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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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entendre quelques cris d’encouragement, mais pas un n’osait se permettre un mot, un geste d’improbation.
    Les conjurés, de leur côté, agissaient toujours avec cet air de confiance et de sécurité qui avait marqué toutes leurs démarches. Une des pantoufles de Porteous s’étant détachée de son pied, on s’arrêta pour la ramasser, on la lui remit, et l’on continua de marcher. Quand ils descendirent la rue de Bow pour se rendre au lieu fatal où ils voulaient compléter leur projet, quelqu’un dit qu’il serait bon de se pourvoir d’une corde. Aussitôt on força la porte de la boutique d’un cordier, on y choisit une corde convenable à l’usage auquel on la destinait, et le lendemain le marchand trouva une guinée sur son comptoir, tant les auteurs de cette entreprise hardie avaient à cœur de prouver qu’ils ne voulaient contrevenir à aucune loi, et que la mort de Porteous était l’unique but du soulèvement.
    Conduisant, ou pour mieux dire portant avec eux l’objet sur lequel ils voulaient assouvir leur vengeance, ils arrivèrent enfin sur la place de Grassmarket, lieu ordinaire des exécutions, théâtre du crime de Porteous, et qui devait l’être de son supplice. Plusieurs des conspirateurs, car on peut bien les nommer ainsi, s’occupèrent à lever la pierre qui couvrait le creux dans lequel on assujettissait le fatal gibet chaque fois qu’on devait en faire usage, et d’autres cherchèrent les moyens de construire une espèce de potence temporaire, car l’endroit où était déposée celle qui servait aux exécutions était situé dans un quartier trop éloigné pour qu’on pût songer à aller la chercher sans perdre beaucoup de temps et sans risque. Butler profita de ce délai pour tâcher de détourner de nouveau le peuple de ses projets sanguinaires.
    – Pour l’amour du ciel ! s’écria-t-il, souvenez-vous que c’est l’image de votre Créateur que vous voulez détruire dans la personne de cet infortuné ! Misérable comme il est, quelque coupable qu’il puisse être, il a sa part des promesses de l’Écriture, et vous ne pouvez le mettre à mort dans son impénitence, sans effacer son nom du Livre de Vie. Ne détruisez pas son âme avec son corps, donnez-lui le temps de se préparer.
    – Quel temps a-t-il donné, s’écria une voix farouche, à ceux qu’il a assassinés dans ce même lieu ? Les lois divines et humaines commandent sa mort.
    – Mais, mes chers amis, reprit Butler oubliant généreusement les risques qu’il courait lui-même, – mes chers amis, qui vous a établis ses juges ?
    – Nous ne sommes pas ses juges, répondit la même voix. Ses juges légitimes l’ont déjà condamné. Nous sommes ceux que le ciel et notre juste colère ont suscités pour mettre à exécution un jugement légal contre un meurtrier qu’un gouvernement corrompu aurait voulu protéger.
    – Je ne le suis point ! s’écria le malheureux Porteous : l’acte que vous me reprochez a eu lieu pour ma propre défense, tandis que j’étais attaqué en exerçant légalement mes fonctions.
    – Qu’il périsse ! s’écria-t-on de toutes parts, qu’il périsse !… À quoi bon perdre son temps pour faire un gibet !… Cette poutre de teinturier suffira pour l’homicide.
    Le malheureux fut livré à son sort avec une précipitation sans remords ; Butler s’en trouvant séparé, par les flots de la presse, évita l’horrible spectacle de ses derniers momens. N’étant plus surveillé par ceux qui le retenaient prisonnier, il se mit à fuir du lieu fatal sans trop s’inquiéter dans quelle direction. Une bruyante acclamation proclama le plaisir avec lequel les instigateurs de ce supplice en saluaient la consommation. Ce fut alors que Butler, à l’entrée de la rue appelée Cowgate, se détourna avec terreur, et, à la lueur rouge et sombre des torches, il distingua une figure qui s’agitait suspendue au-dessus des têtes de la multitude ; cette vue était de nature à redoubler son horreur et à hâter sa fuite. La rue dans laquelle il courait aboutit à l’une des portes de la cité du côté du couchant. Butler ne s’arrêta qu’à cette porte, mais il la trouva fermée ; il attendit en se promenant près d’une heure en long et en large, dans un trouble inexprimable. Enfin il prit le parti d’appeler les gardiens épouvantés. Ceux-ci furent alors libres de reprendre tranquillement leurs fonctions. Butler leur demanda d’ouvrir ; ils

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