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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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fois votre sœur pendant l’époque qui a précédé la naissance de son enfant. Cela seul suffit, d’après leur jargon, pour mettre le cas hors du statut, car on écarte ainsi l’accusation de réticence. Je connais leur jargon, et pour mon malheur, je vous dis donc que le secret gardé sur la grossesse est essentiel pour constituer le délit contre le statut. Il était bien naturel qu’elle vous confiât sa situation… Je suis certain qu’elle l’a fait. Réfléchissez !
    – Hélas ! malheureuse, dit Jeanie, jamais elle ne m’en a parlé. Quand je lui demandais la cause du dépérissement de sa santé, de la perte de sa gaieté, elle ne me répondait que par ses larmes.
    – Je vous dis qu’il faut que vous vous rappeliez que vous lui avez fait des questions à ce sujet ; qu’elle vous a répondu qu’elle avait été abusée par un misérable, un cruel, un barbare… tous les noms que vous voudrez ; qu’elle portait dans son sein les suites de sa faute ; que son séducteur lui avait promis de veiller à sa sûreté et à celle de son enfant. Oui, ajouta-t-il avec un ton d’ironie déchirante, et en se frappant la tête, il a bien rempli sa promesse ! Vous en souviendrez-vous ? ajouta-t-il d’un ton plus calme ; voilà tout ce qu’il s’agit de dire.
    – Comment pourrais-je me souvenir, répondit-elle avec simplicité, de ce dont elle ne m’a pas dit un seul mot ?
    – Êtes-vous donc si bornée ? Avez-vous donc l’intelligence si dure ? s’écria-t-il d’un ton de colère, en lui saisissant le bras et la serrant fortement. Je vous répète (ajouta-t-il en serrant les dents et à demi-voix, mais avec énergie) qu’il faut que vous vous souveniez qu’elle vous a dit tout cela, quand même elle n’en aurait jamais prononcé une syllabe. Il faut que vous répétiez cette histoire, dans laquelle il n’y a pas un mot qui ne soit vrai, excepté qu’elle ne vous a pas été confiée, il faut que vous la répétiez devant les juges, – ce tribunal criminel, – n’importe comme ils appellent leur cour sanguinaire. Il faut que vous les empêchiez d’être des meurtriers, et votre sœur d’être leur victime. N’hésitez pas ! Je vous jure qu’en parlant ainsi vous ne direz que la pure vérité.
    – Mais, répondit Jeanie, dont le jugement discerna sur-le-champ le sophisme de ce raisonnement, on me fera prêter serment sur la chose pour laquelle on a besoin de mon témoignage ; car c’est le secret gardé par Effie sur sa grossesse qui fait son crime, et vous voulez me faire dire un mensonge sur ce point.
    – Je vois bien, dit-il avec un dépit concentré, que je vous avais d’abord bien jugée. Vous laisserez périr sur l’échafaud votre malheureuse sœur, malgré son innocence, plutôt que de prononcer un seul mot qui pourrait la sauver ?
    – Je donnerais tout mon sang pour racheter sa vie, dit Jeanie en versant des larmes amères ; mais je ne puis faire que le mensonge devienne la vérité.
    – Fille extravagante ! sœur dénaturée ! craignez-vous de courir quelque risque ? Les ministres de la loi acharnés après la vie des autres comme les lévriers après les lièvres, se réjouiront de voir échapper une créature si jeune et si belle. Ils vous croiront, ou s’ils doutent de votre véracité, ils vous pardonneront ; ils vous trouveront même digne d’éloges, à cause de votre tendre affection pour votre sœur.
    – Ce ne sont pas les hommes que je crains, dit Jeanie en levant les yeux au ciel, c’est le Dieu dont je prendrais le nom à témoin de la vérité de ce que je dirai, en sachant que je profère un mensonge.
    – Ne connaîtra-t-il pas vos motifs ? Ne saura-t-il pas que vous parlez ainsi pour sauver l’innocence, pour empêcher un crime légal, plus horrible encore que celui qu’on prétend punir ?
    – Il nous a donné une loi, dit Jeanie, qui doit nous servir de flambeau pour nous éclairer dans le droit chemin. Si nous nous en écartons, nous péchons contre notre conscience. Nous ne devons pas faire le mal, même pour qu’il en résulte un bien. Mais vous, vous qui aviez promis à Effie, dites-vous, de veiller à sa sûreté, vous qui connaissez la vérité de tout ce que vous venez de me dire, et qu’il faut que je croie sur votre parole, pourquoi n’allez-vous pas rendre un témoignage public à son innocence ? Vous pouvez le faire avec une conscience pure.
    – À qui parlez-vous de conscience pure ? s’écria

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