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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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partons, partons, je n’ai pas de temps à perdre.
    – Je ne demande pas mieux que de voir le ministre, répondit Jeanie ; quoiqu’il ait lu son discours et porte le surplis, comme on l’appelle ici, je ne puis m’empêcher de reconnaître que ce doit être un bien digne homme, craignant Dieu, ayant prêché comme il vient de le faire.
    La canaille, désappointée de ne pas trouver un sujet d’amusement dans cette rencontre, s’était dispersée pendant ce temps-là, et Jeanie, avec sa patience ordinaire, suivit son guide plus bourru et plus suffisant que brutal jusqu’au rectorat.
    La maison cléricale était grande, belle et commode, car le bénéfice en était très lucratif. La présentation en appartenait à une famille riche du pays, dont le chef avait toujours soin de destiner un fils ou un neveu à l’Église, afin de pouvoir le lui donner, quand l’occasion s’en offrait. Le rectorat de Willingham était donc regardé comme un apanage direct et immédiat de Willingham-Hall, et les riches baronnets de ce domaine avaient ordinairement un fils, un frère ou un neveu, qui s’étaient occupés de rendre leur résidence non seulement commode, mais encore magnifique.
    Elle était située à quatre cents toises environ du village, et sur une élévation dont la pente douce était couverte de petits enclos disposés irrégulièrement, de manière que les vieux chênes et les ormeaux qui étaient plantés en haie se confondaient ensemble dans la perspective avec une ravissante variété ; plus près de la maison, Jeanie et son guide entrèrent par une jolie grille dans une pelouse, peu large il est vrai, mais bien tenue, et où croissaient çà et là debeaux marronniers et des bouleaux. La façade de la maison était irrégulière : une partie semblait très ancienne, et avait été en effet la résidence du premier bénéficiaire dans le temps du catholicisme. Ses successeurs y avaient fait des additions considérables et des embellissemens, suivant le goût de chaque siècle, et sans trop respecter la symétrie ; mais ces irrégularités d’architecture étaient si bien graduées et si heureusement fondues, que loin d’être blessé de ce mélange de styles, l’œil ne pouvait qu’être charmé de la variété de l’ensemble ; des arbres fruitiers en espalier sur le mur du midi, des escaliers extérieurs, diverses entrées, les toits et les cheminées des différens siècles, contribuaient à rendre la façade, non pas précisément belle ni grande, mais bizarre ou, pour emprunter à M. Price le mot propre, – pittoresque. Les additions les plus considérables étaient celles du recteur actuel, homme à bouquins, comme le bedeau prit la peine d’en instruire Jeanie, sans doute pour lui inspirer plus de respect pour le personnage devant lequel elle allait paraître : – Il avait, lui dit-il, fait bâtir une bibliothèque, un salon et deux chambres à coucher. – Bien des gens auraient hésité à faire cette dépense, continua le fonctionnaire paroissial, attendu que ce bénéfice doit passer à qui sir Edmond voudra le donner ; mais Sa Révérence a du bien à lui et n’a pas besoin de regarder les deux faces d’un penny.
    Jeanie ne put s’empêcher de comparer le bel et grand édifice qu’elle avait sous les yeux aux misérables manses d’Écosse, où une suite d’héritiers avares, professant le plus grand dévouement au presbytérianisme, s’étudient à découvrir ce qui peut être économisé sur un bâtiment qui n’est qu’une résidence incommode pour le ministre actuel, et méprisent l’avantage d’une construction solide en maçonnerie ; aussi, au bout de quarante ou cinquante ans, leurs descendans sont-ils forcés de refaire la même dépense, dont une honorable libéralité aurait affranchi le domaine pour plus d’un siècle.
    Derrière la maison coulait une petite rivière avec une charmante bordure de saules et de peupliers ; le bedeau dit à Jeanie qu’on y péchait d’excellentes truites, car la patience de l’étrangère et l’assurance qu’elle ne serait pas à la charge de la paroisse l’avaient rendu plus communicatif. – Oui, répéta-t-il, c’est bien l’eau qui fournit les meilleures truites du Lincolnshire, car plus bas il n’y a plus moyen de pêcher à la ligne.
    Au lieu de se présenter à l’entrée principale, il conduisit Jeanie à une petite porte communiquant à l’ancien bâtiment, qui était, en grande partie, occupé par les

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