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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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que la foule se dissipait. Les mêmes groupes animés qu’ils avaient vus arriver tous les matins s’en allaient en poussant force cris de joie. Et cette immense joie de Paris était quelque chose de terrible à voir et à entendre. C’était la revanche des longues années de terreur, c’était la haine accumulée pendant vingt ans qui faisait explosion.
    Enguerrand de Marigny, convaincu de forfaiture et dilapidation, était condamné à mort ! La sentence portait qu’il serait exécuté dans le délai de trois jours pendant lesquels le condamné devait prier dans la chapelle du Temple et faire amende honorable. Après quoi, l’ancien favori de Philippe le Bel, le ministre tout-puissant de Louis X, devait être conduit aux fourches de Montfaucon pour y être pendu par maître Capeluche, exécuteur des hautes œuvres.
    « Bon ! pensa Buridan, j’ai trois jours… je le sauverai ! »
    Il attendit la nuit. Les abords de la Courtille-aux-Roses avaient repris leur aspect de lugubre solitude. Les Parisiens, sûrs désormais d’être vengés, étaient rentrés dans Paris où ils attendaient avec impatience le matin de fête où ils verraient enfin se balancer au bout d’une corde l’homme qui, si longtemps, les avait terrorisés.
    Alors, Buridan expliqua à ses amis qu’il allait se rendre au Temple et parler à Valois.
    Il embrassa ses compagnons l’un après l’autre et s’éloigna.
    « C’est fini ! sanglota Guillaume, nous ne le verrons plus !…
    – Qui sait ? » murmura Bigorne qui venait de réfléchir profondément à cette aventure et dont les réflexions avaient peut-être modifié la conviction.
    Buridan s’avançait d’un pas ferme vers le Temple dont la sombre silhouette se voyait de la Courtille.
    Arrivé à quelques pas de la grande porte, Buridan appela.
    « Qui va là ? cria la sentinelle, de l’autre côté du pont-levis.
    – De par le roi ! » répondit Buridan.
    Le pont-levis s’abaissa. Le chef de poste vint, accompagné de plusieurs archers, reconnaître celui qui venait au nom du roi. Buridan, sans un mot, déplia l’un des deux parchemins qu’il avait enlevés à Stragildo. L’officier le lut à la lueur d’une torche que portait un soldat, et, le rendant à Buridan :
    « C’est bien. Vous pouvez entrer. Où dois-je vous faire conduire ?
    – Chez le gouverneur du Temple. »
    Étant entré, Buridan se trouva en présence d’un homme d’armes tout bardé de fer et armé jusqu’aux dents. Comme il avait fait pour l’officier, Buridan exhiba son parchemin. Le soldat ne savait pas lire, mais le sceau royal suffisait.
    « Il faut que je parle à ton maître sur-le-champ, de la part du roi », fit Buridan.
    L’homme s’éloigna et alla dire quelques mots à un autre homme qui veillait dans la pièce voisine.
    Au bout d’un quart d’heure, une sorte de valet de chambre, qui remplaçait Simon Malingre, vint le chercher, et, de pièce en pièce, le conduisit jusqu’à une salle où Buridan aperçut le comte de Valois assis dans un fauteuil, près d’une table, écrivant et souriant.
    Ce que Valois écrivait à ce moment, c’était le détail de l’exécution de Marigny. Il n’avait pas voulu laisser à d’autres le soin de régler la cérémonie…
    Buridan s’était arrêté à deux pas du fauteuil, silencieux et pâle. Il attendait. Son attitude, étrangement paisible, n’avait rien de menaçant…
    « Qu’avez-vous à me dire ? » demanda Valois sans lever les yeux.
    Et, continuant de sourire, il terminait à ce moment la phrase commencée :
    « Après quoi, le maître des hautes œuvres, lui passera la hart au col, de manière que… »
    Dans cet instant, Valois, étonné que l’envoyé du roi n’eût pas répondu à sa question, leva les yeux et vit Buridan.
    Tout d’abord, la stupeur et l’épouvante le paralysèrent. Un flot de sang monta à son front, sa main trembla. Puis, grondant une sourde imprécation, il allongea le bras vers le marteau qui lui servait pour appeler.
    « Monseigneur, dit Buridan d’une voix calme, vous pouvez appeler et me faire jeter dans un cachot, ou me faire tuer même ; cela vous sera facile ; mais je vous préviens que, si je meurs, vous êtes perdu, vous, sans que rien puisse vous sauver. Il vaut mieux pour vous que vous m’écoutiez tranquillement, d’autant que j’aurai vite fait… »
    Valois n’appela pas.
    « Soit ! dit-il, je vous entendrai. Vous dites que vous venez de la part du

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