Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Régente noire

Titel: La Régente noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
Vom Netzwerk:
ce projet de mariage ne m’appartient pas.
    — Vous voulez dire que ce n’est pas votre idée ? Mais de qui donc ?
    — De votre mère elle-même.
    — Que dites-vous ? Ma mère...
    — Je vous en donne ma parole.
    — Madame aurait l’intention...
    — Madame envisage de faire sa demande pour Noël. Seulement elle aurait aimé, avant de se déclarer, connaître le sentiment de ses enfants – et notamment celui du roi.
    — Le sentiment de mon frère ? Sur une union entre notre mère et celui qu’elle accuse, depuis des mois, de tous les maux de la terre !
    Marguerite était sans voix. Duprat, plutôt content de son effet, posa les poings sur ses hanches.
    — Alors, pensez-vous pouvoir convaincre le roi de l’intérêt de ce nouvel arrangement ?
    La duchesse d’Alençon ne répondit pas. En elle, un amusement sincère venait de faire place au plus complet effarement.
    1 - Attendez !

Chapitre II
    Hiver 1522
    Château de Saint-Germain.
    D ebout à l’entrée de l’oratoire, la dame de quartier attendait que Madame eût achevé son chapelet. La malheureuse frissonnait, en dépit du brasero censé maintenir une température acceptable ; en vérité elle tombait de sommeil, ayant dû veiller toute la nuit tandis que sa maîtresse repassait, feuille à feuille, de grands recueils d’édits et d’ordonnances. Car si François I er régnait, c’est bien sa mère qui tenait les rênes du pouvoir.
    Louise de Savoie était agenouillée sur son prie-dieu, dans la pénombre. Son corps disparaissait sous le drapé d’un manteau de velours noir aux plis majestueusement cassés ; son crâne était dissimulé par un imposant chaperon. Pourtant on devinait, sous cet amas d’étoffes, une présence étrangement forte.
    Madame eut un geste à peine visible pour signifier que l’on pouvait s’approcher d’elle, à présent, et l’aider à se relever. La dame s’y employa humblement, veillant à ne pas monter sur le manteau très encombrant.
    — Semblançay... lâcha Louise à mi-voix, comme si la méditation l’avait privée de l’énergie nécessaire au train de ce bas monde.
    — Il patiente dans le couloir, madame, depuis un quart d’heure déjà.
    Un très léger sourire détendit les traits de la mère du roi, sans qu’on pût dire s’il traduisait son contentement envers un grand commis ponctuel, ou son plaisir de l’avoir fait attendre. Madame quitta l’oratoire.

    — Eh bien, mon ami, lança-t-elle d’une voix privée de timbre. Avez-vous repensé à nos affaires ?
    Le vieux baron de Semblançay assurait aussi bien la gestion du Trésor que celle des caisses particulières du souverain et de sa mère. Noble d’aspect, ferme et droit, il aurait pu en remontrer sur l’allure à bien des chevaliers ; du reste, les marchands, banquiers et autres gens de finance le comptaient moins pour un des leurs que pour le représentant suprême des intérêts de l’État.
    — Madame, dit-il de sa voix grave et sonore, habituellement rassurante, je ne vous cacherai pas que la situation se révèle des plus critiques. L’argent vient à manquer sur tous les fronts, le crédit public est partout pris en défaut. Autant vous dire que les caisses sont vides !
    La mère du roi ne s’émut pas. Elle s’appuya, pour descendre quelques marches, au bras du vieux baron.
    — Vous me servez depuis sept ans la même rengaine.
    — Cette fois, madame, c’est bien pis. Toutes ces armées en campagne contre l’empereur Charles Quint nous coûtent terriblement... J’ai le regret de vous le dire : nos trésoriers sont aux abois.
    — Puis-je avancer des fonds à la Couronne ? Ce ne serait pas la première fois.
    — Vous avez déjà beaucoup prêté, madame... Moi-même, du reste, je n’ai fait, ces derniers temps, qu’accumuler créance sur créance...
    — Je sais ! Cette rengaine aussi, vous me l’avez souvent servie.
    Jacques de Semblançay serra les mâchoires, comme s’il prenait sur lui de ne pas répliquer à tant d’ingratitude. Madame vrilla d’un seul coup son regard dans le sien.
    — Où trouver de nouvelles ressources ? demanda-t-elle. Nous avons partout augmenté les tailles et les aides... Le peuple gémit sous l’impôt... Il n’y a guère que l’Église qui n’ait pas été sollicitée.
    — Or je ne vois pas bien comment on la solliciterait !
    Madame resta impénétrable.
    — Et si mon fils se résolvait à déposer les armes ? Et si cette passion qu’il s’est trouvé

Weitere Kostenlose Bücher