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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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le grand intendant de la couronne porte dans les cérémonies publiques. Elle dit alors à Jeanie que, puisqu’elles avaient maintenant une mise aussi décente que pouvait l’avoir une jeune fille le dimanche matin, elle voulait la conduire à la maison de l’interprète.
    Jeanie trouvait bien pénible d’être obligée de paraître en public avec une compagne si grotesquement affublée ; mais nécessité n’a point de loi. Elle ne pouvait se séparer d’elle sans risquer d’avoir une querelle sérieuse, et la prudence le lui défendait.
    Madge, au contraire, était enchantée d’elle-même, et sa vanité lui persuadait que personne au monde ne pouvait lui disputer de charmes et de parure. Elles entrèrent dans le village, et n’y rencontrèrent qu’une vieille femme presque aveugle, qui, voyant briller quelque chose sur les vêtemens de Madge, la salua avec autant de respect qu’elle en aurait montré à une duchesse. Cette marque de déférence mit le comble au ravissement de la pauvre insensée. Elle releva la tête encore plus haut, chercha à se donner des grâces, et regarda Jeanie avec l’air de protection et d’importance d’une vieille dame qui va conduire une jeune provinciale dans le monde pour la première fois.
    Jeanie la suivait patiemment, baissant les yeux, qu’elle levait seulement de temps à autre pour chercher quelqu’un dont elle pût implorer le secours ; mais tous les habitans étaient alors au service divin, ou enfermés dans leurs maisons. Elle tressaillit quand, après avoir monté deux ou trois marches, elle se trouva dans le cimetière, et qu’elle vît sa compagne s’avancer directement vers la porte de l’église. Jeanie n’avait nulle envie d’y entrer dans une telle compagnie, et, s’asseyant sur une pierre funéraire, elle lui dit d’un ton décidé : – Vous pouvez entrer dans l’église si vous le désirez, Madge ; mais je ne vous y suivrai pas : je vais vous attendre ici.
    – M’attendre ici ! s’écria Madge en la saisissant par le bras ; croyez-vous donc, ingrate que vous êtes, que je souffrirai que vous restiez assise sur le tombeau de mon père ? Si vous ne me suivez pas, si vous ne venez pas avec moi écouter le ministre dans la maison de Dieu, je vous arracherai tous les haillons qui vous couvrent.
    L’effet suivit de près la menace. Elle saisit le chapeau de Jeanie, le lui arracha de la tête, et le jeta sur un vieux saule aux branches duquel il s’accrocha à une hauteur trop considérable pour que celle-ci put l’y reprendre. La première pensée de Jeanie fut de crier ; mais réfléchissant que Madge, dans sa folie, pouvait lui donner quelque coup dangereux avant qu’on fût venu à son secours, quoiqu’elles fussent très près de l’église, elle jugea plus prudent de l’y suivre, étant bien sûre que là elle trouverait le moyen de lui échapper, et qu’elle n’aurait plus rien à craindre de sa violence. Elle lui dit donc qu’elle consentait à l’accompagner. Madge la tenait toujours par le bras, mais ses idées avaient déjà pris un autre cours. Elle fit retourner Jeanie vers la pierre qu’elle venait de quitter, et lui montrant une inscription : – Lisez cela, lui disait-elle, lisez tout haut.
    Jeanie obéit, et lut ce qui suit :
    « CE MONUMENT FUT ÉRIGÉ À LA MÉMOIRE DE DONALD MURDOCKSON, SOLDAT DU XXVI DU ROI, OU RÉGIMENT CAMERONIEN, CHRÉTIEN SINCÈRE, BRAVE MILITAIRE ET FIDÈLE SERVITEUR, PAR SON MAÎTRE RECONNAISSANT, ROBERT STAUNTON. »
    – Vous lisez bien, Jeanie ; c’est bien cela, dit Madge, dont la colère avait fait place à une profonde mélancolie ; et d’un air grave et tranquille qui ne lui était pas ordinaire, elle la conduisit à la porte de l’église.
    Le bâtiment dans lequel Jeanie allait être introduite était une de ces églises gothiques dont on trouve un si grand nombre en Angleterre, et qui, de tous les édifices consacrés au culte chrétien, sont peut-être les plus propres à produire sur l’âme une impression de piété respectueuse. Cependant Jeanie, fidèle à ses principes presbytériens, ne serait pas entrée, en toute autre occasion, dans une église de la religion anglicane. Elle aurait cru voir à la porte la figure vénérable de son père étendre le bras pour l’arrêter, et lui défendre d’écouter des instructions qui ne partaient pas de la bonne source. Mais, dans la situation alarmante où elle se trouvait, elle regardait ce lieu comme un asile

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