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La Régente noire

Titel: La Régente noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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mari a récompensé sur-le-champ ?
    — Ce n’est que son demi-frère, madame. Et ces jeunes gens n’avaient croisé la chasse que par hasard. Or, justement : j’ai appris hier que leur père, le chevalier de Coisay, mort l’an dernier, était fort suspect d’hérésie. On le disait lecteur de Luther, et son adepte.
    Sans répondre, Marguerite s’approcha de la fenêtre et l’ouvrit en grand ; le chant ténu d’un rossignol montait du jardin.
    — Vous l’entendez ? Il m’a charmée tout l’été, sans que j’aie seulement pu l’apercevoir. Il s’en ira bientôt... Et je n’aurai connu que ses vocalises...
    Le chancelier fronça les sourcils. La duchesse d’Alençon s’expliqua.
    — Votre jeune hérétique est pour moi comme cet oiseau, dit-elle. J’admire ses prouesses et pour le reste, j’ignore tout de lui... Mais que diriez-vous de descendre au jardin ? Le soleil se lève, l’instant est choisi.

    Ils marchèrent un moment sous des berceaux de glycine et de chèvrefeuille. Comme son frère, François I er , et sa mère Louise de Savoie, la princesse Marguerite était d’une taille presque démesurée. Aussi formait-elle avec le chancelier Duprat, petit et rondouillard, une paire assez comique.
    — J’imagine, monsieur, que vous n’êtes pas venu chez moi si tôt pour me parler d’un écuyer...
    — Non, madame, en effet.
    — Je suppose que vous souhaitez, une fois encore, que j’appuie vos idées auprès de mon frère.
    — La sagacité de la princesse...
    — De qui ou de quoi s’agit-il, cette fois-ci ?
    — Il s’agit du connétable de Bourbon. Et de la succession de son épouse, cruciale pour le devenir de la Couronne.
    La duchesse d’Alençon soupira. Duprat éternua plusieurs fois d’affilée. Il fit quelques détours afin d’évoquer les droits de Madame à l’héritage de la duchesse de Bourbon, mais aussi les intérêts bien compris du connétable. Puis il entra dans le vif du sujet.
    — Le connétable est veuf ; or il est jeune encore...
    — Ne me le vendez pas, mon cher ; je suis déjà mariée !
    — Princesse, qu’allez-vous chercher là ?
    — Je m’attends à tout.
    — Justement... Il y aurait, semble-t-il, dans cette affaire de succession, une solution qui mettrait tout le monde d’accord, et protégerait les intérêts du connétable sans léser ceux de Madame et du roi. Simplement, l’idée en est quelque peu audacieuse...
    La princesse s’arrêta de marcher.
    — Vous avouerai-je que vous piquez ma curiosité ?
    — Vraiment ? Il se trouve que Madame, votre mère, est veuve, elle aussi... L’on se disait...
    — Quoi donc ?
    Une ombre d’inquiétude voila le visage de Marguerite. Celui du chancelier trahissait un homme envahi par la gêne.
    — Eh bien, l’on se disait que si votre mère venait à épouser le connétable, tout rentrerait peut-être dans l’ordre...
    Marguerite demeura un moment silencieuse, comme interdite ; puis elle partit d’un rire inattendu, un rire si communicatif qu’il se propagea même à son visiteur.
    Quand ils eurent, tous deux, repris leur sérieux, Marguerite se tamponna les yeux de ses longues manches.
    — Vous m’avez surprise, je l’avoue... Si je ne m’abuse, le connétable est tout à fait de ma génération ; et vous envisagez de le donner en mariage à Madame ! Madame qui s’est jurée de tout lui prendre et ne cesse, depuis des mois, de lui chercher querelle ! Madame qui, pour un peu, serait en âge d’être sa mère aussi sûrement qu’elle est la mienne !
    Elle aurait voulu rire encore. Le chancelier avait retrouvé sa sévérité coutumière.
    — Votre réserve est bien naturelle, concéda-t-il. En même temps... Considérez, s’il vous plaît, les avantages d’une telle alliance ! La puissance de monseigneur, d’une menace pour la Couronne, deviendrait sa plus sûre garantie... Quant à la succession de feue la duchesse, elle serait heureusement réglée, votre mère obtenant par mariage ce que le connétable lui refuse aujourd’hui par d’autres voies.
    — Vos combinaisons sont un enchantement pour l’esprit, monsieur. Mais Dieu, qu’elles font peu de cas des penchants naturels et des affinités !
    — Madame, s’offusqua le chancelier de France, il est bien question ici d’affinités !
    Un courant d’air frais les surprit. Marguerite remonta son col de zibeline, tandis que Duprat faisait le dos rond.
    — Et puis... Pour vous parler tout net, madame, sachez que

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