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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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colline de Montmartre, où ils sont sûrs de s’emparer de Buridan et de ses compagnons, et le lecteur voudra bien, avec nous, descendre dans ces souterrains du Temple où nous avons eu l’occasion de pénétrer à la suite de la reine Marguerite de Bourgogne.
    Pour cela, il nous faut revenir à la minute où Gautier d’Aulnay fut saisi, après l’avortement de l’audacieuse tentative imaginée par Lancelot Bigorne pour délivrer le malheureux Philippe.
    Gautier, donc, avait été subitement entouré par une vingtaine d’hommes d’armes et geôliers, et, ramassé sur lui-même, le cou dans les épaules, pendant quelques secondes, il parvint à se couvrir par un moulinet de sa rapière.
    En cette misérable circonstance, la rapière de Gautier se conduisit raisonnablement : témoins les six assaillants qui passèrent de vie à trépas.
    « Tête et ventre ! rugissait ce bon Gautier pour toute oraison funèbre. En voilà un d’étripé ! Un autre de pourfendu ! Oh ! ce crâne qui s’ouvre ! Bon ! Et toi, mon brave ? Pan ! En plein dans la gorge ! Qui en veut ? Ah ! truands ! Ah ! garçons du diable ! Ah ! je…
    Il n’eut pas le temps d’en dire plus…
    La bande entière se ruant sur lui, il se trouva enveloppé de vingt étreintes qui ne faisaient qu’une formidable étreinte ; il tomba sous la masse, aveuglé par le sang, étourdi par les coups assenés comme grêle sur son crâne.
    Ce fut ainsi que le brave Gautier succomba ; il fut alors soulevé, emporté tout pantelant, descendu dans les souterrains, et, sur l’ordre de Valois, jeté au fond d’un trou noir qui était un cachot.
    Dans la première heure, Gautier n’y vit goutte, d’abord parce que la nuit était profonde dans ce réduit, et ensuite parce qu’il était évanoui.
    Lorsqu’il revint à lui, au bout d’un temps qu’il n’eût su apprécier, il commença d’abord par se tâter sur tous les membres, et constata qu’il n’avait rien de brisé, qu’il n’était pas blessé, sauf quelques contusions à la tête.
    Au fond du silence, il perçut un sifflement de respiration oppressée.
    Il y avait sûrement quelqu’un ! Mais qui ? Mais quoi ? Gautier ne pouvait se faire aucune idée du compagnon qui se trouvait près de lui.
    « Homme ou bête, réponds ! » fit-il non sans commencer à éprouver une terreur superstitieuse.
    Un cri terrible lui échappa…
    Ce qu’il voyait, c’était un homme si pâle, si amaigri, si pitoyable, que tout d’abord il ne le reconnut pas. La bouche de l’homme était tordue par une sorte de rictus effrayant. Ses yeux sans expression, ses yeux sans vie étaient deux abîmes de douleur. Ses vêtements étaient en lambeaux. Des blessures à peine cicatrisées couturaient son visage.
    Cette malheureuse loque humaine, c’était tout ce qui restait du beau Philippe d’Aulnay.
    « Philippe ! » rugit Gautier en reconnaissant son frère.
    Les lèvres de Philippe se desserrèrent, et Gautier, avec la surhumaine horreur des cauchemars, vit que cette pauvre bouche n’était plus qu’un trou noir d’où la parole ne sortait plus, d’où ne fusaient que des bruits, des tronçons de bruits…
    « Dieu du ciel ! râla Gautier, ils lui ont arraché la langue !… »
    Une longue minute, il l’étudia, l’examina avec une intense attention… puis, brusquement, il le lâcha, et il eut un cri sourd d’épouvante…
    Il avait compris ! Cet être de jeunesse, d’amour, de beauté, Philippe d’Aulnay n’était plus qu’un corps sans âme…
    *
    * *
    Philippe était fou !…
    Ce furent des heures effrayantes pour Gautier, en tête-à-tête avec le fou, dans le sinistre cachot toujours éclairé par les lueurs du falot, comme si Valois eût voulu que le géant subît jusqu’au bout l’horreur de cette vision.
    Philippe ne bougeait pas dans son coin.
    Quel temps s’écoula ?
    Des heures ? ou des jours ? ou des semaines ?
    Gautier n’en eut aucune conscience.
    Il vécut, si cela peut s’appeler vivre, près du fou, qui, lentement, descendait à l’agonie.
    Un moment vint où Philippe ne se leva plus.
    Gautier, à genoux près de lui, soutenait sa tête, et, hagard, éperdu, assistait à cette mort lente, avec la terreur de devenir fou lui-même.
    *
    * *
    Il y eut un bruit de pas derrière la porte. Mais Gautier ne l’entendit pas…
    Bientôt la porte s’ouvrit. Une lumière plus vive inonda le cachot.
    Mais cette lumière, Gautier ne la vit pas.
    Dans le

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