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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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mort. Il supplia les factieux de considérer ce qu’ils allaient faire. – Vous n’êtes ni juges ni jurés, leur dit-il ; ni les lois de Dieu, ni celles des hommes, ne vous donnent le droit d’ôter la vie à un de vos semblables, quelque digne qu’il fût de la mort. Un magistrat légal lui-même est coupable de meurtre, s’il exécute un condamné autrement qu’au lieu, au temps et de la manière que prescrit la sentence ; à plus forte raison vous autres qui n’avez d’autre mandat que votre volonté. Au nom de celui qui est tout miséricorde, épargnez cet infortuné, et ne souillez pas vos mains de son sang ; ne commettez pas le crime que vous avez l’intention de punir.
    – Abrégez votre sermon ! s’écria un des conjurés, vous n’êtes point ici dans votre chaire.
    – Si vous bavardez davantage, lui dit un autre, nous vous pendrons avec lui.
    – Paix ! dit Wildfire, paix ! n’insultez pas ce brave homme. Il obéit à sa conscience, et je ne l’en estime que davantage. À présent, monsieur, dit-il à Butler, nous vous avons écouté avec patience, mais il faut que vous compreniez bien que rien ne peut changer notre résolution, et qu’en nous parlant c’est comme si vous parliez aux verrous et aux barres de fer de la Tolbooth. Le sang demande du sang : nous nous sommes promis par le serment le plus solennel que Porteous périrait du supplice qu’il a si bien mérité et auquel il a été justement condamné ; ainsi donc ne nous parlez plus, et préparez-le à la mort aussi bien que le permettent le peu d’instans qu’il lui reste à vivre.
    Le malheureux Porteous avait ôté son habit et ses souliers pour monter plus facilement dans la cheminée : quand on l’en avait tiré, on lui avait mis sa robe de chambre et ses pantoufles. Dans cet état, on le fit asseoir sur les mains entrelacées de deux conjurés, de manière à former ce qu’on appelle en Écosse le coussin du roi. Butler fut placé à sa droite, et on lui réitéra l’ordre de s’acquitter de son devoir, le devoir le plus pénible qu’on puisse imposer à un prêtre digne de ce nom, et qui le devenait doublement dans la circonstance particulière où se trouvaient Butler et l’infortuné qu’il était chargé d’exhorter. Porteous fit encore un appel à la pitié de ses bourreaux ; mais, voyant que les prières étaient inutiles, il se résigna à son sort avec la fermeté que lui inspiraient son éducation militaire et son caractère fier et intrépide.
    – Êtes-vous préparé pour ce terrible moment ? lui demanda Butler d’une voix presque défaillante. Tournez-vous vers celui près duquel le temps et l’espace ne sont rien ; aux yeux de qui quelques instans de vrai repentir valent la plus longue vie d’un juste.
    – Je crois que je sais ce que vous voulez dire, répondit Porteous d’un air sombre. J’ai mené la vie d’unsoldat. Si l’on m’assassine, que mes fautes retombent, comme mon sang, sur la tête de mes bourreaux !
    – Qui est-ce, s’écria Wildfire, qui était à sa gauche, qui est-ce qui, à cette même place, dit à Wilson, quand il se plaignait que la douleur que lui causaient ses fers l’empêchait de prier, que ses souffrances ne dureraient pas longtemps ?… On pourrait aujourd’hui vous payer de la même monnaie. Si donc vous ne profitez pas des exhortations de ce digne homme, n’en accusez pas ceux qui ont pour vous plus de compassion que vous n’en avez montré pour les autres.
    Le cortége se mit alors en marche d’un pas lent et solennel, à la lueur d’un grand nombre de torches et de flambeaux, car les acteurs de cette scène tragique n’affectaient pas de la couvrir des ombres du mystère, et semblaient au contraire vouloir lui donner de la publicité. Les principaux chefs entouraient le prisonnier, dont on pouvait distinguer, à la clarté des torches, les traits pâles et l’air déterminé, car on le portait de manière que sa tête était élevée au-dessus de tous ceux qui se pressaient autour de lui. Ceux des factieux qui étaient armés d’épées, de fusils et de haches d’armes, etc., marchaient sur deux files de chaque côté, comme la garde régulière de la procession. Dans toutes les rues, les fenêtres étaient garnies d’une foule d’habitans dont le sommeil avait été troublé par le tumulte de cette nuit. Presque tous semblaient frappés de surprise et de terreur à la vue de ce spectacle étrange ; quelques uns firent

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