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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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Butler n’en aura pas besoin. La lettre du duc… Voyant alors l’air de surprise de celle-ci, – N’avez-vous pas envoyé ma lettre hier soir ? demanda-t-elle à Duncan avec un peu d’aigreur.
    – Madame… Pardon, madame, mais j’ai pensé qu’il suffirait de la remettre ce matin, parce qu’on ne trouve jamais mistress Butler hors de garde, jamais, madame : d’ailleurs, ma voiture était à la pêche, et mon gig était allé chercher un baril d’eau-de-vie à Greenock. Mais voilà la lettre de Sa Grâce.
    – Donnez-la-moi, monsieur, dit la dame en la lui prenant des mains ; puisque vous n’avez pas jugé à propos de me rendre le service de l’envoyer, je la remettrai moi-même.
    – Comme il vous plaira, milady, lui répondit-il humblement.
    Mistress Butler était toute attention, elle éprouvait un vif intérêt, un intérêt indéfinissable pour cette dame qui prenait un tel ton d’autorité sur le grand homme de la paroisse et des environs, dont la soumission paraissait sans bornes.
    Cette étrangère était de moyenne taille, bien faite, quoique avec un peu d’embonpoint ; son bras et sa main auraient pu servir de modèle ; son air d’aisance et de dignité semblait annoncer une haute naissance, l’usage de la grande société, et l’habitude d’être obéie. Elle était en habit de voyage, avec un chapeau de castor gris, et un voile de dentelle de Bruxelles. Deux laquais en grande livrée portaient une malle qu’ils avaient tirée de la barque, et marchaient à quelque distance.
    – Comme vous n’avez pas reçu la lettre qui devait me servir d’introduction, madame, car je présume que je parle à mistress Butler, je ne vous la présenterai que lorsque vous aurez été assez bonne pour me recevoir chez vous sans recommandation.
    – Certainement, madame, dit Knockdunder, bien certainement mistress Butler le fera, n’en doutez point. Mistress Butler, c’est lady… lady… De par tous les diables, ces noms anglais s’échappent de ma mémoire, aussi vite qu’une pierre qui roule du haut d’une montagne. Mais je crois que c’est une Écossaise ; c’est d’autant plus d’honneur pour nous. Je crois qu’elle est de la famille de… de…
    – Le duc d’Argyle connaît parfaitement ma famille, monsieur, dit la dame d’un ton qui semblait lui ordonner de se taire, et qui lui fit effectivement garder le silence.
    Le son de voix, le ton, la démarche, les manières de l’étrangère, tout rappelait à mistress Butler cette sœur qu’elle n’avait pas vue depuis quinze ans. Ses traits, qu’elle ne distinguait qu’imparfaitement à travers le voile qui couvrait son visage, et auxquels un si long espace de temps avait dû apporter quelque changement, contribuaient à lui inspirer la même idée, à laquelle elle n’osait pourtant se livrer, comme si elle eût craint d’être dans l’illusion d’un de ces rêves dont on craint de se réveiller, de peur de perdre les images flatteuses qu’ils nous offrent.
    La dame pouvait bien avoir au moins trente ans ; mais ses charmes étaient si bien conservés, et tellement relevés par tous les artifices de la parure, qu’on aurait pu ne lui en donner que vingt-un. Elle montrait si peu d’émotion, tant de calme et de sang-froid, que les soupçons que mistress Butler avait conçus s’affaiblissaient à chaque instant. Jeanie conduisit en silence ses hôtes vers la manse ; perdue dans ses réflexions, elle espérait que la lettre qui devait lui être remise lui donnerait l’explication d’une visite qui paraissait couvrir quelque mystère.
    L’étrangère continuait à montrer toutes les manières d’une femme de haut rang. Elle admirait les divers points de vue qui se présentaient à elle, et en parlait en femme qui a étudié la nature, et qui connaît aussi les ouvrages de l’art. Elle daigna faire attention aux enfans.
    – Voilà de jolis montagnards ! Ce sont vos enfans, sans doute, madame ?
    – Oui, madame, répondit Jeanie.
    L’étrangère soupira, et soupira de nouveau quand leur mère les leur présenta par leur nom.
    – Avancez, Fémie, dit mistress Butler à sa fille, et tenez-vous droite.
    – Quel est le nom de votre fille ? demanda l’étrangère.
    – Euphémie, répondit mistress Butler.
    – Je croyais, répliqua la dame, que l’abréviation ordinaire de ce nom, en Écosse, était Effie ?
    Jeanie ne répondit rien ; mais le ton dont ce peu de paroles avaient été prononcées

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