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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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des
souterrains qui débouchaient loin des courtines, dans des cabanes de briques
crues à l’apparence de modestes resserres, dissimulées dans des bosquets de
jujubiers. Des issues bien utiles lors des sièges.
    Il était
convenu qu’Akébo, Makéda et Tan’Amar utiliseraient un passage, Himyam et
Kirisha un autre, chacun avec des escortes d’une demi-douzaine d’hommes. Des
chameaux harnachés pour une course sans retour attendaient dans les champs
d’orge voisins.
    Mais
gardes et chameaux durent patienter plus que prévu. Makéda, fille d’Akébo le
Grand, se refusait à partir.
    Lorsque,
réveillée, elle avait appris qu’il fallait fuir, Makéda avait hurlé de colère.
Kirisha n’avait pu la faire taire. Akébo dut venir s’agenouiller devant sa
fille.
    — Tu
m’as fait une promesse et tu ne la tiens pas ! l’accusa Makéda, les joues
ruisselantes. Tu as fait une promesse à ma mère ! Des mensonges ! Des
mensonges ! Et tu nous obliges à fuir comme des crapauds !
    — Je
te veux reine et je te veux en vie.
    — Je
ne serai jamais reine, j’aurais trop honte ! Mon père est un lâche. Je te
déteste.
    Akébo était
désemparé. Il savait qu’il ne trouverait jamais les mots pour convaincre Makéda
qu’il prenait la bonne décision. Il dit seulement :
    — Nous
reviendrons et nous accomplirons notre promesse. Bilqîs ta mère sera aux côtés
d’Almaqah.
    — Je
ne te crois plus. Tu ne tueras pas le taureau. Himyam
s’en mêla, Kirisha supplia. Rien n’y faisait.
    Makéda
tempêtait et déchirait tous les vêtements qu’on lui tendait, filant dans les
pièces pour qu’on ne l’attrape pas. Elle retardait tant la fuite que le ciel
blanchissait à l’est.
    — Une
reine doit savoir être patiente, gronda Akébo sans plus de calme. Rien ne
compte plus au monde que toi et les promesses que je te fais. Elles sont
inscrites dans le ciel d’Almaqah comme dans mon cœur. Si tu ne sais le voir,
c’est toi qui n’es plus digne de ton père.
    La voix
d’Akébo contenait la rage et la puissance des ordres précédant les combats.
Makéda en parut ébranlée. Elle sécha ses yeux avec une grimace de dégoût et
s’enfuit à nouveau dans les couloirs. Personne ne put la retenir avant qu’elle
se précipite sur la grande terrasse. Elle se jeta dans l’alcôve où elle avait
tant admiré la maquette du temple nouveau et renversa l’ouvrage de terre cuite.
Devant les serviteurs et Kirisha elle le brisa et le piétina.
    Lorsque
Akébo la rejoignit, elle leva la main. Elle tenait l’effigie de bronze du
taureau.
    — Je
le garderai toujours avec moi, lança-t-elle. Je n’oublierai jamais.
    Quand la
course silencieuse des chameaux fut enfin lâchée dans le défilé du Jabal Balaq,
le ciel était blanc. Des clameurs résonnaient dans Maryab.
    Au pied
des collines, l’enceinte énorme du temple de Bilqîs ressemblait à la carapace
d’un monstre encore assoupi, indifférent au sort des hommes.
     

Deuxième partie
     

1
Axoum
    Il
commençait à pleuvoir. La nuit n’était pas loin. Accroupie sur le rebord d’une
fenêtre, Makéda observait le soir tomber sur l’immense plaine d’Axoum, à peine
ponctuée de quelques collines.
    Le jardin
que cernaient les longs murs de l’enceinte bruissait du frappement des gouttes
sur le feuillage. Makéda ferma les paupières pour mieux entendre. Une brise
fraîche soufflait avec l’humidité. Elle serra sa tunique sur sa poitrine,
balançant doucement le buste comme si elle percevait un rythme dans la rumeur
de la pluie. Elle rouvrit les yeux, contempla quelques secondes les rouleaux de
nuages charbonneux. Le chant glissa entre ses lèvres telle une plainte.
     
    Regarde,
regarde, mon ami, l’hiver est fini, la pluie qui
vient n’est plus celle d’hier.
    Oh
viens, temps des fleurs, des chansons qui dansent comme des fumées, amours des tourterelles.
    Oh
viens, première figue du figuier, sucre de mon souvenir du pays de myrrhe et
des longues pluies de l’hiver.
     
    Quand elle
se tut, un rai de soleil crépusculaire jaillit loin à l’horizon, souligna les
crêtes des montagnes et enflamma de pourpre le ventre des nuages. À deux lieues
du palais, les hautes façades de la ville dessinaient une marqueterie d’ocre et
de blanc devant l’obscurité menaçante. Quelques instants, les champs et les
forêts brillèrent d’un éclat violent. Sur les pentes de collines proches, dans
la terre noircie des parcelles défrichées,

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