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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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Ce lieu a déjà vu commettre un crime, il va être témoin d’un autre si vous refusez de prêter le serment que j’exige de vous.
    En parlant ainsi, il montra sa main armée d’un pistolet.
    La fuite était impossible, les cris auraient été inutiles, la malheureuse Jeanie tomba à genoux, et le supplia d’épargner sa vie.
    – Est-ce là tout ce que vous aviez à me dire ?
    – Ne trempez pas vos mains dans le sang d’une créature sans défense, qui a eu confiance en vous, dit Jeanie toujours à genoux.
    – Est-ce là tout ce que vous pouvez me dire, pour sauver votre vie ?… Voulez-vous la mort de votre sœur ?… Voulez-vous me forcer à répandre encore du sang ?
    – Je ne puis promettre que ce que la religion permet.
    Une nouvelle fureur parut transporter l’inconnu, et il s’avança contre Jeanie le bras armé du pistolet.
    – Que le ciel vous pardonne !… et elle se couvrit les yeux avec les mains.
    – Damnation ! s’écria l’étranger… Écoutez, écoutez-moi… Je suis un scélérat plongé dans le crime ; mais pas assez avant pour vouloir vous assassiner… Je ne voulais que vous effrayer !… Elle ne m’entend pas !… Elle est morte !… Encore un crime de plus !… Grand Dieu ! Misérable que je suis !
    Jeanie, après une angoisse qui avait l’amertume de celle de la mort, avait recouvré ses sens pendant qu’il parlait ainsi, et son courage, d’accord avec sa raison, lui fit voir qu’il n’en voulait point à ses jours.
    – Non, lui répéta-t-il, je ne veux point avoir à me reprocher votre mort avec celle de votre sœur et de son enfant. Tout furieux, tout désespéré que je suis, quoique livré à un mauvais génie, quoique à jamais perdu, je ne vous ferais pas le moindre mal pour me procurer l’empire de la terre. Mais jurez que vous suivrez mes avis… Prenez ce pistolet, arrachez-moi une vie que je déteste, vengez les injures de votre sœur ; mais suivez la marche, la seule marche qui puisse la sauver.
    – Hélas ! est-elle innocente ou coupable ?
    – Elle est innocente ; elle n’a rien à se reprocher… rien que d’avoir eu trop de confiance en un misérable… Et cependant, sans ceux qui sont plus méchans que je ne le suis… oui, plus méchans que je ne le suis, quoique je le sois bien assez… ce malheur ne serait pas arrivé.
    – Et l’enfant de ma sœur vit-il encore ?…
    – Non, il est assassiné !… le nouveau-né a été barbarement assassiné !… mais sans qu’elle y eût consenti, sans qu’elle en fût informée.
    – Et pourquoi le coupable n’est-il pas livré à la justice, au lieu de laisser périr l’innocence ?
    – Ne me tourmentez pas de questions inutiles, répondit-il d’un air sombre et farouche… Ceux qui ont commis le crime ne craignent rien, ils sont à l’abri de toutes poursuites… Vous seule avez le pouvoir de sauver Effie.
    – Malheureuse que je suis ! et comment le pourrais-je ? demanda Jeanie avec désespoir.
    – Écoutez-moi. Vous avez du bon sens, vous me comprendrez facilement. Votre sœur est innocente du crime dont on l’accuse.
    – Et j’en bénis le ciel, dit Jeanie.
    – Silence, écoutez-moi ! s’écria l’étranger en fronçant le sourcil. Taisez-vous, et écoutez. La personne qui a veillé votre sœur malade a assassiné l’enfant à l’insu de sa mère… Il n’a reçu le jour que pour le perdre. C’est peut-être un bonheur pour lui… Mais Effie est innocente comme son propre enfant ; et cependant la loi la condamne ; il est impossible de la sauver.
    – On ne peut donc découvrir les misérables, les livrer à la justice ? dit Jeanie.
    – Croyez-vous persuader à ceux qui sont endurcis dans le crime, de mourir pour en sauver un autre ? – Est-ce là tout ce que vous savez ?
    – Mais vous disiez qu’il y avait un moyen, s’écria de nouveau la malheureuse Jeanie.
    – Il y en a un, et il ne dépend que de vous. Écoutez bien. La loi est précise, on ne peut parer le coup qu’elle va frapper ; mais il est possible de l’éluder. Elle déclare votre sœur coupable d’infanticide, parce qu’elle a caché sa grossesse ; elle n’exige pas d’autre preuve. Mais, si quelqu’un déclare qu’elle lui a fait confidence de son état, l’affaire change de face ; il faut qu’on prouve le crime dont on l’accuse ; et la chose est impossible, puisqu’elle en est innocente. Maintenant vous devez m’entendre. Vous avez vu plus d’une

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