Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
alors pour ces hardis insurgés de désarmer la garde de la ville et de se procurer en même temps des armes pour eux-mêmes ; car ils n’avaient encore que des bâtons. Le corps-de-garde (guard-house) était un bâtiment long, bas et informe (démoli en 1787), qu’une imagination capricieuse aurait pu comparer à un long limaçon noir rampant au milieu d’High-Street et nuisant au coup d’œil de sa belle esplanade. Cette formidable insurrection était si inattendue, qu’il ne s’y trouva que l’escouade ordinaire de six hommes commandés par un sergent ; il était impossible de supposer qu’une troupe si peu nombreuse pût opposer quelque résistance à une multitude si décidée.
    Il y avait en sentinelle un soldat qui (afin qu’il fût dit qu’un soldat de la garde avait fait son devoir dans cette-nuit mémorable) mit son fusil en joue, et cria au plus avancé des mutins de ne pas approcher. La jeune amazone dont Butler avait remarqué l’activité particulière, s’élança sur le factionnaire, le terrassa, et lui arracha son fusil. Un ou deux soldats qui voulaient venir au secours de leur camarade furent de même désarmés, et la populace se mit en possession du corps-de-garde sans coup férir. Il est à remarquer que, quoique ces soldats de la garde de la ville fussent ceux qui avaient tiré sur le peuple le jour de l’exécution de Wilson, aucun d’eux n’éprouva ni mauvais traitement ni insulte. Il semblait que la vengeance des insurgés dédaignât de s’exercer sur tout ce qui n’avait servi que d’instrument à cet acte arbitraire.
    Dès qu’ils furent maîtres du corps-de-garde, ils crevèrent tous les tambours qui s’y trouvaient, de peur qu’on ne s’en servît pour donner l’alarme à la garnison du château ; et, pour la même raison, ils firent cesser le bruit du leur, que battait un jeune homme, fils du tambour de Portsburgh, qu’ils avaient emmené de force ; ensuite ils distribuèrent aux plus déterminés d’entre eux les fusils, les cartouches, les baïonnettes, les sabres, les pertuisanes et les haches d’armes, dites haches de Lochaber.
    Jusqu’à ce moment, les principaux insurgés avaient gardé le silence sur le but de l’insurrection. Tous le connaissaient, le soupçonnaient au moins, aucun n’en parlait. Mais, dès que toutes ces opérations préliminaires furent terminées, on entendit s’élever un cri épouvantable : – Porteous ! Porteous ! à la Tolbooth ! à la prison !
    Ils étaient au moment d’atteindre leur but, cependant ils continuèrent à agir avec la même prudence qu’ils avaient montrée lorsque le succès était plus douteux : un détachement nombreux des insurgés se rangea devant les Luckenboots, et, faisant face à la partie inférieure de la rue, barrait tout accès du côté du levant, tandis que la partie occidentale du défilé formé par les Luckenboots était gardée de la même manière ; par ce moyen la Tolbooth étant complètement entourée de toutes parts, ceux qui devaient enfoncer les portes ne couraient aucun risque d’être interrompus.
    Cependant les magistrats avaient pris l’alarme, s’étaient assemblés dans une taverne, et cherchaient les moyens de lever une force suffisante pour réprimer l’insurrection. Les diacres ou présidens des corps des métiers, auxquels on s’adressa, déclarèrent qu’ils ne pouvaient espérer d’être utiles lorsqu’il s’agissait de sauver un homme si odieux. M. Lindsay, membre du parlement pour la ville d’Édimbourg, offrit de se charger de la tâche périlleuse de porter au colonel Moyle, commandant du régiment en quartier à Canongate, un message verbal du lord prévôt, en le requérant de forcer la porte de Netherbow, d’entrer dans la ville, et d’y rétablir le calme. Mais il refusa de se charger d’ordres par écrit, de crainte que la populace furieuse ne lui ôtât la vie si elle venait à les découvrir sur sa personne. Le résultat de cette démarche fut que le colonel, n’ayant pas de réquisition écrite des autorités civiles, et instruit par l’exemple de Porteous du danger que courait devant un jury un chef militaire qui agissait sur sa seule responsabilité, refusa de s’exposer au risque que lui ferait courir le message du prévôt.
    On envoya aussi plusieurs messages à l’officier qui commandait dans le château pour le requérir de faire marcher ses troupes, de tirer quelques coups de canon, et même de jeter une ou deux bombes

Weitere Kostenlose Bücher