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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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l’hôtel, ainsi que Valois.
    Jean de Précy s’approcha en tremblant du terrible ministre, qui le regardait venir d’un visage calme et sévère.
    « Monseigneur, dit le prévôt en se courbant profondément, je viens du Louvre. Le roi, qui n’a pu vous recevoir tout à l’heure, m’a commandé de courir après vous et de vous dire qu’il vous attend sur l’heure. »
    Un sourire de mépris glissa sur les lèvres de Marigny.
    « C’est bien, je vous précède ; suivez-moi ! »
    À ce moment, les portes latérales de la grande salle d’armes s’ouvrirent et des deux côtés une foule de chevaliers, le poignard ou l’estramaçon au poing, firent irruption et se rangèrent autour d’Enguerrand de Marigny. Jean de Précy devint pâle comme un mort et ses deux hérauts s’effondrèrent.
    « Bataille ! Bataille ! crièrent les gens de Marigny.
    – Sus aux archers !
    – Marigny, à la rescousse ! »
    Enguerrand de Marigny fit un geste et le tumulte s’apaisa.
    « J’entends que l’on respecte ici les envoyés du roi ! cria-t-il d’une voix forte ; j’entends que chacun regagne son logis ou son corps de garde ! »
    Un silence terrible s’abattit sur cette assemblée. Alors, Marigny ajouta d’une voix plus douce :
    « Le reste ne regarde que le roi. Dieu et moi ! »
    Et il se mit en marche, suivi du prévôt et des deux hérauts, plus morts que vifs.
    Dans la cour de l’hôtel, il monta à cheval et franchit le pont-levis.
    Au même instant, il se trouva entouré, enveloppé, serré de toutes parts ; deux hommes saisirent la bride de son cheval et la troupe entière se mit en route sans que Marigny eût prononcé un seul mot.
    Peu après, la troupe s’arrêtait devant la sombre masse du Temple. Alors, les gens qui entouraient Marigny s’écartèrent et se placèrent en cercle autour de lui Marigny mit pied à terre.
    Jean de Précy l’imita.
    Et, parmi les hommes d’armes, il y eut aussi quelqu’un qui mit pied à terre.
    Ce quelqu’un s’avança dans le cercle et prononça :
    « Enguerrand de Marigny, tu es accusé de félonie, dilapidation et forfaiture…
    – Valois ! rugit Marigny. Malheur à moi qui ai pu oublier un instant qu’il y avait au monde un Valois ! Misérable ! que ne t’es-tu montré tout à l’heure ! tu ne serais pas sorti vivant de mon hôtel.
    – Enguerrand de Marigny, continua Valois d’une voix frémissante de joie, au nom du roi, je t’arrête !
    – Et moi, je te soufflette ! »
    En même temps, d’un geste foudroyant, la main de Marigny se leva et, à toute volée, s’abattit sur le visage de Valois qui chancela, recula de plusieurs pas et hurla :
    « Il y a rébellion ! À mort, le rebelle ! »
    Dans le même instant, Marigny fut entouré.
    Mais sans doute, dans cette minute tragique, apparut-il à ces gens plus formidable qu’il n’avait jamais été, car pas un poignard ne se leva sur lui.
    De lui-même et sans que personne le touchât, il marcha au pont-levis, qu’il franchit.
    Quelques instants plus tard, Enguerrand de Marigny, premier ministre de Louis X, était enfermé dans un cachot des souterrains du Temple.

XXIII
 
LA MÉMOIRE D’ANNE DE DRAMANS
    Il y avait un homme qui avait assisté à l’arrestation d’Enguerrand de Marigny, et c’était ce serviteur dévoué que jusqu’ici nous n’avons fait qu’entrevoir.
    Tristan avait suivi la troupe commandée par Valois et au milieu de laquelle le premier ministre s’était placé de lui-même. Tristan avait vu son maître pénétrer dans la sombre forteresse et il s’était dit : « Il est perdu. »
    Jusqu’au matin, Tristan rôda autour de l’ancien manoir des Templiers avec le vague espoir que peut-être il s’était trompé et qu’il allait voir reparaître Marigny.
    Ce fut vers le matin seulement qu’il se décida à s’en aller. Il se dirigea vers l’hôtel de la rue Saint-Martin en combinant dans sa tête toutes sortes de plans destinés à sauver son maître, mais qu’il rejetait l’un après l’autre.
    Comme il arrivait devant l’hôtel, il vit qu’une nombreuse troupe d’archers stationnait à la porte.
    Tristan fendit le flot des soldats, qui le repoussèrent brutalement. Mais un officier le vit, le reconnut sans doute et ajouta :
    « Entrer, oui. Quant à sortir, ce sera une autre affaire. »
    Tristan monta jusqu’à son appartement, qui était contigu à celui d’Enguerrand de Marigny.
    Les deux sergents entrèrent

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