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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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pensées.
    Il savait
qu’il en irait ainsi jusqu’à ce qu’il la tienne dans ses bras. Qu’il goûte la
peau de la reine du Midi. Que ses baisers arpentent son corps noir en une nuit
hors du temps où le désir consumerait le vieux Salomon. Qu’il s’offre à sa source.
    Mais son
désir devait s’engendrer dans la patience. Et le savoir.
    Elle
n’appartenait pas à celles qui plient sous un regard ou qui s’éblouissent
d’être caressées par la paume du pouvoir. Elle était neuve pour lui comme pour
la multitude des hommes. Qu’il fût roi ou qu’il ne fût rien.
    Elle était
une énigme que Yahvé envoyait à son côté. On la brisait ou on en découvrait la
clef.
    Quand ils
furent dans le palais, il l’observa alors que la splendeur du cèdre, du marbre
et des airains brillait dans le reflet des lampes autour d’elle. Ses servantes
et toute sa suite s’exclamaient. Malgré l’obscurité, il lui fit traverser les
patios, un peu du jardin où les oiseaux se tenaient cois. Elle regardait avec
patience et politesse.
    Il donna
l’ordre qu’on les laisse seuls.
    — Permets
que je te conduise moi-même à tes appartements.
    Elle
écarta avec douceur le jeune et beau guerrier qui la couvait comme un lion. Ce
Tamrin qui était venu lui apporter sa lettre quatre saisons plus tôt et qui,
maintenant, avait décidé qu’il le tuerait, lui, Salomon, si jamais il
conduisait la reine de Saba au malheur.
    Comme il
s’y attendait, Natan et Tsadok se tenaient dans le grand vestibule. Soulagés
par la tête de Benayayou dans la poussière, terrifiés par la beauté aux seins
dansant sous l’or qui approchait.
    D’un coup
d’œil, Salomon les contraignit à s’incliner. Mais elle les sidéra en ouvrant la
bouche et en leur offrant un salut en hébreu :
    — Je
sais que vous craignez les femmes païennes sur le sol de vos pères. Mais j’ai
lu et longuement appris votre langue sur un rouleau de mémoire que possède un
scribe de Saba qui est de votre peuple. Il raconte le temps depuis que votre
dieu unique a fait entendre sa voix à Abraham. On y parle de Moïse et de ses
déceptions. On y blâme les épouses en un flot de mots. Soyez sans crainte. Je
ne viens pas sur le sol de Canaan pour être épouse et j’ai demandé à mes
prêtres d’éteindre nos feux. Et quand je saurai si votre roi, Salomon, mérite
les louanges qu’on tresse pour lui, je repartirai. Ensuite, nous échangerons
notre or et nos encens contre votre science du fer. Pharaon n’est pas notre
ami, et je ne craindrai pas sa colère s’il vous trouve très puissants en face
de lui.
    Tsadok et
Natan demeurèrent sans réponse. Ils s’inclinèrent, marmonnèrent une politesse.
Ils la scrutèrent. Elle les laissa faire. Ils découvraient enfin sa beauté.
    Quand le
roi l’entraîna plus loin dans le vestibule, ils arrivèrent devant le faux
bassin d’eau inventé par le Phénicien. Elle s’avança et s’y trompa.
    Elle
souleva sa tunique, s’apprêtant à poser le pied dans l’eau et ne trouvant que
le sol de gemme cristalline. Il découvrit la finesse de sa cheville, la grâce
de son mollet. Il rit pour masquer le désir qu’il avait de la toucher. Il
expliqua :
    — Ce
n’est qu’une illusion. On raconte que certains de nos pères croyaient que la
grande beauté ne pouvait être une vérité humaine. Que les démons se cachaient
sous cette apparence. Ainsi, si tu étais un démon, je l’aurais vu en découvrant
d’affreux sabots de bouc à la place de tes chevilles.
    Elle
rétorqua :
    — Est-ce
cela que tu crains ? Que tout ne soit qu’illusion ? Ne crois-tu pas
aux paroles de ton dieu ?
    Il en fut
ébranlé autant que si elle avait enfoncé ses doigts fins et tendres dans sa
poitrine. Il sentit le poids trop lourd de sa voix quand il lui proposa :
    — J’ai
entendu ce que tu viens de dire à Natan et à Tsadok. Tu as raison. Voici ce que
je peux t’offrir. Demain, tu seras libre de questionner ma sagesse et d’en
conclure ce que ta raison décidera. En retour, tu dois me promettre de ne rien
prendre dans ce palais qui me deviendra irrémédiablement perdu. Sinon, tu
devras m’accorder le baiser de ta bouche.
    Elle
répondit d’un sourire qu’il emporta jusque dans son sommeil.
    Elle avait
passé une nuit douce dans le confort du palais, l’abondance des serviteurs.
Elle était en paix pour la première fois depuis qu’elle avait posé le pied à
Ezion-Guézert. Demain serait le jour que les dieux,

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