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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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pour elle, de même que l’animal poursuivi par les chasseurs se réfugie quelquefois dans la demeure des hommes, ou dans les endroits les plus contraires à ses habitudes naturelles. Les sons profanes de l’orgue n’eurent même pas le pouvoir de l’arrêter.
    Madge n’eut pas plus tôt mis le pied dans l’église, que, se voyant l’objet de l’attention générale, elle se livra de nouveau à toute l’extravagance qu’un accès momentané de mélancolie avait interrompue. Elle s’avança d’un pas léger vers le centre de l’église, la tête haute, traînant après elle Jeanie qu’elle tenait toujours par le bras. Celle-ci aurait bien désiré entrer dans un des bancs les plus voisins de la porte, et laisser Madge s’approcher seule des places d’honneur ; mais elle ne pouvait le faire sans une résistance qui aurait causé du scandale et du tumulte dans la congrégation. Elle se laissa donc mener comme en triomphe par sa conductrice, qui marchait le sourire sur les lèvres, d’un pas délibéré, paraissant enchantée de voir tous les yeux fixés sur elle, distribuant à droite et à gauche des révérences ridicules et affectées, et traînant sa compagne, qui, rouge de honte, les yeux baissés, les cheveux épars, formait avec elle le contraste le plus frappant.
    Enfin elle entra dans un banc, donnant en même temps un coup de pied sur les jambes de Jeanie, pour l’avertir de la suivre, et appuya sa tête sur ses mains pendant environ une minute comme pour se livrer au recueillement. Jeanie, pour qui cette dévotion mentale était toute nouvelle, au lieu de l’imiter, jeta autour d’elle des regards inquiets que ceuxqui pouvaient la voir attribuaient assez naturellement à la folie. Chacun chercha à s’éloigner de ce couple extraordinaire ; mais un vieillard qui se trouvait près de Madge ne fut point assez leste. Elle lui arracha des mains son rituel, et se mit à répondre aux prières d’un ton de voix qu’on distinguait au-dessus de toutes celles de la congrégation.
    Jeanie, accablée de honte, n’osait plus lever les yeux pour chercher un protecteur. Elle pensa d’abord naturellement à l’ecclésiastique. C’était un homme d’un âge déjà avancé, dont l’air inspirait la confiance et le respect, et qui avait déjà rappelé à une attention décente les plus jeunes membres de la congrégation que l’extravagance de Madge Wildfire avait distraits du service divin. Jeanie résolut donc de s’adresser à lui quand l’office serait terminé.
    Il est bien vrai que ses yeux étaient choqués de voir un prédicateur revêtu d’un surplis, abomination contre laquelle elle avait entendu son père déclamer tant de fois, mais dont elle n’avait jamais été témoin. Elle n’était pas moins contrariée du changement d’attitude qu’exigeaient certaines parties du rituel ; et Madge, qui paraissait en bien connaître le cérémonial, prenait soin de l’en avertir avec un bruit et des gestes qui attiraient encore davantage sur elles l’attention générale. Elle crut pourtant que Dieu, voyant dans le fond des cœurs, lui pardonnerait de l’adorer avec des formes qui n’étaient pas celles de sa croyance. S’écartant donc de Madge autant qu’il lui était possible de le faire, elle donna toute son attention au service divin, et goûta un peu de calme, sa persécutrice ayant fini par s’endormir.
    Quoique involontairement sa pensée se reportât quelquefois sur sa propre situation, elle fut comme forcée d’écouter attentivement un discours plein de sens, énergique et bien fait sur les doctrines pratiques du christianisme ; elle ne put même s’empêcher de l’approuver, quoique ce fût un discours écrit d’avance par le prédicateur, et débité avec un accent et des gestes bien différens de ceux de Boanerges Stormheaven, prédicateur favori de son père. L’air sérieux et attentif avec lequel Jeanie l’écoutait n’échappa point à l’ecclésiastique. L’entrée de Madge lui avait fait craindre quelque scandale ; pour y mettre ordre, il tournait souvent les yeux vers le banc où les deux jeunes filles étaient placées, et il reconnut bientôt que, malgré ses cheveux épars et ses regards inquiets, elle n’était pas dans une situation d’esprit semblable à celle de sa compagne. Quand le service fut terminé, il la vit jeter les yeux autour d’elle d’un air égaré, s’approcher de deux ou trois hommes âgés, comme pour leur parler, et

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