars avec vous pour vous aider à vous acquitter de ce que vous devez à votre famille.
    – Non, Reuben, cela n’est pas possible. Quand ma sœur obtiendrait sa grâce, son pardon n’effacerait pas la tache dont elle est couverte. Et que dirait-on d’un ministre qui aurait épousé la sœur d’une femme condamnée pour un tel crime ? Quel cas ferait-on de tout ce qu’il pourrait dire dans la chaire ?
    – Mais, Jeanie, je ne puis croire, je ne crois pas qu’elle en soit coupable.
    – Que le ciel vous récompense de parler ainsi ! mais le blâme ne s’en attachera pas moins à elle.
    – Mais ce blâme, quand même elle le mériterait, ne peut retomber sur vous.
    – Ah ! Reuben, vous savez que c’est une tache qui s’étend sur toute la famille, sur toute la parenté. Ichabod ! la gloire de notre famille est passée, comme disait mon pauvre père, car la plus pauvre famille peut avoir sa gloire, celle qui résulte de la bonne conduite de tous ceux qui la composent, et cet avantage est perdu pour nous.
    – Mais, Jeanie, vous m’avez donné votre parole, vous m’avez promis votre foi ; pouvez-vous entreprendre un tel voyage sans un homme pour vous protéger, et cet homme ne doit-il pas être votre époux ?
    – Je connais votre affection et votre bon cœur, Reuben, je sais que vous me prendriez pour femme malgré la honte dont ma sœur nous a couverts, mais vous conviendrez que ce n’est pas dans un pareil moment que je puis songer au mariage : nous aurons le loisir d’y réfléchir plus tard, dans un temps plus convenable. Et vous parlez de me protéger pendant mon voyage ! mais qui vous protégerait vous-même, Reuben ? Depuis dix minutes que vous êtes debout, vos jambes tremblent déjà sous vous ; comment pourriez-vous entreprendre le voyage de Londres ?
    – Je me porte très bien, mes forces reviennent, dit Butler en se laissant retomber d’épuisement sur sa chaise : demain je me trouverai beaucoup mieux.
    – Il faut que je parte, que je parte sur-le-champ, dit Jeanie, et vous ne l’ignorez pas. Vous voir en cet état, ajouta-t-elle en lui prenant la main, et en le regardant avec tendresse, augmente encore mes chagrins ; ayez bien soin de votre santé, pour l’amour de Jeanie : si elle n’est pas votre femme, elle ne sera jamais celle de personne. À présent, donnez-moi la lettre pour Mac-Callummore, et priez Dieu de faire réussir mon dessein.
    Il y avait sans doute quelque chose de romanesque dans le projet de Jeanie ; mais Butler vit qu’il serait impossible de l’en détourner, et reconnut qu’il ne pouvait l’aider que de ses avis. Il chercha donc, parmi ses papiers, deux pièces qu’il lui remit en lui recommandant de les montrer au duc d’Argyle : c’était

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