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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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trop sûr qu’il nous entendra), il prendra la fuite, et nous échappera facilement. Je donnerais pourtant de bon cœur cent livres sterling pour le prendre, pour l’honneur de la police, et parce que le prévôt dit qu’il faut pendre quelqu’un dans cette affaire de Porteous, quoi qu’il en arrive.
    – Je crois, dit Ratcliffe, que nous pouvons parler à Madge, et je vais tâcher de la forcer à plus de silence ; mais d’ailleurs s’il l’entend fredonner ses vieilles chansons, il ne croira pas pour cela qu’elle ne soit pas seule.
    – Cela est assez vraisemblable ; et s’il croit qu’elle est seule, il est même possible qu’il vienne à sa rencontre au lieu de la fuir. Allons, messieurs, en avant, ne perdons pas de temps, et surtout grand silence. Que la folle seule parle, puisqu’on ne peut la faire taire. Ratcliffe, faites en sorte qu’elle ne nous égare point.
    – Et comment Muschat et sa femme vivent-ils ensemble maintenant ? demanda Ratcliffe à Madge pour entrer dans l’humeur de sa folie ; – ils ne faisaient pas trop bon ménage autrefois, si l’on dit vrai.
    – Oh ! dit-elle d’un ton d’une commère qui raconte l’histoire de ses voisins, ils ne songent plus au passé. Je leur ai dit que ce qui est fait est fait. Cependant la femme a son gosier dans un triste état : elle le couvre de son linceul pour qu’on ne voie pas la blessure ; mais cela n’empêche pas le sang de couler. Je lui avais conseillé de le laver dans la source de Saint-Antoine ; et si le sang peut se laver, c’est là ; mais on dit que le sang ne s’efface jamais sur un linceul : la nouvelle eau à nettoyer le linge, du diacre Sanders, n’y pourrait rien. Je l’ai essayé moi-même sur un linge teint du sang d’un enfant qui avait été blessé quelque part : rien ne put l’effacer. Vous direz que c’est drôle ; mais je veux le porter à la source Saint-Antoine, et, dans une belle nuit comme celle-ci, j’appellerai Ailie Muschat ; elle et moi nous ferons une grande lessive, et nous étendrons notre linge au clair de la bonne lune, que j’aime mieux que le soleil : celui-ci est trop chaud pour ma pauvre tête. Mais la lune, la rosée, le vent et la nuit sont un baume frais sur mon front ; et parfois je pense que la lune ne brille que pour mon plaisir, et ne se fait voir qu’à moi.
    En tenant ces discours inspirés par la folie, elle marchait avec rapidité, tenant par le bras et entraînant Ratcliffe, qui l’engageait ou plutôt qui avait l’air de l’engager à parler plus bas.
    Tout-à-coup elle s’arrêta sur le sommet d’une petite hauteur, et, fixant les yeux sur le ciel, elle resta immobile deux ou trois minutes.
    – À qui diable en a-t-elle maintenant ? dit Sharpitlaw à Ratcliffe ; ne pouvez-vous pas la faire avancer ?
    – Un moment de patience, monsieur : elle ne fera pas un pas plus vite qu’elle ne l’a mis dans sa tête.
    – De par tous les diables ! j’aurai soin qu’elle fasse une visite à Bedlam ou à Bridewell {66} , ou dans ces deux endroits ; car elle est aussi méchante que folle.
    En s’arrêtant, elle avait l’air pensif ; tout-à-coup elle partit d’un grand éclat de rire ; enfin, ayant soupiré, elle chanta, les yeux tournés vers la lune :
    Lune, chère lune, bonsoir !
    Ne te cache pas, je t’en prie :
    Qu’à ta clarté je puisse voir
    L’amant par qui je suis chérie.
    – Mais qu’ai-je besoin de demander cela à la bonne dame Lune ? je le connais bien, quoiqu’il ait été infidèle… Mais personne ne dira que j’en ai parlé. Si l’enfant… mais il y a un ciel au-dessus de nous (ici elle soupira amèrement), et une belle lune dans le ciel pour nous éclairer, ajouta-t-elle avec un grand éclat de rire.
    – Ratcliffe ! s’écria Sharpitlaw, resterons-nous ici toute la nuit ? faites-la donc marcher.
    – C’est fort aisé, monsieur, mais de quel côté ? Si je ne la laisse pas choisir son chemin, elle est fille à nous égarer. Eh bien ! Madge, lui dit-il, si nous n’avançons pas, nous arriverons trop tard pour voir Muschat et sa femme : si vous ne nous montrez le chemin, ils seront endormis.
    – C’est vrai, Ratton, marchons. Et elle se mit à marcher à si grands pas, que Sharpitlaw et ses gens pouvaient à peine la suivre.
    – Savez-vous bien, Ratton, continua-t-elle, que Muschat sera bien content de vous voir. Il sait qu’il n’y a pas sur la terre un plus grand coquin que vous ; et vous

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