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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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barricader la rue Saint-Sauveur et la rue aux Piètres ; c’étaient de fortes barricades composées de poutres, de charrettes renversées, de sacs remplis de terre ; cela formait d’épaisses murailles impossibles à franchir et difficiles à démolir au moment de la mêlée. La rue des Francs-Archers, au contraire, avait été laissée libre. Seulement, ce passage était occupé par une troupe compacte, choisie parmi tout ce qu’il y avait de plus obstiné en truanderie.
    De puissantes rumeurs montaient de la Cour des Miracles. Les truands, divisés en trois compagnies, se massaient à la barricade Saint-Sauveur, et à la barricade aux Piètres. La troisième troupe, moins nombreuse, s’avançait dans la rue des Francs-Archers.
    Une effroyable clameur s’éleva du côté de la rue aux Piètres, puis, presque aussitôt, du côté de la rue Saint-Sauveur : les archers venaient de se lancer à l’assaut des deux barricades…
    Alors une femme s’élança, une ribaude dépoitraillée, la robe retroussée, les bras nus, brandissant une hache. Derrière elle, deux, trois, dix femmes se ruèrent et, derrière les femmes, les truands, avec d’inimaginables imprécations.
    En sorte que des deux côtés de la barricade, des gens grimpaient, se hissaient, retombaient, se relevaient pour s’élancer encore. Et bientôt ce fut sur le sommet de la barricade que se déchaînèrent les clameurs : archers contre truands, hommes, femmes mêlés ; les coups de masse pleuvaient et retentissaient étrangement sur les cuirasses et les casques, les haches jetaient au soleil des éclairs livides, et là, dans ce grouillement terrible de corps enlacés, d’armes entrechoquées, de plaintes, de vociférations, un homme, debout parmi les cadavres, rudement campé sur ses jambes, cet homme sans armes, ayant jeté sa rapière, apparaissait comme une fantastique silhouette de cauchemar. D’un mouvement uniforme, sans hâte, avec des gestes précis, Guillaume Bourrasque empoignait l’un après l’autre les archers rués à l’escalade. Un instant, on le voyait soulever l’homme dans ses bras, puis l’homme, avec un cri étouffé, décrivait une courbe dans l’espace et venait s’écraser au pied de la barricade.
    Un silence pesa sur la rue Saint-Sauveur.
    Sur la barricade, il n’y avait plus personne que Guillaume et Riquet.
    Mais, à ce moment, une clameur, trouant les mille clameurs de la Cour des Miracles, s’élevait dans la rue des Francs-Archers.
    Guillaume et Riquet s’élancèrent de ce côté : les truands, refoulés par les troupes de Marigny, reculaient en désordre.
    Bourrasque et Haudryot se ruèrent en criant :
    « À la rescousse ! Mort au guet !…
    – Où allez-vous, compères ? » fit un homme en se plantant devant eux.
    C’était Bigorne.
    « Tu ne vois pas que les nôtres reculent.
    – Bah ! fit Bigorne, clignant de l’œil, laissez reculer !… »
    Que se passait-il dans la rue des Francs-Archers ? Là, Marigny avait porté le gros de ses forces, non seulement parce qu’il n’y avait pas de barricade, mais parce que la rue plus large permettait de s’avancer en masse. Le premier ministre commandait en personne. Derrière les bandes d’archers disposées pour marcher l’une derrière l’autre, en face du logis de Marigny, le roi, hissé sur un tonneau, assistait de loin à la bataille et trépignait d’enthousiasme. Près de lui se trouvait Valois, qui venait de le rejoindre et de lui annoncer que la barricade de Saint-Sauveur était imprenable. En même temps, arrivait Châtillon qui, lui, disait que cinquante de ses hommes venaient d’être mis hors de combat devant la barricade aux Piètres.
    De ces nobles seigneurs, aucun n’avait tiré l’épée, aucun n’avait pris la masse d’armes ou la hache ; quelques-uns tenaient un simple poignard à la main ; d’autres, une courte dague ; aucun d’eux ne portait l’arme de guerre.
    En tête de tous, marchait Marigny.
    Il était sombre et ses regards flamboyaient, pareils dans ce visage à des éclairs sortant d’une nuée noire.
    À la main, il tenait un fouet à chiens : c’était son arme.
    Derrière lui, un triple et quadruple rang de seigneurs, silencieux, méprisants.
    Derrière les seigneurs – la fleur de la cour de Louis Hutin –, les archers, piquiers, hallebardiers, en masses profondes qui hurlaient et s’excitaient à la grande tuerie.
    Marigny, tout à coup, arriva sur les premiers rangs de truands et

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