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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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quoique commençant à grisonner. Sa physionomie annonçait unfripon plutôt qu’un scélérat ; on y distinguait plus d’astuce que de férocité. Ses yeux noirs et vifs, son regard effronté, son sourire sardonique, lui donnaient ce qu’on appelle vulgairement un air subtil, ce qui veut dire généralement une disposition à la friponnerie. Dans une foire ou sur un marché, on l’aurait pris sans hésiter pour un maquignon bien au fait de toutes les ruses de son métier ; mais, en le rencontrant dans un lieu écarté, on n’en aurait appréhendé aucune violence. Il portait un habit boutonné de haut en bas, ou cache-coquin, comme on l’appelait alors, avec de larges boutons de métal, des guêtres bleues, et un chapeau rabattu. En lui mettant un fouet sous le bras, on aurait complété le véritable costume du métier.
    – Vous vous nommez James Ratcliffe ? lui dit le magistrat.
    – Oui, sauf le bon plaisir de Votre Honneur.
    – C’est-à-dire que vous en trouveriez un autre, si celui-là ne me convenait point ?
    – Vingt à choisir, sauf votre bon plaisir.
    – Enfin, James Ratcliffe est celui que vous vous donnez aujourd’hui ? Eh bien ! quel métier faites-vous ?
    – Je ne sais pas trop si je fais ce que Votre Honneur appelle un métier.
    – Mais quels sont vos moyens de vivre ? Quelles sont vos occupations ?
    – Bah ! bah ! bah ! Votre Honneur sait cela tout aussi bien que moi !
    – Peu importe, il faut que vous me le disiez.
    – Moi dire cela ! et le dire à Votre Honneur ! Sauf votre bon plaisir, vous ne connaissez guère James Ratcliffe.
    – Point d’évasion, monsieur ; j’insiste pour que vous me répondiez.
    – Eh bien, puisque Votre Honneur l’exige, il faut décharger ma conscience ; car, voyez-vous, je suis ici, sauf votre bon plaisir, pour vous demander une faveur. Vous voulez savoir quelles sont mes occupations ? Ce n’est pourtant pas trop une chose à dire dans une salle comme celle-ci. Mais, qu’est-ce que dit le huitième commandement ?
    – Tu ne déroberas point, répondit le magistrat.
    – En êtes-vous bien sûr ? Alors mes occupations et ce commandement ne sont guère d’accord ; mais ce n’est pas ma faute, on me l’a toujours fait lire ainsi : Tu déroberas ; et, quoiqu’il n’y ait que deux petits mots d’oubliés, cela fait une grande différence.
    – En un mot, Ratcliffe, vous vous êtes notoirement livré au vol ?
    – Je crois, sauf votre bon plaisir, répondit Ratcliffe avec autant d’effronterie que de sang-froid, que toute l’Écosse sait cela, montagnes et basses-terres, sans parler de l’Angleterre et de la Hollande.
    – Et quelle fin croyez-vous qu’auront vos occupations ?
    – Si Votre Honneur m’avait fait hier cette question, je crois que j’aurais pu y répondre assez juste, mais aujourd’hui je ne sais encore trop qu’en dire.
    – Et quelle réponse auriez-vous faite hier à cette question ?
    – La potence, répondit Ratcliffe de l’air le plus calme.
    – Vous êtes un hardi coquin ! Et qui peut vous faire croire que votre sort est changé aujourd’hui ?
    – C’est que, sauf le bon plaisir de Votre Honneur, il est différent d’être détenu en prison sous une condamnation à mort ou d’y rester de bonne volonté quand on peut en sortir. Qu’est-ce qui m’empêchait hier de m’en aller avec ceux qui sont venus chercher Porteous ? Votre Honneur croit-il que j’y sois resté pour le plaisir de me faire pendre ?
    – Je ne sais quels ont été vos motifs pour y rester, mais ce que je sais, c’est que la loi vous a condamné à être pendu, et que vous serez exécuté de mercredi en huit.
    – Non, non, non ! dit Ratcliffe en secouant la tête, Votre Honneur veut s’amuser ; je ne le croirai que lorsque je le verrai. Je connais la loi depuis long-temps ; ce n’est pas la première fois que j’ai affaire à elle, et j’ai toujours trouvé qu’elle fait plus de bruit que de mal, qu’elle aboie plus qu’elle ne mord.
    – Mais, si vous ne vous attendez pas à la potence à laquelle vous êtes condamné, me ferez-vous la grâce de me dire quelles sont vos espérances pour n’avoir pas pris la volée avec les autres oiseaux de nuit que vous aviez pour compagnons ? J’avoue que je n’attendais pas de vous une telle conduite.
    – Il est bien vrai que je ne serais pas resté une minute dans cette vieille vilaine maison, si je ne m’étais pris de fantaisie

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