Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
des Écossais de la classe inférieure sont ordinairement gâtés par l’imprudente complaisance de leurs parens. Je m’en rapporte à l’histoire instructive et intéressante de l’aimable auteur de Glenburnie {37} , qui a donné assez de détails là-dessus pour en dispenser tous les écrivains présens et futurs. Effie avait éprouvé l’effet de cette tendresse inconsidérée ; toute l’austérité de son père ne pouvait condamner les jeux de l’enfance, et aux yeux du bon vieillard sa plus jeune fille parut encore un enfant plus d’une année après qu’elle eut atteint l’âge d’une femme faite. Il continuait à l’appeler la petite fille, sa petite Effie, et lui permettait d’aller seule partout sans aucune contrainte, excepté les jours de dimanche ou les heures consacrées aux prières de famille. Sa sœur, avec tout l’amour et toute la surveillance d’une mère, ne put garder la même autorité, à mesure qu’Effie dans sa vanité crut pouvoir prétendre à être indépendante. Malgré l’innocence et la bonté de son caractère, le Lis de Saint-Léonard avait un fonds assez considérable d’amour-propre et d’obstination, et la liberté illimitée dont elle s’était accoutumée à jouir dès son enfance lui avait donné un certain degré d’irritabilité qui faisait qu’elle ne pouvait supporter la moindre contradiction. Une scène d’intérieur du cottage fera encore mieux apprécier son caractère.
    Effie venait d’atteindre sa dix-septième année, quand un soir que son père était dans la vacherie, occupé de ces animaux utiles et patiens d’où provenait son revenu, Jeanie commença à être inquiète de voir la nuit s’approcher sans que sa sœur fût de retour. Elle craignit qu’elle ne fût pas rentrée lorsque son père reviendrait pour la prière du soir, qu’il faisait toujours en commun avec ses deux filles, en présence de ses domestiques et de ses inférieurs ; et elle savait que l’absence d’Effie lui causerait un véritable déplaisir. Ses inquiétudes étaient d’autant plus vives, qu’elle avait remarqué que depuis quelque temps sa sœur sortait tous les jours à la même heure, sous prétexte d’une promenade, et que la durée de cette promenade, qui n’était d’abord que d’un quart d’heure, s’était insensiblement prolongée jusqu’à durer des heures entières ; mais ce jour-là elle avait été absente presque toute la soirée. Jeanie allait à chaque instant à la porte, et, plaçant une main devant ses yeux pour éviter les derniers rayons du soleil couchant, elle regardait de tous côtés pour apercevoir la taille de nymphe de sa sœur. Il y avait un mur et un échalier qui séparaient de la grande route le domaine royal ou Parc du roi, comme on l’appelle. Jeanie tournait souvent les yeux de ce côté, lorsqu’elle vit deux personnes sortir de derrière le mur, où elles paraissaient s’être promenées pour éviter d’être observées. L’une était un homme qui, dès qu’il se trouva sur le grand chemin, tourna sur la gauche, et s’éloigna à grands pas ; l’autre, prenant sur la droite, entra dans le sentier qui conduisait à Saint-Léonard. C’était Effie. Abordant sa sœur avec cet air de vivacité affectée que les femmes, surtout celles de sa classe, savent si bien prendre quelquefois pour cacher la surprise et la confusion, elle se mit à chanter :
    Le prince des lutins était sous la feuillée.
    – Le genêt croît, le genêt va fleurir. –
    Survint bientôt une dame enjouée…
    Nous n’osons plus jusqu’au genêt venir.
    – Chut, Effie, lui dit sa sœur, notre père va revenir de la vacherie. – Ces mots interrompirent le chant. Jeanie continua : – Où avez-vous été, que vous revenez si tard ?
    – Il n’est pas tard, Jeanie.
    – Huit heures sont sonnées à toutes les horloges de la ville, et le soleil a disparu derrière les monts Corstorphines ; où avez-vous donc été si tard ?
    – Nulle part, répondit Effie.
    – Et avec qui étiez-vous derrière l’échalier ?
    – Avec personne.
    – Nulle part ! Personne ! Je voudrais, Effie, que vous eussiez été dans un endroit et avec des gens que vous pussiez avouer.
    – Et qu’avez-vous besoin d’espionner les gens ? reprit Effie ; si vous ne me faisiez pas de questions, je ne vous dirais pas de mensonges. Est-ce que je vous demande ce qui amène ici tous les jours le laird de Dumbiedikes, qui vous regarde toujours avec

Weitere Kostenlose Bücher