Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
devant le cadavre de Philippe, devant les imprécations de Gautier, reculait.
    Il atteignit la porte et s’enfonça dans le sombre couloir, poursuivi par les rugissements qui montaient du cachot.

XXXIX
 
LA TOUR DU LOUVRE
    Louis remonta jusqu’à l’appartement du comte de Valois. Lorsque celui-ci vit entrer son neveu, il demeura un instant saisi d’une sorte de terreur au fond de laquelle il y avait peut-être un commencement de remords.
    Louis Hutin était à peine reconnaissable. Ses traits tirés, le teint plombé de son visage, son attitude affaissée, ses mains agitées d’un tremblement, tout indiquait que le roi avait reçu une de ces blessures dont les tempéraments violents comme le sien ne se relèvent pas.
    « Sire, vous ne pouvez oublier que nous avons dans les cachots du Temple un traître, rebelle, dilapideur des deniers royaux, prévaricateur et faux-monnayeur. Sire, c’est l’homme qui a voulu vous faire mourir…
    – Que n’a-t-il réussi ! murmura le roi. Je serais mort sans savoir…
    – C’est Marigny, Sire !… Ces papiers sont l’ordre de mise en accusation et en jugement ; il faut que la chose se fasse vite, il faut qu’un terrible exemple soit donné…
    – Marigny ?… bégaya Louis en passant ses mains de cire sur son front. C’est vrai. Donne !… »
    Et il signa…
    Valois, d’un œil ardent, suivit cette main qui était en train d’assassiner Marigny, et, quand ce fut fini, il saisit les parchemins d’un geste farouche, et il sortit.
    Louis Hutin demeura seul.
    Longtemps, il demeura à cette place, immobile, sans un geste, presque sans pensée. Seulement, de loin en loin, une grosse larme roulait sur ses joues.
    Vers le petit jour seulement il se leva, appela Valois, et, sans autre explication, sortit du Temple, et rejoignit son escorte, puis se mit en route vers le Louvre.
    On a vu que ce fut à ce moment que Stragildo put rejoindre lui-même le comte de Valois.
    Quant à Louis Hutin, il gagna son appartement sans prononcer une parole, s’enferma dans sa chambre, et, tout habillé, se jeta sur son lit où, presque aussitôt, il fut terrassé par un sommeil de plomb.
    Quand il se réveilla, le soir descendait sur Paris.
    Alors, il appela Hugues de Trencavel, et lui dit :
    « Escortez-moi à la Tour du Louvre… »
    C’est là que nous retrouvons la reine du pays de France.
    Une voix cria :
    « Place au roi !… »
    La porte s’ouvrit. Louis Hutin parut. D’un bond, Marguerite se mit debout et, la tête baissée, pantelante, composa son visage avec cette rapidité et cette science consommée qui faisaient d’elle la maîtresse absolue de ce jeune homme.
    Louis fit un geste : Juana sortit. Lui-même referma la porte. Il marcha vers la reine, s’arrêta à deux pas d’elle, et, doucement, murmura :
    « Me voici, Marguerite. Regarde-moi… »
    Louis hocha doucement la tête.
    « Je suis changé, n’est-ce pas ? » fit-il avec un sourire d’une infinie tristesse.
    Louis, à pas lents, marcha jusqu’à une table sur laquelle il déposa un flacon rempli d’un liquide clair comme de l’eau de roche.
    Puis, il alla à la fenêtre et tira les rideaux.
    Les rayons du soleil à son déclin inondèrent de lumière la chambre où se déroulait ce drame.
    Marguerite, d’un mouvement brusque, se tourna vers la fenêtre…
    Alors, une sorte de vertige s’empara d’elle. L’horreur de sa vie passée se déchaîna en rafales dans son esprit. Elle étendit le bras, agita la main comme pour conjurer un spectre et râla :
    « La Tour de Nesle !… »
    Un profond soupir gonfla la poitrine de Louis Hutin.
    Elle tomba à genoux et balbutia :
    « Fermez ces rideaux, Sire, je vous en supplie. Vous ne voyez donc pas ce que je souffre !… »
    Louis Hutin, penché sur cette figuration visible du regret et du remords, hocha lentement la tête, et il dit :
    « Voilà l’aveu. Oui, si j’avais besoin encore d’un aveu de ta bouche pour me convaincre, cet aveu, le voilà. La Tour de Nesle, Marguerite, c’est l’irrécusable témoin de mon malheur. Tu dis que tu souffres ? Moi, je ne souffre plus. Je crois que j’ai épuisé la souffrance… La Tour de Nesle !… C’est Gautier et Philippe d’Aulnay, cousus dans un sac et précipités dans la Seine… »
    Elle se courba davantage, comme écrasée.
    « Philippe est mort, Marguerite », continua le roi.
    Elle poussa un cri déchirant.
    Il continua, – peut-être sans avoir

Weitere Kostenlose Bücher