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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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prononçant l’éloge des deux gentilshommes, le temps s’écoulait. Tout à coup, la porte s’ouvrit et un homme, un truand, entra en disant :
    « Capitaine Buridan, nous vous amenons une prise.
    – Fais entrer ta prise », dit Buridan d’une voix sombre.
    À ce moment, un homme entrait entre deux truands qui, sur un geste du capitaine, se retirèrent, non sans avoir jeté un coup d’œil émerveillé sur la table.
    « Qui es-tu ? demanda Buridan à l’homme.
    – Je m’appelle Tristan et je suis un serviteur fidèle de Mgr Enguerrand de Marigny. »
    À ces mots, Buridan se leva, frémissant ; Guillaume et Riquet sautèrent sur leurs épées qu’ils avaient débouclées pour se mettre à table.
    « Et tu viens sans doute de la part de ton maître ? Mgr de Marigny, n’osant plus venir lui-même me dicter ses volontés, envoie maintenant ses fidèles serviteurs : il court ainsi moins de risques. Eh bien, parle ! qu’as-tu à me dire ?
    – Mon noble maître, Mgr Enguerrand de Marigny, a été arrêté et conduit au Temple.
    – Arrêté ! s’écrièrent d’une voix les quatre compagnons.
    – Oui, reprit Tristan, le sire de Marigny a été arrêté, c’est-à-dire qu’il succombe enfin à la haine du comte de Valois. Cet homme était trop grand pour notre époque. »
    Buridan avait d’abord écouté avec stupeur ces paroles du fidèle serviteur d’Enguerrand de Marigny. Une sorte de colère bouillonnait en lui.
    « Et pourquoi venir me raconter cela ?
    – Parce que, répondit Tristan, vous êtes le fiancé de la fille de l’homme qu’on vient d’arrêter. Vous êtes presque de la famille, messire Buridan ; voulez-vous donc que j’aille trouver la noble demoiselle et que je lui dise : « Votre père est arrêté, votre père va être conduit aux Fourches ou traîné à l’échafaud ; j’ai voulu le dire à celui que vous appelez votre fiancé, mais Jean Buridan a refusé de m’écouter ? »
    Un silence d’étonnement s’était fait dans la salle, tout à l’heure si joyeuse. Ni Bourrasque, ni Haudryot, ni Bigorne n’avaient envie de lancer une de leurs plaisanteries ordinaires ; ils sentaient que quelque chose de grand et de beau se passait sous leurs yeux. L’attitude du vieux serviteur n’était ni solennelle ni douloureuse.
    « Jean Buridan, fit celui-ci, je suis venu ici chercher du secours. Dois-je m’en aller ? Dois-je rester ? »
    Buridan hésita un instant, puis, redressant la tête, tout pâle, il répondit :
    « Restez ! »
    Tristan poussa un soupir de soulagement.
    « Puisque je reste, c’est que je puis dire ce que j’ai à dire. Messire Buridan, il faut que je vous parle en secret. »
    Buridan fit signe au vieillard de le suivre et tous deux montèrent au premier étage du logis. L’entretien fut très long, car ce fut seulement à l’aube que Tristan quitta la Cour des Miracles. Et alors Buridan, rassemblant ses compagnons, eut avec eux un conciliabule dont nous verrons les suites dans un prochain chapitre.

XXV
 
LE RENDEZ-VOUS
    Ce matin-là, il y avait une grande animation au Louvre où les seigneurs, chevaliers, courtisans de toute espèce étaient accourus. La nouvelle de l’arrestation d’Enguerrand de Marigny avait retenti dans Paris comme un coup de tonnerre.
    Au Louvre, Valois rayonnait, accueillait avec un sourire la foule des courtisans qui, la veille encore, n’eussent pas osé, devant Marigny, lui faire bonne figure. Valois ne se lassait pas de promettre. Il y eut des marchandages et des discussions. Tel seigneur, qui avait obtenu une abbaye et qui réfléchissait ensuite qu’elle ne lui conviendrait pas, cherchait à faire un marché avec tel autre seigneur dont il convoitait la prébende. Il y eut des cris, des disputes, des jurons. Le royaume était mis au pillage. On se partageait les postes, les honneurs, surtout l’argent, on se partageait la France.
    « Place au roi ! » annonça la voix d’un huissier.
    Un grand silence tomba sur cette cohue, qui s’ouvrit, se fendit en deux groupes entre lesquels Louis Hutin s’avança, tandis que Valois courait à sa rencontre.
    Comme s’il eût été emporté par l’enthousiasme, le comte saisit le roi dans ses bras et l’embrassa en criant.
    « Sire, vous voilà donc délivré !
    – Vive le roi ! cria la foule des courtisans dans une clameur d’autant plus délirante que le roi seul pouvait sanctionner toutes les promesses faites par Valois.
    – Oui,

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