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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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venir cet étranger et nos
scribes. Que l’on voie s’ils peuvent s’entendre.
    Les
scribes, Elihoreph le père et A’hia le fils, parurent d’abord. Le père et le
fils ne se ressemblaient guère.
    Vêtu d’une
longue tunique de belle qualité, sobrement brodée au col, Elihoreph paraissait
du même âge avancé et incertain qu’Himyam. Sa barbe magnifique semblait pouvoir
atteindre ses genoux avant sa mort. Sa peau était d’une pâleur excessive. Pour
les gens de Saba, aux chairs si magnifiquement sombres, elle laissait craindre
qu’il ne soit déjà devenu à demi un fantôme. Mais son regard démentait cette
transparence. L’intelligence y brillait avec vigueur. On y devinait une volonté
sans rapport avec le corps chétif qui l’abritait.
    A’hia
semblait tout son contraire : rond, alerte, les traits enfantins et doux,
la bouche rieuse et le teint d’un rose soutenu. Ses cheveux étaient si courts
qu’ils laissaient à découvert la peau du crâne, tout aussi rose que ses joues
et protégée d’un bonnet brodé avec beaucoup de soin. Néanmoins, le regard de
son père vivait dans ses yeux, son sourire possédait même quelque chose de
téméraire.
    Impressionnés
de se trouver devant le repas de leur maître, ils n’osèrent lever les yeux que
quand on le leur ordonna. Akébo fit signe aux servantes de leur donner à boire,
ainsi que des écuelles de purée agrémentée de jus de viande.
    Pendant
que les scribes se restauraient, debout et embarrassés des regards posés sur
eux, Akébo joua un peu avec les dagues aux longues lames de fer qu’on avait
disposées devant lui. Soudain, il empoigna un manche, leva l’arme et frappa la
table d’un coup sec, comme s’il voulait la poignarder.
    Tout le
monde sursauta. Le silence se fit. La pointe de la lame avait pénétré le bois
d’au moins un pouce. » Elle vibrait, diffusant un son sourd tandis que son
manche oscillait à peine.
    Akébo
hocha la tête, approbateur. Il considéra les scribes.
    — Mon
frère Myangabo vous a donné à traduire une lettre d’un roi du Nord. L’étranger
qui portait cette lettre va venir devant moi. Je veux savoir tout de lui. Mais
si un seul des mots qui passeront sa bouche quitte cette terrasse, cette belle
lame vous tranchera la langue avant le cou.
    Les
paupières des deux Hébreux frémirent. Leur murmure d’obéissance s’étouffa dans
le bruit que faisaient les gardes parvenant sur la terrasse. Ils poussaient
devant eux le naufragé.
    On l’avait
vêtu de neuf. La bonne nourriture avait effacé l’épuisement du naufrage malgré
l’inconfort du voyage en chameau, auquel il n’avait pas paru habitué.
    Sans
marquer une hésitation, il vint s’incliner devant Makéda avec tout le respect
qu’il pouvait montrer avant de tourner les yeux vers Tan’Amar. Ce faisant, il
découvrit la dague enfoncée dans la table et, derrière, la stature majestueuse
d’Akébo. Il ne lui en fallut pas plus pour comprendre qui était le maître de ce
repas.
    Avec
empressement, marmonnant des sons incompréhensibles, il s’inclina devant Akébo.
    Mais dans
son dos, déjà oublieux de leur peur, les deux scribes semblèrent transportés à
sa seule vue. Une violente émotion bouleversait les traits du jeune A’hia et
laissait béante la bouche de son père.
    D’une voix
à peine audible, A’hia prononça quelques mots. Stupéfait, l’étranger leur fit
face, découvrit le père et le fils. Une exclamation fusa d’un côté, une salve
de paroles jaillit de l’autre. L’étranger ouvrit ses bras en grand.
    En un
instant, avant que le mesuré Elihoreph ne puisse le retenir ou le mettre en
garde, A’hia embrassait le naufragé avec des gloussements de bonheur.
Sautillant sur place dans une danse qui faisait voler le bas de leurs tuniques,
sans plus de conscience d’où ils se trouvaient et devant qui, ils cherchèrent à
enlacer Elihoreph dans leurs transports de joie.
    Emporté
par ces effusions, le vieux scribe jeta des coups d’œil suppliants vers Akébo.
Les larmes aux yeux, l’étranger le pétrissait contre sa poitrine, l’embrassait
avec autant de fougue que s’il eut retrouvé son père après avoir traversé le
néant d’Almaqah.
    Toute
cette exaltation fit lever d’abord les sourcils d’Akébo. Enfin, un rire énorme
le secoua. Un rire qui embrasa la compagnie, Myangabo le premier, aux éclats
sonores et entraînants. Les servantes y allèrent de leurs gloussements aigus.
Chacun s’esclaffait,

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