Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
connaissez le proverbe : qui se ressemble s’assemble. Vous êtes une paire de favoris du diable, et je voudrais bien savoir qui des deux mérite le coin le plus chaud de son feu.
    Ratcliffe protesta contre une telle association. – Je n’ai jamais versé le sang, lui dit-il.
    – Mais vous l’avez vendu, Ratton, vous l’avez vendu plusieurs fois. On tue avec la langue comme avec le poignard.
    Le boucher à face vermeille,
    Avec ses bouts de manche bleus,
    Vous vendra d’un air tout joyeux
    Le mouton qu’il tua la veille.
    – Et que fais-je en ce moment ? pensa Ratcliffe. Mais je ne vendrai pas le sang de Robertson, si je puis m’en dispenser. Madge, lui dit-il tout bas, est-ce que vous avez oublié toutes vos ballades ?
    – Oh ! que j’en sais de jolies ! dit Madge, et comme je les chante ! car joyeuse chanson rend le cœur joyeux ; et elle chanta :
    Blottissez-vous, pauvre alouette,
    Le faucon plane dans les airs ;
    Daims, cherchez des taillis couverts,
    La meute cruelle vous guette.
    – Faites taire cette maudite folle, Ratcliffe, s’écria Sharpitlaw, quand vous devriez l’étrangler ! J’aperçois quelqu’un là-bas. Allons, mes enfans, tournez le revers de la hauteur. Georges Poinder, restez avec Ratcliffe et cette chienne enragée. Vous autres deux, tournez par ici avec moi sous l’ombre de la montagne.
    Ratcliffe le vit s’avancer en prenant toutes les précautions d’un chef de sauvages indiens qui conduit sa troupe-pendant la nuit pour surprendre un parti ennemi qui ne l’attend point, faisant même un détour pour éviter le clair de lune, et se cacher le plus long-temps possible sous l’ombre de la montagne.
    – Robertson est perdu ! pensa-t-il. Que diable aussi a-t-il à dire à cette Jeanie Deans, ou à toutes les femmes du monde, pour exposer son cou avec elle ! Et cette infernale folle qui, après avoir caqueté toute la nuit comme une poule de paon, se tait juste quand son caquetage aurait pu faire quelque bien ! Mais il en est toujours de même avec les femmes ; si elles font jouer leurs langues, vous êtes sûr que c’est pour quelque malheur. Je voudrais bien la remettre en train sans que ce suceur de sang y prît garde ; mais il est aussi fin que l’alène de Mackeachan, qui, à travers six bandes de cuir, pénétra de six lignes dans le talon du roi.
    Il commença alors à fredonner à voix basse le premier vers d’une ballade favorite de Madge Wildfire, qui avait quelque rapport éloigné avec la situation de Robertson, espérant que la folle continuerait le couplet :
    Un limier court sous le feuillage,
    Je vois de loin briller l’acier ;
    La jeune fille est sous l’ombrage,
    Elle chante un refrain guerrier.
    Madge n’eut pas plus tôt entendu ces vers, qu’elle prouva à Ratcliffe que sa sagacité avait deviné juste en continuant :
    Quand je vois à votre poursuite
    Courir des ennemis armés,
    Et quoi ! sir James, vous dormez !
    Sir James, réveillez-vous vite.
    Quoique Ratcliffe fût encore à une grande distance de la butte de Muschat, ses yeux, habitués comme ceux d’un chat à distinguer les objets dans l’obscurité, virent que Robertson avait pris l’alarme ; mais ni Georges Poinder moins clairvoyant ou moins attentif, ni Sharpitlaw et ses acolytes ne purent s’apercevoir de sa fuite, quoique ceux-ci fussent plus près de la butte, dont le terrain inégal leur interceptait la vue. Enfin, au bout de quelques minutes, Ratcliffe entendit Sharpitlaw s’écrier de toutes ses forces, avec une voix aigre comme le son d’une scie : – Il est parti ! je l’ai vu sur le rocher. En chasse, mes amis ! ici ! vite à moi ! Et continuant à donner ses ordres à son arrière-garde, il ajouta : Ratcliffe, venez ici et retenez la femme ; – Georges, courez et suivez la haie de la promenade du duc {67} . Ratcliffe ! vite à moi ! mais assommez d’abord cette chienne enragée !
    – Je vous conseille d’avoir recours à vos jambes, Madge, lui dit Ratcliffe ; il n’est pas bon de se frotter à un homme en colère.
    Malgré la folie de Madge, il lui restait encore assez de bon sens pour profiter de cet avis, et il ne fut pas nécessaire de le lui répéter deux fois.
    Cependant Ratcliffe courut à Sharpitlaw en affectant tout l’empressement du zèle et de l’obéissance, et celui-ci, qui avait fait une prisonnière, l’attendait avec impatience pour la lui donner en garde. Ainsi toute la bande se sépara, courant dans

Weitere Kostenlose Bücher