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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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réveillait et l’imaginait dans un combat. Trop lent,
trop vieux. Elle se reprochait ces pensées, cherchait le sommeil. Découvrait
que les servantes, autour d’elle, étaient éveillées.
    Elle avait
songé : « J’attendrai jusqu’au milieu du jour et, s’il n’est pas là,
je repartirai pour le port d’Ezion-Guézert. Ou j’irai tout de même jusqu’à
Jérusalem. J’irai vers les prêtres du temple et nous ferons un pacte d’or et de
fer. N’est-ce pas pour cela que je suis venue ? »
    Elle
doutait des raisons qui l’avaient poussée dans ce désert. La voix de Kirisha
lui paraissait lointaine et effacée.
    Elle
imaginait les comploteurs qui affrontaient Salomon, seul. Elle songeait qu’avec
Tan’Amar elle aurait pu lui porter aide.
    Elle se
trouvait ridicule et enfantine : « Tu songes à Salomon, venu jusqu’à
toi accompagné de cent chars et reparti dans sa splendeur ! »
    Elle se
disait : « Je lui ai parlé durement. »
    Puis elle
changeait d’esprit, comme le peuple de Jérusalem, et songeait :
« Qu’importent les paroles de la reine de Saba au roi aux mille épouses,
imbu de lui-même et qui va, dans son âge tardif, sur le coussin de son ancienne
sagesse tel un vieux pâtre sur son âne ? »
    Elle
l’avait seulement rendu curieux. Sa présence l’avait distrait un court moment.
Grâce à elle, il avait diverti en même temps les comploteurs. Il les avait détournés
de la prudence afin de régler ses affaires plus facilement. Il l’avait
transformée, elle, la reine de Saba, en un piège.
    Salomon
avait été rusé avant d’être sage.
    Elle ne
sut pas comment elle comprit qu’il approchait. Elle quitta sa couche, appela
les servantes pour se vêtir et se coiffer. Elle fut dehors en un instant,
réclama sa chamelle, fit le tour du camp dans la toute première lueur de
l’aube, feignant d’inspecter sa garde.
    Les
soldats de Salomon étaient toujours là, accroupis, abrutis par la veille et
indifférents derrière leurs hauts boucliers dont le sceau se discernait à
peine. Elle exigea la présence de Tamrin. Le regard de son jeune officier lui
réchauffa la poitrine.
    — Ne
quitte pas l’entrée du camp. Regarde vers le nord. Viens me prévenir sous ma
tente si tu vois approcher une troupe.
    Elle n’eut
pas longtemps à attendre.
    Son char
n’était pas parvenu à la double rangée des gardes endormis, les trompes
sonnaient encore lorsqu’il la vit se précipiter hors de sa tente. Elle courut
dans sa direction avant de se raviser. Il sourit de la voir se reprendre ainsi,
comme si elle voulait effacer ce mouvement d’impatience.
    Il donna
un ordre, son char se mit au pas. Il voulait prendre le temps de l’approcher.
Voir son visage de l’aube, maintenant que le soleil passait la ligne d’horizon.
    Elle
n’avait plus rien de cette raideur de la veille. Ses yeux ne l’évitaient pas,
ne l’affrontaient pas non plus. Elle portait, recouvrant sa poitrine, le même
collier d’or.
    Plus près,
il fut d’abord sidéré à nouveau par sa beauté avant de se rendre compte que le
regard de la reine du Midi était d’une autre trempe, possédait autre chose.
    Il n’avait
pas de mot pour dénommer cette chose.
    Mais il
comprit que le Tout-Puissant l’exauçait. Voilà qu’il lui envoyait l’âme et le
corps qui allaient le purifier.
    La
fontaine qui allait le laver de cette nuit de sang, de haine, de pauvreté de la
puissance des hommes.
    Avant que
le char s’immobilisât, avant de poser les pieds au sol, lui qui depuis si
longtemps ne s’était plus plié au pouvoir des mots, en fut submergé.
    Voilà
ma source, voilà ma vigne ! Onde des jardins cascade du Liban, ta source
est close, pour moi s’ouvre dans tes yeux un
jardin de miel et de lait où le sang devient translucide.
    Un
torrent de baume qui sent le cinnamome.
    Il fut sur
le point de les prononcer à haute voix, mais se retint. Voilà qu’elle reprenait
sa mine sérieuse alors qu’il se dressait devant elle. Il vit les cernes de
l’attente qui avait gonflé la peau si fine et si tendre au-dessus de ses yeux.
    Il se tint
à distance, ce qui l’empêcha de respirer son parfum. Il songea que son arme la
plus sûre serait la patience. Il sourit, déclara :
    — Je
tiens ma promesse, puissante reine. Ma litière va bientôt arriver derrière moi.
Je vais te conduire dans mon palais de Jérusalem. Tu pourras y prendre tout le
repos que ton voyage réclame.
    Elle
acquiesça simplement, d’un

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